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 C H A P I T R E  LXXIX.  
 'Denari  de Venife  ù-  retour à la  Haie.  
 APrès  avoir  demeuré  à  Veni f e  '  
 un  peu  moins  de  huit  ans»  je  
 formai  le  deiTem  de  retourner  dans  
 mon  païs,  étant  las  d'en  être  fi  longtemps  
 éloigné,  &  d'avoir  tant  couru  
 de  tous  côtez.  Je  partis  donc  le  
 7.  d'Oa-obre  i6t)2.  pour  aller  à  
 Venife.  Jiua,  qui  eft  un  Bourg  dans  la  terre  
 ferme  à  environ  une  lieuë  de  Venif 
 e ,  d'où  j'allai  à  Padotië  où  jepaiTai  
 la  nuit.  Le  8.  j e v ins àVi c enc e ,  où  
 allant  vifiter  les  raretez  de  la  ville,  
 je  rencontrai  de  fort  belles  chofes  en  
 matière  de  peinture.  Il  paffeiciune  
 belle  Riviere.  En  fuite  j'allai  à  Verone  
 où  l'on  voit  audi  de  belles  pieces  
 de  l'Art.  Il  y  paffe  auiïï  une  riviere  
 très  belle,  qui  fournit  plufieurs  
 objets  agreables  à  la  vue.  De  là  on  
 paffe  la  riviere  ¿Wz f i ,  &  en  fuite  
 Ttiefa  qui  eft un  Fort  des  Vénitiens,  
 d'où  l'on  va  à  la  ville  de  Rodrego.  
 L e  If.  je  vins  à  T rente,qui  paroit  
 fort  agreable  à  la  vue  ,  parce  que  
 d'un  côté  elle  s'eleve  en  montagne,  
 aiTe  au  
 PadouB.  
 Vicenze.  
 Verone.  
 Tioefa.  
 Kodrego.  
 Trente.  
 liifptuck.  
 &'rniits.  
 un  Fort  très-confiderable  &  fort  
 elevé  1  il  eft  au  haut  d'une  montag 
 n e ,  &  par  deiFous  on  a  creufé  en  
 terre  quelques  chemins  cachez  par  
 où  l'on  peut  faire  des  forties.  Le  
 20.  je  vins  à  Munich  capitale  du  MUDÌCK  
 Duché  de  Baviere,  où  je  demeurai  
 quelques  jours  ,  pendant  lefquels  
 j'allai  voir  ce  qu'il  y  a  de  plus  confiderable, 
 &  que  de  l'autre  la  riviere  pa;  
 prés.  L'on  voitici  dans  les  remparts  
 courir  plufieurs  cerfs.  Apres  cela  
 on  vient  à  la  ville  de  Bolfan,  aux  
 environs  de  laquelle  on  voit  plufieurs  
 Châteaux  le  long  du  chemin,  ffir  le  ji  
 fommet  des  montagnes.  De  là  j'allai  
 à  Infpruck,  où  je  fus  voir  dans  
 l ' E g l i f e  des  Cordeliers  les  vingt  Empereurs  
 &  les  huit  Impératrices  qui  
 y  font, beaucoup  plus  grands  que  nature, 
   &  parfaitement  bien  faits.  L'on  
 y  voit  aufli  le  Toi t  d'or  >  qui  n'eft  
 pas  grand  à  la  vérité,  mais  qui  eft  
 d'or  mafllf,  &  qu'on  eftime  d'un  
 fort  grand-  prix.  La  ville  eft  extrêmement  
 forte,  parce  qu'elle  eft  fituée  
 entre  plufieurs  hautes  monta'  
 gnes  qui  lui  fervent  comme  de  murailles, 
   8c  qui  la  font  eftimer  imprenable. 
   Elle  paife  pour  la  plus  forte  
 place  que  l'Empereur  ait  dans  tous  
 îès  Etats.  On  paffe  après  cela  devant  
 la  torterefle  de  S/rmits  qui  cft  
   &  entre  autres  le  Palais  
 de  l'Eledleur,  qui  eft  d'une  tres-belle  
 architefture  &  extrémément  
 grand.  
 D e  là  j'allai  à  Ausbourg,  ville  Ausbonrg;  
 très-agréable,  fituée  dans  une  plaine. 
   Il  y  a  une  très  belle  Maifon  de  
 ville  dont  on  parle  par  tout.  L'entrée  
 de  la  Porte  eft  d'une  ftrufturc  
 toute  particulière  ,  &  faite  avec  un  
 art  fingulier;  Elle  confifte  en  divers  
 Ponts  &  en  diverfes  portes,  quelques  
 unes  defquelles  fe  ferment  d'elles  
 mêmes  lors  que  l'on  eft  palTé.  
 E n  fuite  je  paffai  à  'Donawert,  
 mifernbourg  Si  Swalbag,  &  j'arri-  bourgT  
 vai  le  premier  de  Novembre  à  M i -  Swaftag.  
 où  je  fus  obligé  de  demeurer  
 un  mois  entier  ,  afin  d'attendre  
 quelques  hardes  qui  me  dévoient  
 venir  de  Venife.  Cette  ville  
 ;eft  raÎionnablement  grande,  &  elle  a  
 plufieu'rs  maifons  fort  bien  bâties.  
 Elle  eft  environnée  de  bons  remparts  
 fort  hauts  ,  &  accompagnée  de  bonnes  
 Tours  &  d'un  foi î é  fort  profond.  
 L e  Chateau  eft  fur  une  hauteur  ou  
 petite  montagne  qui  n'eft  prefque  
 qu'une  Roche  vive.  
 L e  premier  de  Décembre  j'en  repartis, 
   &  je  pris  ma  route  par  
 Niejiad,  KHzmgen  &  Wtrtsbourg,  
 auprès  duquel  paife  le Mein.  Nous  
 le  traverûmes  au  mat in,  &  le  6.  nous  
 arrivâmes  à  Francfort.  Nous  com-  Francfort,  
 mençâmes  alors  à  avoir  fort  grand  
 froid  ,  &  la  gelée  fut  fi  forte  que  
 nous  ne  pûmes  paiFer  le  Rhi n  >  ca  
 qui  nous  obhgea  deux  Meffieursqut  
 m'avoient  joint  en  chemin,  &  moi,