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 léo  V O  Y A G E  au  L E V A N T  
 Mais  les  Turcs  de  la  Douane  
 nous  avertirent  qu'il  y  avoir  bien  
 vint  Barbaroflès  qui  fe  renoienc  là  
 pour  tâcher  de  vendre  ce  qu'ils  avocnt  
 pris  avec  les Corfaires de Tripo- 
 Ji  ,  (car  il  n'y  avoit  gueres  qu'ils  
 avoient  pris  un  navire  de  Gennes  
 fie  un  de  Venife)  &  pour  cela  ils  
 nous  confeilloient  de  nous  tenir  fur  
 nos  gardes,  de  peur  de  tomber  entre  
 leurs  mains.  
 Il  ne  fe  paiTa pas  auflî  beaucoup  
 de  temps  fans  que  quelques  uns de  
 ces Barbaroflès  vinfent  fur le  rivage  
 ou  nous  étions j  pour  tâcher  de  fçavoir  
 quand  nous  nous  propofions  
 de  partir,  afin  de  nous  pourfuivre  
 enfuite  avec  quelqu'un  de  leurs  
 vaifleaux.  C'ell  pourquoi  comme  
 nous  n'étions  pas en  paix  avec ceux  
 de Tripoli, nous jugeâmes que le plus  
 liir  étoit  de nous mefttre à la voile des  
 qu'ils  fe  feroient  éloignez  denous,  
 parce  qu'il  faifoit un  bon  vent,  par  
 le moien  duquel  nous  pouvions  tellement  
 avancer,  que quand  ils s'imformeroient  
 de  nous,  ils  ne  puflènt  
 pas  aifenient  nous  joindre.  Mais  
 nos Grecs  étoientfi remplis  de crainte  
 ,  que  nous  eûmes  aiîèz  de  peine  
 à  les  faire  refoudre  de  partir  ,  tant  
 en  les  menaçant  que  nous  ne  leur  
 donnerions  pas  un  fou,  qu'en  leur  
 promettant  de  leur  augmenter  la  
 îbmme  dont  nous  étions  convenus  
 avec  eux.  Nous  mimes  donc  enfin  
 à  la  voile,  &  bien  tòt  après  environ  
 midi  nous  nous  trouvâmes  hors  
 de  la  vue  de  laville  &del'Iile.  
 Or  la  raifon  qui  faifoit que  nos  
 Grecs  n'ofoient  partir  pour  eviter  
 ces  Corfaires,  c'eil  que  lors  qu'ils  
 tombent  entre  leurs mains,  ils  s'attendent  
 d'en  recevoir plufieurs  coups  
 de  bâton,  &  beaucoup  de  ¡mauvais  
 traittemens,  outre  la fperte de  leu  
 vaiifeaux  & de leurs biens.  
 Environ  cinq  heures  nous  pafllmes  
 la  ville  de  Fotia  Vecchia  c'ett veccfe  
 à  dire  la  vieille  Fotia,  il  y  a  un affez  
 beau  Chateau  ,  qui  paroît  tel  
 qu'on  le  voit  dans  figure  que  nous  
 en  avons  jointe  ici  > &  la  nuit finies  
 onze  heures  nous jettâmes l'ancre  
 devant  le Fort  de Smyriie avec beau- ^I'-^omì'  
 coup  de  joye.  
 y^tta.  J^cc/jxa  
 CMAFl