e n E G Y P T E , s Y R Î E , & c . 3 3 3
ouverture par où l'on peut pafler
en Ih baifrant , & c'eft afin
de pouvoir paiTer d'une raaifon à
l'autre & de fc pouvoir vifitcr par
deflus les maifons. Ces plattes formes
fervent aufli à tout le monde
de lieu pour fe coucher, & l'on
choifit cet endroit afin d'eviter l'exceffive
chaleur qu'il fait la nuit dans
les maifons. Au refl:e il ne faut pas
avoir peur d'y être incommodé j
parce que l'air de la nuk qui eft dangereux
prefque par tout, ne caufe
pas la moindre incommodité en ce
païs là. C'cft dans cette vue que
les marchands Européens y ont ordinairement
de petits lits de campi
au lieu que les gens du païs fe
contentent d'y mettre leurs lits à
terre, & lors qu'il pleut chacun fe
retire dans la maifon.
Cette ville eft encore embellie de
plufieurs Chans, où les Marchands
de dehors ont de belles maifons &
de bons Magafins pour ferrer leurs
marchandiles. Il y a d'ordinaire
une belle fontaine au milieu, & ils
fe ferment tous les foirs, de même
que les Qiiartiers.
Ajoutez à cela qu'il y a plufieurs
beaux Bafars ou rues pleines de boutiques,
elles font couvertes par deffus
à caufe de la chaleur , & elles
font toujours remplies de monde.
Pour ce qui eft des rues, elles
font prefque toutes pavées de grandes
pierres , & elles ont pour la plus
commerce.
Les principales marchandiles
dont on trafique à Alep, & qu'on
envoye de là de tous les cotez,
font des foyes de Perfe, des noix
de gales, des Piftaches , des Drogues
part de chaque côté un bord relevé,
d'environ deux pieds de haut pour
la commodité des gens de pied.
Au refte cette ville eft d'un, très
grand commerce parce qu'on y
amène tant.de l'Orient que de toute
l'Europe toutes fortes de marchandifes
tant par mer que par terrer &
que de là ou en envoye auffi par
tout le monde.
Autre fois il falloir que toutes les
inarchandifes de la Perfe & des.
Indes Orientales pafTalTent par là.
Mais depuis tj^u'on a découvert le
chemin des Indes par Mer, Alep &
toutes les autres villes marchandes &
places maritimes qui font fous l'empire
Medecinales See.
Le plus grand nombre des Européens
du Grand Seigneur, ont fait une
perte confiderable par rapport au i Un
qui demeurent dans cette
ville eft des François, après eux cc
font les Anglois, qui y font un
grand commerce, & qui y font les
principaux. Aufli y ont-ils" leur
Confuí, de même que les Vénitiens.
Il y a à prefent deux mailbns de
négoce de la Nation Hollandoifc;
Celle où je me trouvai logé eft une
des plus confiderables de tout Alep
par rapport au commerce. Notre
Nation s'ét»it mife dans ce temps
là fous la protcition du Coniul
Francois M'. Laurent d'ArvieUX. Lou.mge
C'eft" une perfonne fort civile, de ^.li^Cmiiul
qui j'ai receu toutes fortes de bons
offices. Il parloit & il écrivoit en
huit langues différentes , François ,
Latin , Italien , Efpagnol , Turc,
Arabe , Grec, & Hcbreu. Il étoit
d'une converfation agréable & d'une
humeur enjouée ; Il entendoit
outre cela la peinture & la mufique,
il jouoit prefque de toutes fortes
d'inftrumens, outre plufieurs autres
chofes. en quoi il excelloit. Du
refte il portoit à la maniere du païs
une longue barbe, & il avoit également
l'eftimc & l'amitié des Turcs
& des Arabes, auffi bien que des
Chrétiens.
C'eft un BaiTa qui commande à
Alep, 8c qui a toute l'autorité dans les
affaires tant civiles que criminelles.
Mais pour ce qui regarde le Spirituel
c'eft le Mufti, quicft uneefpece
d'Archevêque.
Il y a autour d'.Alcp une grande ciiafe diquantité
de gibier , ce qui fait que vertíante
les Européens ont fouvcnt occafion
de prendre le divcrtiftèment de la
chaiTe , foit à tirer avec le fufil fur
les lievres , les fraüicolines, & les
perdrix (divcrtilTement dont j'ai
fouvent eu ma part) foit à chaflèr
avec le faucon, qui cft une chañe à
quoi les Turcs fe plaiiênt beaucoup.
jour que j'éiois à cette chaflê
T t avec