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e n E G Y P T E , S Y R I E . &C. 307
CCS arbres je vis un moncciu dci pleine de pommes de cedre > l'aupierres
ciuadees: Elles fervent aux | cre d'une niotié d'arhrc que iious
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-Religieux qui y viennent de temps
en temps , d'autel à faire leur
fervice. Les branches de ces arbres
s'etcndcnt fi loin qu'un grand
nombre de perfonncs pourroient
fe mettre à couvert fous leur ombre.
C'eil de quoi le Prophète Oféc
fait mention quand il dit Ch. 14: f.
je ferai comme une rofée à Ifra'él
il fleurira comme le lis], & il jettera
[es rameaux comme les arbres
du Liban. Ses branches s'avanceront
, & fa magnificence fer a comme
celle de l'olivier , ¿r "ura
telle odeur cjue le Liban , ils retourneront
four fe tenir ajjls Jous
fpn ombre.
Apres avoir ailcz bien vifité le
Liban , j'eufle bien voulu aller
voir auffi l'Anti-Liban , qui eft
une montagne fituée derrière cette
premiere , mais bien plus haute
, d'oii l'on dit qu'on a une
vue très agreable du côté de Damas
! Mais je ne pus executer ce
deiTein -, Car ces montagnes étant
éloignées l'une de l'autre d'une
diftance de quelques heures de
chemin , il auroit été trop tard.
Il étoit entre dix & onze heures
avant que nous eullions quitté les
Cedres , & par confequent le
Soleil commençoit à fe hauifer &
à être chaud , ce qui fit que nos
avions coupée , Hi un autre dcfr
provifions 5cc. Car nous avions
partagé entre nous ce qu'il y a-'
voit à porter , ; de peur que quelqu'un
Danger gujdcs nous avertirent plufieurs
aS 'retour fois qu'il étoit temps de nous en
duljbân. aller , & que fi ma curiofité me
faifoit diiFercr plus long temps, elle
pourroit leur coûter bien cher.
En effet nous trouvâmes à notre
retour les neiges tellement fondues i
en divers endroits que nous y enfoncians
fouvent tantôt les uns
tantôt les autres. Moi même j'y
enfonçai d'une jambe jufqu'a la
moitié du corps , ce qui nous
caufa une telle peur que nous ne
içavions comment faire pour nous
tirer de là au plus vite. Et ce qui
fendoit encore notre marche plus
difficile , 6c qui augmentoit notre
pefenteur naturelle, c'eft que nous
nous étions tous chargez de quelques
ehofe , l'un d'une corbeille
étant trop chargé n'enfonçât
dans, la neige. Un de ceux
qui nous conduifoient , & qui
fuivant la maniere du pais avoi:
les jambes nues > aiant feulement
des fouliers aux pieds , fut fort
maltraitté , car à force d'enfoncer
dans la neige il eut les jambes fi
déchiquetées . qu'on ne pouvoit
le regarder fins être touché decompaiTion.
Enfin après bien de la peine
étant arrivez au lien oiî nous avions
laiiTé nos chevaux nous nous hâtâmes
de joindre le premier bourg_,
fort aifes de nous être tirez d'affaire
, & lors que nous y fumes
arrivez , nous nous recompeniâraes
des fatigues que nous avions
eues fur la montagne. Apres cela
nous nous remimes en chemin, &
à quatre heures aptes midi nous
revînmes à Canobin.
C e lieu eft extrêmement agreable
, & quoi que je n'y aye été
qu'en hyver , il faut que j'avoue
que je n'ai jamais rien vû de plus
charmant.' j'aurois bien fouhaitté
d'y paiTcr quelques mois , fi le
temps me l'eût permis , mais cela
ne fe pouvoir pour plus d'une
raifon. On voit ici les perdrix
prefqu'aufli privées que nos volailles
de cour. Elles n'ont pas
volé [dix pas qu'elles fe remettent
à terre , & elles ne font pas paroitre
qu'elles ayent peur des hommes.
Mais quand ce ne feroit
que pour ce que je vai dire, Canobin
fetoit à prefcrer à tous les
autres lieux , c'eft qu'on y a les
meilleurs vins & les plus deli?ats
qui fe trouvent dans tout le refte
du mpnde. Ils font rouges, d'une
très belle couleur , & fi
onftueux qu'ils s'attachent au verre.
Aufli le Prophete Oféc en tire
t-il une comparaifon , quand
il dit Cla. 41: 8. Ils retourneront
poitr fe tenir affis fous fon om-
CLq 1 l^e.