1 9 6 V O Y A G E au L E V A N T
j'allai chercher cxaaement de tous
côcez, je vis bien vingt ou trente
nids de chauvefouris, mais je n'apcrceus
aucune ouverture qui conduific
quelque part.
^ Apres avoir ainfi bien confidcré
la chambre de fepulcrcs par dedans
, nous nous mimes en état de
defcendre par le même chemin par
tout craflèux de la fueur que nous
avoit caufé la fatigue & la peine
d'aller auifi couchez fur le ventre j
appuiez feulement d'une main, parce
que de l'autre il falloit tenir
la chandelle, & d'ailleurs tout barbouillez
de la poudre qui s'etoit mêlée
avec la fueur, à peine, dije,fumes
nous f ^ 1 -- ^ H H ^ ortis , que le Confuí &
ou nous étions montez,cherchant fa compagnie qui nous virent fi
mplcment a prc ^u x gardons fi prirent â eclatter
peine Nous defcendimes donc le fe pouvoir remettre
long des Ipncs à | r ands pas, & nous Mais le Confuí qui craienoit que
eûmes aflez d'àifaire à pofer ferme- nous ne nous refro^diffions^avec nomcnt
nos pieds du côté gauche , & ! tre fueur , ne voulut pas nous rétea
éviter du côté droit le gliilant des |nir plus long temos, l ,1 noi^coi l
pierres en nous tenant ferme au banc. Ifeilla de monter au plutôt en hau ,
foîs ^ . m c ^ n ' ' T ' nous portoit enc«:
fois a glider , nous aurions bien eu j re à aller vifiter le rcfte de la Pyran
v i i r i " ' ' Nous ar- mide, ce que nous jugeâmes eifef-
¿ T " h^^euftment au bas,! fet qu'il falloit faire fans dilVere da-
& a CCS aparreracns que nous avons i vantage
Cependant; Nous commençâmes donc à moncomme
a cunofice me portoit à ter par dehors, & en reprenant de
? ^ P™"' quelques temps en temps haleine,^iou parc
erchc^s ' ^^ i"iqu'a environ ù moitilde
encore un^ n ^ l '> ' > hauteur , où nous trouvâmes à
L fnn J r ^ 1 ™ ' «t r e l'Eft ¿
Cependant un ou. deux de ma
peme.
^ : Quand on clî venu au h.ii]r . nn
compagnie étant dê,a fortis par là , j t r o ^ une belle pl te fo me d'où
je voulus auiîi m'y ghiTer avec ceux i l'on a une agreabk vue fw le Ca^rc
qui me fuivoient, mais je demeu-! & fur toute^a camp gne des
rai fourre dans ce trou fans pou- rons. Je dellinai de^cfha«
voir me remuer çà m la. Par bon-, tois la vue des fept Pyr m L s au'
heur cetoit tout à l'extrémité du on conte d'ici à diiCe de ^e^t
trou, de forte que ceux qui etoient
dêja fortis pouvoient bien me toucher,
ils me prirent donc par le
bras & me tirèrent dehors, & ceux
qui me fuivoient aiant trouvé un
peu plus d'efpace en fortirent auiïï.
Nous continuâmes en fuite le long
de cette ouverture par où nous étions
entrez , & fortimes enfin dehors
, fort aifes d'avoir contenté
notre curiofité.
lieues. On a la mer à côté gauche
comme elle eif reprefentée N°.8o.
J e deffinai aulli une autre vue, qui
reprcfente tout le païs tel qu'il fe
montre a le regarder de là, & comment
au tour de ces Pyramides il
Y a pluficurs reftes de quelques autres
bâtimens , de rochers , & de
grottes , comme en le peut voir
dans la taille douce N". 8i.
La platte forme qui à la regar-
A perno fumes nous fort,s d.c.) der d ' ^ X Se'^f imr
t e .
e n E G Y P T E , S Y R I E . &c.
te , eft de dix ou douze großes
pierres i & elle a à chaque côté,
qui eft quarré, feize à dix fept pieds.
