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 famcufe  placc  des  Sepulcres  d 0  I  U  '  w^-puicn^s  UCeSs - f/S  Siy  ^„f^  II  -1  
 Jcrufalcm  .  où  lors  qu'on  
 de Jerufa-  arrivé  on  entre  premièrement  
 km.  par  une  Arcade  taillée  dans  le  Roc  
 &  l'on  vient  dans  une  grande  Salle  
 quarrée  ,  raifonnablement  haute,  à  
 laquelle  le  Roc  même  ièrt  de  murailles. 
   Quand  on  l'a  paflëc  on  rencontre  
 à  main  gauche  une  galerie  
 appuyée  fur  pliifieurs  colonnes,  &  
 qui  eft  ornée  en  divers  endroits  de  
 fueillages  taillez  dans  le  Roc.  Au  
 bout  de  la  galerie  en  baiflànc  un  peu  
 il  y  a  une  petite  ouverture  où  l'on  
 ne  peut  paiTer  qu'en  fe  courbant  ;  
 C ' e f t  pour  entrer  dans  un  aflêz  
 grand  appartement  quarré  qui  apluiieurs  
 petites  portes  qui  fervent  
 d'entrée  à  cinq  ou  lîx  autres  
 chambres  qui  ont  chacune  quarante  
 ou  cinquante  pas  dans  leur  quarr 
 é ,  &  autour  defquelles  il  y  en  a  encore  
 plufieurs  autres  plus  petites  
 dont  quelques  unes  font  faites  en  
 manière  de  fours.  C'eft  dans  
 ces  chambres  qu'on  mettoit  les  corps  
 morts  fur  des  bancs  élevez  à  la  
 hauteur  de  deux  ou  trois  pieds,  &  
 qui  font  taillez  dans  le  Roc.  Il  y  
 en  avoit  auiïï  que  l'on  mettoit  à  
 terre.  J'y  trouvai  trente  cinq  Sepulcres. 
   Il  y  en  a  auffi  que  ques  
 uns  dans  les  autres  chambres,  de  
 forte  qu'on  y  en  compte  en  tout  environ  
 cinquante.  Dans  l'une  de  
 ces  chambres,  qui  paroît  auffi  plus  
 élevée  que  les  autres,  nous  vîmes  
 encore  trois  cercueils  ,  dont  l'un  
 étoit  rompu  &  les  autres  entiers;  
 ils  étoient  tous  ouverts,  fur  le  principal  
 on  voit  gravéz  fur  le  devant  
 deux  ronds  comme  des  Cercles s  
 ^ f h f - t i k  y'  
 e t i E  G  Y  P T E ,  
 chacun  avec  plufieurs  lignes  les  unes  
 auprès  des  autres.  Entre  les  
 deux  on  voit  trois  fueillages  comme  
 des  Palmes,  &  aux  deux  côtez  
 il  y  en  a  encore  à  chacun  un;  de  
 forte  qu'il  y  en  a  cinq  en  tout.  
 L a  couverture  de  ce  Cercueil  qui  
 eft  à  terre  eft  aufli  ornée  de  fueillages. 
   Les  moTCcaux  de  celui  qui  
 eft  rompu  font  auprès  à  terre,  &  
 ont  eu  auffi  autrefois  leur  ornement.  
 Je  dcffinai  ces  cercueils  à  la  hâte  
 pendant  qu'il  nous  reftoit de  la  chandelle  
 ,  ils  font  marquez  N°.  i  24.  
 O n  croit  que  ces  trois  Tombeaux  
 font  ceux  du  Roi  ManaiTé,  d'Ammon  
 fon  fils,  &  de  Jofias  fon  petit  
 fils.  Cette  chambre  eft  petite,  &  
 fon  plancher  fort  bas.  Ce  que  je  
 trouvai  de  fort  remarquable  ici  ce  
 fiit  la  porte  de  l'entrée,  que  l'on  
 croit  qui  a  été  taillée  dans  le  Roc,  
 telle  qu'elle  eft  pofée  fur  fes  gonds,  
 c'eft  à  dire  les  trous  qui  fervent  de  
 pentures,  à  la  porte,  &  les  gonds  à  
 la  roche  qui  fert  de  muraille,  hors  
 d e  laquelle  ils  fortent  ,  tellement  
 que  la  porte  tourne  deiTus.  On  a  
 fujet  de  s'etonner  quand  on  penfe  
 comment  il  a  été  poffible  de  tailler  
 toute  cette  machine  fous  une  montagne  
 ,  d'un  feul  Roc  &  fans y  avoir  
 employé  rien  autrechofe,  fans  compter  
 qu'il  faut  que  tout  cela  ait  été  
 S Y R I E .  &c.  269  
 quelques  jours  dans  le  Cloitre,  on  lavement  
 me  vint  dire  un  foir  qu'il  falloir qu'-des  mais  
 on  me  lavât  les  pieds  le  lendemauil"'  
 fait  à  la  lumiere  des  chandelles,  
 parce  qu'il  n'y  a  point  d'ouverture  
 par  où  le jour  y  ait pû  venir.  
 Je  ne  faut  pas  oublier  de  dire  ici  
 en  paiTant  qu'  aptes  que  j'eus  été  
 r  ,  ,  ,  3UX  Pelematin  
 1  lelon  la  coutume  etablie,ins  dans  
 dans  le  Cloitre  de  faire  cela  à  tous  1= cloitre,  
 ceux  qui  viennent  àjerufalem.  On  
 le  fit  auffi  à  trois  Religieux  qui  
 étoient  venus  depuis  peu.  Cette  
 Cérémonie  fc  fit  dans  une  galerie  
 haute,  vis  à  vis  de  la  porte  de  l'Eglife, 
   en  prefence  de  tous  les  Religieux  
 du  Cloitre.  On  vous  met  
 dans  un  beau  fautueil  devant  lequel  
 il  y  a  une  cuvette  avec  de  l'eau  
 chaude  dans  laquelle  on  a  mis  quelques  
 fueilles  de  rofes  &  d'autres  
 fleurs  avec  des  herbes  de  fenteur.  
 On  y  met  premièrement  un  pied  qui  
 a  été  auparavant  bien  nettoyé.  Ënfuite  
 de  quoi  un  Religieux  appuyé  
 fur  fes  genoux,  vous  ave.  Ce  fut  
 le  Pere  Vicaire  qui  fit  cet  office  à  
 mon  égard,  parce  que  le  Pere  Gardien  
 ou  Reverendiffime  demeuroic  
 alors  à  Bethlehem.  Quand  on  a  
 achevé  de  laver  le  pied  ,  celui  qui  
 l'a  lavé  le  baife,  &  après  lui  tous  es  
 Religieux  du  Couvent  le  viennent  
 baifer  auffi  -,  enfuite  de  quoi  celui  
 qui  a  été  lavé  baife  la  main  de  celui  
 qui  a  pris  cette  peine  ,  pour  
 lui  en  marquer  fa  reconnoiiTance.  
 Cela  fait  on  va  un  cierge  allumé  
 en  proceffion  autour  de  la  galerie  
 du  Cloitre  ,  &  enfuite  dans  l'Eglife  
 où  l'on  fait  les  prieres  accoutumées  
 ,  &  c'eft  par  là  que  finit  toute  
 la  Cérémonie.  
 L  I  3  C H A P I .  
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