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 E G Y P T E ,  SYRIE,  &c.  183  
 en  grande  abondance  &  ter  dans  notre  barque,  afin  d'en  
 en  
 environs  t....  t,  .  , -  •  
 Li'on  tranfporte  dans  toute  la  Tur-  garder  l'ccaille  &  d  en  taire  apreon  
 qu'  
 quie,  _ _  ^  
 de  toiles  &  de  filafl'e,  &; de  pkifieurs  
 belles  ctotfes  qu'on  y  fait.  La  ville  
 y  trafique  auffi  de  CafFé,  ter  la  chair  qui  eft  un  fore  
 a p p e l l e  
 l'enfant  
 m o r t .  
 eft  gouvernée  par  un  Aga  y  qui  eft  
 envoie  par  le  BaiPa  du  Caire.  
 Pendant  le  fejour  que  je  fis  à  Damiette, 
  qui  fut plus  long  que  je  n'euffe  
 voulu  ,  j'allai  le  3.  d'Avril  chez  
 Naiflincc  un  certain  Turc  qu'on  appelloit  
 Cîtraoïtli-  ¡'Enfant  mort-,  dans  le  deflcin  dele  
 horamî'"  voir.  La  raifon  pour  laquelle  on  lui  
 a  donné  ce  nom  eft  aiTezfurprenante. 
   Lors  que  fa  mere  étoit  enceinte  
 de  lui  ,  tout  proche  de  fon terme  ,  
 elle  vint  à  mourir  &  elle  fut  auffi  
 tôt  enterrée  fclon  la  coutume  de  
 ce  Pais  là,  principalement  en  temps  
 de  Pcfte  ,  ce  fut  dans  une  cave  
 que  ce  même  Turc  avoïc  encore  
 pour  le  lieu  de  la  fepulture  de  fa  
 fiimille.  Le  foir  quelques  heures  
 après  l'enterrement  de  cette  femme  
 ,  il  vint  dans  l'efprit  de  fon  
 bon  manger,  mais  comme  nous  a-_  
 perceumes  que  l'ccaille  etoit  caflee  _  
 caufe  des  coups  que  nous  avions  
 frappé  deftusj  nous  hilTamès  là  tant  
 l'ecaille  que  la  chair.  
 mari  que  l'enfant  dont  elle  étoit  
 grolle  pouvoit  encore  être  vivant.  
 11  fit  donc  ouvrir  le  tombeau,  &  
 il  fe  trouva  qu'en  effet  fa  femme  
 s'etoit  délivrée  ,  &  que  toute  morte  
 qu'elle  étoit  ,  elle  avoit  mis  au  
 monde  un  enfant  vivant.  D'autres  
 difent  que  quelques  Turcs  qui  fe  
 trouvèrent  en  cet  endroit  avoient  
 entendu  crier  l'enfant,  &  que  ce  
 fu:  fur  l'auis  qu'ils  en  donnèrent  
 qu'on  ouvrit  le  fepulere.  Je  ne  
 fai  pas  lequel  eft  le  plus  veritable  
 de  ces  deux  récits  ,  mais  on  m'affcura  
 que  l'homme  à  qui  on  avoit  
 donné  ce  nom  vivoit  encore,  qu'- 
 qu'il  etoir  alors  âgé  de  foixante  
 ans  ,  qu'il  avoit  des  enfans  ,  &  
 qu'il  etoit  Droguifte  de  fa  vacation.  
 A u  refte  je  ne  le  vis  point,  parce  
 qu'ils  n'etoit  pas  au  logis  lors  
 que  j'allai  pour  le  voir.  
 L e  lendemain  matin  nous  retournâmes  
 à  notre  Saïque  &  comme  
 nous  allions  le  long  de  la  Riviere  
 jufqu'au  bord  de  la  mer,  nous  
 Tortue  vimes  fortir  de  l'eau  une  fort  grofco?)/ 
 cl-e-  tottue.  Nous  y  courûmes  aufli  
 p é e ! ' " ^ t ò t ,  &  après  l'avoir  tournée  fur  le  
 dos  nous  1.1  tuâmes  avec  nos  fabrcs. 
   Nous  penlions  même  la  por  
 Je  vis  aux  environs  un  peu  avant  
 dans  les  terres  quelques  endroits  
 qui  paroifloient  comme  des  lacs,  
 fe  tenoient  à  grandes  troupes  
 plufieurs  fortes  d'oiieaux  de  rivière. 
   
 A  main  droite  en  venant  de  dehors  
 les  Turcs  ont  un  Chateau  
 marqué  N°.  72.  auprès  duquel  il  y  
 a  deux  groftès  pieces  de  fonte,  
 dont  l'une  porte  61.  livres  de  baie  
 &  l'autre  quatre  vingt.  Il  y  avoit  
 vis  à  vis  de  ce  Château  des  Arabes  
 occupez  à  dreffer  deux  Tentes, 
   dont  on  voit  la  figure  N°.  71.  
 L e  6.  nous  fimes  la  Pafque  fur  
 notre  vaifleau  avec  les  trois  Religieux  
 dont  nous  auons  parlé,  dont  
 l'un  étoit  Florentin,  &  les  deux  autres  
 Efpagnols.  Ils  avoient  attendu  
 vingt  quatre  jours  avant  notre  arrivée  
 une  occafion  pour  aller  à  Jafta  
 &  de  là  à Jerufalem.  Ils  étoient  de  
 l'ordre  de  S.  François,  &  avoient  
 affez  d'efprit.  
 L e  8.  nous  retournâmes  à  Damiett 
 e ,  parce  qu'il  ne  fe  prefentoit  point  
 encore  d'occafion  pour  partir.  
 Quand  nous  fumes  venus  dans  li  
 ville  nous  allâmes  avec  nos  Religieux  
 dans  leur  maifon  ,  oii  nous  
 en  trouvâmes  encore  cinq  autres,  
 qui  avoient  auflî  attendu  longtemps  
 une  occafion  pourTripoli.  Ils  nous  
 obligèrent  fort  civilement  de  demeurer  
 chez  eux  ,  aiant  ici  deux  chambres  
 qu'ils  y  tiennent  toujours  ,  
 parce  que  plufieurs  de  leur ordre  paffent  
 par  ici  pour  aller  à Jerufalem  &  
 ailleurs.  Nous  nous  divertifmes  ici  
 trois  ou  quatre  jours  les  uns  avec  les  
 autres  ,  &  nous  allions  ordinairement  
 après  le  repas  nout  aiToir  fur  
 le  haut  de  la  maifon  ,  ou  nous  y  
 promener  ,  car  elles  font  toutes  
 plattes  ,  Se  nous  prenions  plaifir  à  
 jetter  devant  nous  quelques  reftes  
 de  notre  repas  que  nous  avions  
 apor