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 40i  VOYAGE  au  L EVANT  
 fieurs  belles  vues.  
 Ce  que  je  vai  rapporter  paroitra  
 fans  doute  incroiable  à  ceux  qui  
 veulent  trop  philofopher.  Cependant  
 je  puis  aiièurer  qu'il eft  très  ventable  
 ,  &  que  je  l'ai  vû >  comme  
 on  dit  ,  de  mes  propres  yeux.  Le  
 4.  de  Juillet  1686.  à  trois  heures  
 après  midi  il  s'eleva  tout  d'un  coup  
 à  Vcnife  un  fort  grand  orage,  mêlé  
 d'une  rude  pluye,  de tonnerres  continuels, 
   &  d'une fiprodigieufc  grêle,  
 que  du  côté  d'où  le vent venoit  toutes  
 les  vitres  des  maifons  furent  caffées. 
   Il  en  tomba  deux  grains  entre  
 autres  devant  la  porte  de  la  maifon  
 où  je  dcmeurois,  que j e  dcffinai  
 pour  en  conferver  la  mémoire.  Ils  
 étoienc  de  la  même  forme  &  de  la  
 qui  dcvoit  bien  pefer  quatre  livres.  
 Mais  comme  je  ne  l'ai  pas  vu  ,  je  
 n'en  fçaurois  parler  avec  certitude.  
 Pendant  que  je  demeurois  à  Venifc  
 )  on  me  fit  prefent  d'un  petit  
 animal  nommé  Cerio  qui  avoit  été  
 apporté  de  Barbarie  par  rareté.  Je  
 le  trouvai  d'une  figure  fort  extraordinaire. 
   Son  corps  &  fa  couleur  
 etoient  à  peu  près  comme celui  d'un  
 lievre,  il  en  avoit  auffi  la  tête  &  les  
 oreilles.  Ses  deux  pieds  de  derrière  
 qui  étoient  les  feuls  fur  lefquels  il  
 marchoit  ,  etoient  extraordinairement  
 longs,  &  les  deux  de  devant  
 au  contraire  fort  courts  ,  ayant  au*  
 bout  quelque  chofe  comme  une  petite  
 main  dont  cet  animal  prenoit  
 fon  manger à la  maniere des  écureuils  
 même  groiTeur  qu'on  les  voit  iciN°.i  &  des  finges.  Sa  qucuë  étoit  fore  
 209.  &  les  ayant  pefez,  je  trouvai,  longue,  &au  bout  elle étoit  tachetée  
 qu'ils  etoient  chacun  de  quatre  on- ' de  blanc  &  de  noir,  on  le  voit  reces. 
   Cependant  ils  étoient  déjà  un  !  prefenté  N".  210.  Au  bout  de  quelpeu  
 fondus,  car  je  n'ofai  pas  les  al-ique  temps  il  mourut,  je  l'ouvris  &  
 1er  ramafler  que  l'orage  ne  fût  pafle.  le  vuidai  pour  le  garder  tel  qu'il  
 On  m'affeura  même  qu'il  en  etoit  étoit,  mais  quelques  mois  après  je  
 tombé  un  aiTez  près de notre maifon,  trouvai  qu'il  étoit  tout  confumé  par  
 qui  étoit  prefque  gros  comme  la  tê-  les  mites,  tellement  que  je  n'en  pus  
 te  d'un  homme,  &  que  l'on  jugeoit  !  rien  garder  que  les  os.  
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