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 1 8 4  V O Y A G E  au  L E V A N T  
 aportez  ,  &  que  nous  voyons  incontinent  
 enlever  par  les  Faucons  
 dont  il  y  a  grande  quantité.  
 HatdiefTe  Je  n'ai  jamais  vu  d'oifeaux  fi  hardes  
 Fau- dis  ,  car  quoi  que  l'on  foit  aflîs  en  
 cons.  ^  -jj  viennent  fondre  deiTus  avec  
 leurs  ferres,  &  s'envolent  avec  
 leur  proye  fur  la  maifon  voifine  j  011  
 ils  vont  manger  à  leur  aife  ce  qu'ils  
 ont  pris,  &  des  qu'ils  l'ont  dévoré,  
 ils  reviennent  voir  s'il  n'y  a  plus  
 rien  à  prendre,  ce  qu'ils  font  avec  
 autant  de  nife  que  de  hardieflè.  
 L e  12.  nous  allâmes  encore  une  
 fois  voir  la  Mer  Morte  accompagnez  
 de  tous  nos  Religieux  qui  ne  
 pouvoient  fe  laifer  d'admirer  la  beauté  
 du  bois,  parce  qu'ils  n'y  avoient  
 encore  jamais  été.  Nous  primes  i  
 cette  fois  un  autre  chemin  qui  n'ctoit  
 pas  moine  agreable  que  le  premier. 
   
 Cependant  comme  je  voiois  que  
 Pafque  étoit  paiTé,  je  changeai  de  
 deilein  ,  &  au  lieu  que  je  ne  me  
 propofois  d'aller  en  Egypte  qu'après  
 que  je  ferois  revenu  de  Jerufalem  
 ,  je  refolus  d'y  aller  dés  à  
 prefent,  &  je  me  preparai  pout  cel 
 a ;  Un  de  nos  Religieux  qui  étoit  
 Vénitien  avoir  envie  d'aller  au  Cai - 
 re  ,  &  fe  joignit  à  nous  ,  ainfi  
 étant  trois  de  nôtre  compagnie  ,  
 c e  qui  fuffifoit  pour  faire  le  voiag 
 e  agréablement,  nous  nous  mîmes  
 en  chemin.  
 e n  E G Y P T E ,  S Y R I E .  &c.  185  
 C H A P I T R E X X X I V .  
 T>/pan  de 'Damiettc.  Quantité  de  Villages le long des bords  
 du  Nil  Maniere  dont  mangent  quelques  Tay  ans  Arabes.  Villes  qut  
 (ont  entre  T)amiette  &  le  Caire.  'Flujieurs  Coulombiers  le  longduUil.  
 Arrivée  au  Caire.  On  y  loge  chez  le  Confuí.  
 DipaïKle  A  uni  tôt  que  nous  eûmes  fait  
 Damiettc.  „os  préparatifs,  à  quoi  nous  
 CHAPIii'cmploiamcs  
 pas  beaucoup  de  
 temps  ,  nous  louâmes  une  barque  
 avec  laquelle  nous  remontâmes  deux  
 lieues  fur  la  riviere  ;  en  fuite  de  
 quoi  nous  palBmes  dans  un  Germe,  
 qui  eft  comme  on  l'a  dcja  dit,  une  
 cfpece  de  vailfcau  ou  debarquede  
 tranfport  dont  on  fert  ordinairement  
 en  Egypte.  Cctoii;  le  13.  
 d'Avril  à  neuf  heures  du  matin,  
 Aufiî  tôt  nous  fimes  faire  par  nos  
 matelots  une  petite  tente  de  branches  
 de  Palmier  &  de  nattes  de  
 jonc  afin  de  ne  nous  mêler  pas  avec  
 tous  les  autres paiTagers.  Ces  germes  
 font  des  vaiileaux  fort  incommodes, 
   parce  qu'ils  font  tout  ouverts,  
 où  il  croit  doivent  toujours  être  
 couverts  d'eau,  ce  qui  cftcailfcqu'- 
 on  l'y  fait  venir  par  le  moien  de  
 certains  moulins  qui  font  tournez  
 par  des  boeufs  ,  qui  la  repandent  
 de  tous  côtez.  
 qu'ils  ne  font  pas  fort  grands,  &  
 d'ordinaire  fort  chargez,  de  forte  
 qu'a  peine  s'y  peut-on  remuer.  