Il y a quelques unes de ces pierres
qui font un peu rompues, &
la principale de toutes, fur laquelle
étoient la plus part des noms de
ceux qui avoient pris la peine d'y
monter, avoir été jettéedu haut eiv
bas , par l'emportement de quelques
voiageurs François , deforte
qu'on ne voioît plus là gueres de
noms. J'écrivis aufli le mien fur
une de ces pierres.
Enfin nous nous mîmes en état
de defcendre de deffiis la Pyramide
où nous étions montez avec
beaucoup de peine. Ce fut par le
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fis mefurer la diftance de ces coins
de l'un à l'autre , qu'ils trouvèrent
qui montoit à cent vingt huit brafles
qui font fept cens & quatre
pieds.
L'entrée n'eft pas droit au milieu,
le côté du foleil couchant étant plus
large d'environ foixante pieds que
celui du foleil levant , au moins à
ce que diicnt quelques uns, car je
ne me donnai pas la peine de le
mefurer.
Alors j'envoiai les mêmes Arabes
encore une fois au haut pour prendre
la mefure de la hauteur, qui fe
trouva être de cent douze braflès à
mefurer auflî par devant. Ces braffes
à les prendre chacune de cinq
dehors que nous en defcendimes, ' pîeds & demi reviennent à fix cens
Car quand on les a bâties , on a • fcize pieds. Deibrte que cette Pytellement
pofé les pierres les unes ramide nous parut plus large du
fu..r. Ulecs autres qu'après en avoir pied (autant qu'on le pouvoît mcfait
un rang, avant que d'en po
fer un fécond, on a laiffé un efpace
à fe pouvoir tenir delîus , ou
au moins y adbir les pieds fermes
pour y pouvoir monter & defcendre
comme par degrez, je les confurer
au deilùs du fablej) de quatre
vingt huit pieds , qu'elle n'etoit
haute, & felon cette mefure le centre
de la Pyramide devoir être de
trois cens cinquante deux pieds.
Voiez donc à p,eiènt comment
tai en defcendant, & j'en trouvai | peut s'accorder avec la vérité, ce que
deux cens dix, les unes hautes de ; quelques uns dilent, qu'une fleche
quatre paumes, les autres de cinq,, tirée du haut de la Pyramide ne peut
& quelques unes de fix , & pour jamais atteindre jufqu'a la derniere
la largeur quelques unes l'avoient marche ou rang de pierres du bas.
de deux paumes, & quelques unes
de trois, d'où il eft aifé de comprendre
combien il doit etre4difficile
d'y monter. En effet il faut
Car un bras mediocrenient fort peut
tirer une fleche jufqu'a la longueur
de mille pieds , & j'en ai vu entre
les Turcs & les Arabes qui favoient
quelque fois travailler en même j fi bien manier l'arc, que la fleche votemps
des mains des pieds & desjloit à plus de douze cent pas.
genoux, & l'on eft obligé de fe repo- '; Le côté de cette Pyramide qui refer
de temps en temps. Cependant il
eft encore plus malaifé de defcendre
que de monter, & quand on regarde
de haut enbas, les cheveux dreffent
à la tête. C'eft pourquoi je
garde le Nort eft bien plus gâté que
les autres cotez , parce qu'il eft
beaucoup plus battu du vent du
Nord, qui dans les autres pais eft un
vent iéc, mais humide en Egypte.
Pour ce qui eft de la fécondé py- Sccondc
ramide nous ne la pûmes voir que ^'i'''""'''^-
defcendis toujours à reculons, & je
ne regardois nulle part finon à bien
pofer mes pieds à mefure quejedef-1 par dehors
cendois. 1 ni y cntrsr
parce qu'on ne peut
ni monter par deffiis.
Enfin après en êtredefcendu avec j Car coiiimc nous l'avons déjà dic
bien de la peine &de l'inquictude, ! elle eft fermée, fc elle n'a point non
j'allai d'un coin à l'autre, fçavoir par. plus de degrez comme l'autre par
devant, & je contai trois cens bons ; ou l'on puiffe monter. Do loin cetp.
is. Alors je donnai à deux Ara- te feconde Pyramide paroit plus
bes une corde que j'avois pour haute que la premiere, pircc qu'elcet
effet prife avec moi , & je leur! le eft bâtie dans un endroit plus cieli
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