enEG Y P T E, s Y R Ï E . &c. 407
C H A P I T R E LXXIX.
'Denari de Venife ù- retour à la Haie.
APrès avoir demeuré à Veni f e '
un peu moins de huit ans» je
formai le deiTem de retourner dans
mon païs, étant las d'en être fi longtemps
éloigné, & d'avoir tant couru
de tous côtez. Je partis donc le
7. d'Oa-obre i6t)2. pour aller à
Venife. Jiua, qui eft un Bourg dans la terre
ferme à environ une lieuë de Venif
e , d'où j'allai à Padotië où jepaiTai
la nuit. Le 8. j e v ins àVi c enc e , où
allant vifiter les raretez de la ville,
je rencontrai de fort belles chofes en
matière de peinture. Il paffeiciune
belle Riviere. En fuite j'allai à Verone
où l'on voit audi de belles pieces
de l'Art. Il y paffe auiïï une riviere
très belle, qui fournit plufieurs
objets agreables à la vue. De là on
paffe la riviere ¿Wz f i , & en fuite
Ttiefa qui eft un Fort des Vénitiens,
d'où l'on va à la ville de Rodrego.
L e If. je vins à T rente,qui paroit
fort agreable à la vue , parce que
d'un côté elle s'eleve en montagne,
aiTe au
PadouB.
Vicenze.
Verone.
Tioefa.
Kodrego.
Trente.
liifptuck.
&'rniits.
un Fort très-confiderable & fort
elevé 1 il eft au haut d'une montag
n e , & par deiFous on a creufé en
terre quelques chemins cachez par
où l'on peut faire des forties. Le
20. je vins à Munich capitale du MUDÌCK
Duché de Baviere, où je demeurai
quelques jours , pendant lefquels
j'allai voir ce qu'il y a de plus confiderable,
& que de l'autre la riviere pa;
prés. L'on voitici dans les remparts
courir plufieurs cerfs. Apres cela
on vient à la ville de Bolfan, aux
environs de laquelle on voit plufieurs
Châteaux le long du chemin, ffir le ji
fommet des montagnes. De là j'allai
à Infpruck, où je fus voir dans
l ' E g l i f e des Cordeliers les vingt Empereurs
& les huit Impératrices qui
y font, beaucoup plus grands que nature,
& parfaitement bien faits. L'on
y voit aufli le Toi t d'or > qui n'eft
pas grand à la vérité, mais qui eft
d'or mafllf, & qu'on eftime d'un
fort grand- prix. La ville eft extrêmement
forte, parce qu'elle eft fituée
entre plufieurs hautes monta'
gnes qui lui fervent comme de murailles,
8c qui la font eftimer imprenable.
Elle paife pour la plus forte
place que l'Empereur ait dans tous
îès Etats. On paffe après cela devant
la torterefle de S/rmits qui cft
& entre autres le Palais
de l'Eledleur, qui eft d'une tres-belle
architefture & extrémément
grand.
D e là j'allai à Ausbourg, ville Ausbonrg;
très-agréable, fituée dans une plaine.
Il y a une très belle Maifon de
ville dont on parle par tout. L'entrée
de la Porte eft d'une ftrufturc
toute particulière , & faite avec un
art fingulier; Elle confifte en divers
Ponts & en diverfes portes, quelques
unes defquelles fe ferment d'elles
mêmes lors que l'on eft palTé.
E n fuite je paffai à 'Donawert,
mifernbourg Si Swalbag, & j'arri- bourgT
vai le premier de Novembre à M i - Swaftag.
où je fus obligé de demeurer
un mois entier , afin d'attendre
quelques hardes qui me dévoient
venir de Venife. Cette ville
;eft raÎionnablement grande, & elle a
plufieu'rs maifons fort bien bâties.
Elle eft environnée de bons remparts
fort hauts , & accompagnée de bonnes
Tours & d'un foi î é fort profond.
L e Chateau eft fur une hauteur ou
petite montagne qui n'eft prefque
qu'une Roche vive.
L e premier de Décembre j'en repartis,
& je pris ma route par
Niejiad, KHzmgen & Wtrtsbourg,
auprès duquel paife le Mein. Nous
le traverûmes au mat in, & le 6. nous
arrivâmes à Francfort. Nous com- Francfort,
mençâmes alors à avoir fort grand
froid , & la gelée fut fi forte que
nous ne pûmes paiFer le Rhi n > ca
qui nous obhgea deux Meffieursqut
m'avoient joint en chemin, & moi,