 N o u s  demeurâmes  ici  jufqu'au  lendemain  
 Environ  midi  nous  paJfâmes  le  
 long  d'un  des  bras  du  NU  ,  qui  
 s'etcnd  une.aifez  grande  partie  du  
 chemin  dans  les  terres  ,  &  à  cinq  
 heures  nous  nous  arrêtâmes  dans  
 un  village.  Le  if.  nous  fûmes  
 engravez  plufieurs  fois,  parce  que  
 le  Nil  n'a  gucres  d'eau  en  bien  
 des  endroits.  Mais  nous  nous  en  
 tirâmes  bien  tôt.  Nous  paflàmes  
 ainfi  par  devant  neuf  ou  dix  villages  
 matin  ,  parce  que  le  vent [  
 n'etoit  pas  favorable  ,  &  quoi  que  
 nous  l'eulllons  encore  contraire,|  
 nous  ne  lailfâmes  pas  de  partir  environ  
 fix  heures,  faifant  tirer  nôtre  
 barque  avec  une  corde  par  dix j  
 ou  douze  hommes  contre  e  cou-;  
 rant  de  la  riviere,  c'cft  ce  qu'on  
 a  accoutumé  de  faire  quand  le  vent  
 cil:  contraire  ,  mais  comme  le  Nil  
 eft  fort  tortueux  ,  &  qu'il  fcrpcnte  
 beaucoup,  on  y  peut  fouvent  aller  
 à  la  voile  à toutes  fortes de  vent.  
 Il  fait  fort  agréable  tout  lo  long  
 des  bords  de  cette  rivicre  à  caui'e  de  
 la  quantité  des  bourgs  &  des  villages  
 qui  y  font,  auprès  defquels  on  
 voit  plulieurs  fourneaux  à  brique.  
 L e  pais  eft  uni,  fans  arbres,  &  <cme  
 par  tout  de  Riz.  Les  champs  
 ,  l'un  defquels  j'ai  reprefenté  
 N°.  73.  un  autre  N°.  74.  &  un  
 troifiéme  N"'  75-.  Avant  le  foleil  
 couché  nous  palTàmes  devant  la  
 ville  de  Manfoure  auprès  de  laquelle  
 eft  le  dernier  de  ces  villages  
 ,  &  nous  continuâmes  notre  le long des  
 chemin  jufqu'a  onze  heures  du  foir  torfs  
 toujours  entre  les  villages,  car  d'or-  '  '  
 dinaire  ils  font  directement  vis  à  
 VIS  l'un  de  l'autre.  
 L e  16.  nous  avançâmes  fort  peu,  
 aiant  été  arrêtez  la  plus  part  du  
 jour  ,  parce  que  nous  avions  le  
 1 vent  contraire.  Dans  ce  temps  là  
 nous  vimes  cinq  ou  iixPaifans  Arabes  
 que  dinoient  fur  le  bord  de  la  
 riviere  ;  ils  croient  aflis  à  terre  &  
 avoient  au  milieu  d'eux  un  grand  
 plat  de  bois  plein  de  lait.  Cha-  ¿^„^""g™  
 . cun  y  en  prcnqit  non  pas  avec  des  de  tjïel- 
 ! cuillers  ,  mais  avec  le  creux  de  la  P»'- 
 ! main  ,  &  la  portant  à  la  bouche  
 '  ils  humoient  le  lait.  Cela  me  fit  
 faire  reflexion  fur  la  prcvoiance  de  
 la  nature  ,  qui  a  donné  aux  hom- 
 A  a  inss