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 e n  E G Y P T E ,  S  Y  R I E ,  &c.  215  
 C H A P I T R E  XXXIX,  
 T>efcr¡ptm  du Chateau du  Caire.  
 A]Pr cs  avoir  vû  ce  qu'il  y  a  de  
 , plus  confidcrable  dans  la  Vil-  j  
 le  du  Caire  ,  j'allai  aufli  voir  le  
 ChâtcLUi  le  dernier  jour  de  Mai  ,  
 &  c'clt  en elfeu une des pieces les plus  
 curieulcs  de  toute  l'Egypte.  Il  eft  
 bâti  liir  une  montagne  ou  rocher,  
 &  environné  d'une  haute  &  forte  
 muraille  ,  qui  ,  de  cent  pas  en  
 cent  pas  •  eli  flanquée  de  grofles  
 &  fortes  Tours.  On  y  monte  par  
 un  degré  taillé  dans  le  Roc  ,  qui  
 elb  ii  commode  que  les  Chameaux  
 &  le  Chevaux  y  peuvent  monter  
 aifénient  tout  chargez.  Quand  on  
 y  cil  arrivé  on  entre  d'abord  dans  
 une  grande  place  ou  Cour  ,  &  de  
 là  dans  une  rué  qui  lui  donne  l'air  
 d'une  ville  ;  J'entens  une  ville  des  
 Turcs  ,  car  ce  que  ces  barbares  
 y  ont  bdti  ne  confifte  qu'en  de  
 méchantes  huttes  &  des  Nids  à  
 rats  fcomme  on  parle}  au  lieu  que  
 les  vieilles  ruines  qui  y  font  demeurées  
 &  les  voûtes  qui  font  fous  
 terre  donnent  encore  l'idée  d'une  
 merveilleufe  grandeur.  
 Relies Ai  Entre  ces  ruines  on  voit  encore  
 ï t o o i f ' ^ P h a r a o n  ,  &  
 dans  ce  palais  la  falle  qu'on  appelle  
 de  Joieph  ,  &  qui  cft  foutenuë  
 par  trente  gros  piliers  de  pierre  
 Thcbaïque.  L' o r  &  l'azur  dont  
 font  diverfiliez  les  ouvrages de  Mofaïque  
 qui  y  rident  n'y  font  pas  
 épargnez,  &  nonobftant  la  longue  
 fuite  d'années  &  même  de  fiecles  
 qui  fe  font  ecoulez  ,  ils  en  cmbellini 
 nt  le  plafond.  Une  autre  
 falle  qui  n'cft  pas  loin  de  celle  là  
 &  que  les  habitans  du  lieu  appellent  
 la  falle  de  Pharaon  eft  embellie  
 d'un  meme  ouvrage  que  cel- 
 1:  de  Jofeph  ,  à  ce  que  difent  
 ceux  qui  ont  été  plus  heureux  que  
 moi  qui  n'ai  pû  l'aller  voir  ,  parce  
 qu'elle  cft  fermée  la  plus  part  
 de  l'année  ,  à  caufc  que  c'cft  là  
 qu'on  brode  la  vcfte  ou  robe  de  
 Mahomet  qu'on  envoyé  tous  les  
 ans  à  la  Mecque.  Il  y  a  auffi  la  
 falle  de  l'Intendant  de  la  maifon  
 de  Jofeph.  Mais  elle  eft  bien  plus  
 ruinée.  Il  y  a  pourtant  encore  dix  
 ou  douze  colonnes  de  la  même  
 pierre  qui  font  debout.  Outre  cela  
 il  y  a  encore  divers  autres  apartemens  
 ,  &  un  certain  endroit,  
 où  font  encore  d'extremement  belles  
 colonnes  en  fort  bon  ordre  qui  
 foutenoient  un  voûte  qui  étoit  autrefois  
 couverte  d'un  Dome  ,  mais  
 qui  eft  à  prefent  découverte.  Chacune  
 de  ces  colonnes  avoit  trois  
 brafles»  &  pouvoient  faire  la  hauteur  
 de  dixfept  pieds,  felon  mon  
 calcul.  Il  faut  que  ç'ait  été  un  bâtiment  
 tres  magnifique,  car  ce  qui  
 en  refte  encore  ,  tout  ruiné  qu'il  
 eft ,  caufe  de  l'admiration,  &  de  
 l'etonnement.  
 Aflez  près  de  ce  Palais  on  me  
 montra  une  effroyable  prifon,  
 partagée  en  divers  cachots  &  trous  
 fous  terre  ,  qui  font  creufez  dans  
 le  Roc  ,  &  li  obfcurs  qu'on  craint  
 d'y  mettre  feulement  le  pied.  Elle  
 porte  le  nom  de  Trifan  de  Jofeph  -,  ^^  ^^  
 parce  qu'on  veut  que  ce  foit  celle jofepi,,  
 la  même  ou  il  expliqua  les  fongcs  
 du  Pannctier  &  de  l'Echanfon  du  
 Roi.  Elle  fert  encore  aujourd'hui  
 au  même  ufage  ,  car  c'eíí  un  lieu  
 d'où  il  femble  que  toute  mifericorde  
 foit  bannie.  En  effed  fi  
 l'on  ne  trouve  quelque  occafion  de  
 bien  garnir  la  main  de  celui  qui  
 en  a  la  garde  ,  il  n'y  a  point  de  
 mifere  qui  foit  à  comparer  à  celle  
 que  fouffrent  les  malheureux  qui  
 y  font  renfermez.  
 Mais  fi  cette  prifon  n'excite  pas  
 !ii  
 JSI ;