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150 VOYAGE au LEVANT
verte qu'elles attachent à leur Tarpous.
Ce Tarpons qui cft la coiffure
qui fert d'ornement aux femmes,
eft un grand bonnet à iix ou
à huit pans , fait d'un brocard
d'or ou de quelque autre riche
étoffé, ,& il eft attaché autour de
leur tête par le moien d'un mou
choir en broderie d'or ou d'ar
gent, qui d'un côté leur pend négligemment
en bas. Les plus qualil^
es l'ornent encore de pierrelies
i mais celles qui ne font pas
Il riches fe contentent d'y mettre
des fleurs ou quelques autres femblables
ornemens , qu'elles entre
mêlent de tant de façons different
e , que la vue s'y pert agréablement
, & que la beauté naturelle
des femmes en eft confiderablement
augmentée ; & ce qui fert
encore à mieux tromper la vue ,
c'eft qu'elles fe fardent toutes, &
qu'elles fe peignent les fourcils &
les paupieres d'un certain noir qu'-
elles appellent Surme. Cette coiffure
eft extrêmement galante , &
donne d'ailleurs de la majefté
aux perfonnes de qualité. Mais
dans la maifon elles ont fimplement
un bonnet de drap rouge,
fait à peu prés comme nos bonnets
de nuit , mais plus long , &
qui a quatre cornes au haut, & un
tour de perles vers le milieu, ou
quelque autre ornement pour le
rendre plus agreable. Les femmes
fe fervent auffi de Feredges quand
elles fortent, & d'une autre forte
de voile plus agreable nommé
Kirkié. Mais au leu de celui-ci
elles portent en hyver une efpece
de vefte ou de manteau de Drap
avec une fourrure. Celles-ci font
bien plus étroites , & les manches
qui en font fort ferrées leur viennent
jufqu'au poignet. Les perfonnes
de qualité les doublent de
Samour ou Marte Zibeline qui eft
une fourrure qui leur coûte beaucoup.
On y en voit qui reviennent
jufqu'à trois ou quatre cens
écus. En un mot outre la gravit
é , cet habit eft fort agreable, &
fi commode à vêtir qu'il ne faut
qu'un moment pour fe parer, comme
il eft aifé de le juger par la
defcription que je viens d'en faire.
La maniéré de s'habiller des Juifs Habits
eft la même que celle des Turcs ,
finon que la couleur qu'ils portent
c'eft le violet , & que leur habit
de deffus doit être noir. Mais la
coiffure de leurs femmes eft fort
différente de celle des femmes "Turques.
Tout cela fe remarquera
fort bien dans la reprefentation
que j'en ai donnée d'après nature.
Comme les moeurs & le coutumes
des Turcs font fort différentes des Coutume
nôtres en plufieurs chofes, ils fe des Turcs
rafent les cheveux, & ils portent^
la barbe & les mouftaches fortveL&t
longues, & plus un homme les à la barbe,
grandes , plus il eft eftimé. Auflî
jurent-ils par elles, & l'on ne fçauroit
faire un plus grand affront à
un Turc que de le prendre par la
barbe , fuft ce même pour le baifer,
ce qui eft une efpece de civilité
parmi eux. Autant que nous
trouvons étrange de les voir avec
leurs grandes barbes, autant leur
paroiflbns nous extraordinaires avec
nos cheveux longs & nos perruques,
qu'ils appellent des nids à
Diables. Ils laiffent pourtant un
toupet de cheveux fur la tête, pour
la raifon que nous avons déjà dite.
Quand ils fiiluent ils ne fe découvrent
point la téte, parce que,nierc' Leur macomme
nous l'avons di t , c'eft parr Sa lue r .
elle qu'ils jurent, ils fe contentent
de mettre la main fur la poitrine &
de fe courber un peu le corps.
Leur falutation ordinaire eft SWa
mean aleiccn , à quoi celui qu'on
falue répond Aleicam e[felam ve
rajjemet : le premier Cgnifie Taix
vous fait , & le fécond 'Pa.x io,t
fur vous à- la miferUorde de T)ieu. „ „<,
Une chofeenquoi les Turcs diffe-nSl c
rent encore de nous, ccft la place chez
d'honneur, car ils cftiment la gau-^"™'
che plus que la droite, à caufe que
c'eft le côté où l'on porte l'epée,
& que par confequent on a dans fa
puiffiince les armes de celui qui va
à la main droite. Au refte , porter
en
T
E G Y P T E , SYRIE; &c. 131
ter l'epée au côté n'eft pas une chofe
fi ordinaire chez eux que parmi
les Chrétiens. Les Francs ne l'y
portent jamais pendant qu'ils font
parmi e\ix, non pas même les Capitaines
des vaifTeaux de guerre,
dans la crainte quils ont que les
Turcs ne fe mocqucnt d'eux. Les
cette raifon naturelle qu'ils n'ufenc
que de bons alimens & bien fains,
fans fe foucier de mets délicats &
diverfifiez, qui font fouvent préjudiciables
& qui ne fervent qu'a gâter
l'eftomac, & par confequent les
parties nobles ; Auffi font-ils rarement
- i—' mij.aalïaaduems,, &oc nII' oonntt--iiliss gguuèèrree daec ccèess imn--
Soldats Turcs ne portent point non commoditez qu'on voit f, fouvent
plus le fabre pendu au côté , à'parmi nous,comme la pierre,la gravelmoins
quils ne foient aftuellement le, lagoute&c. Ils en font redevables
icrvans. à leur fobricté, tant pour le boire
dinaire de lb elle taille, poPr"t"a"n"t fort que p o uHe manger , & en partie
à l'ufage des bains quand ils
bien le corps, & l'on trouve plus
ne les prennent pas avec excez.
de gens contrefaits dans une feuauffi
1» „ J i . j I T^r ; • ; , "" Il en eft de même ldee lleeuurrss ffeemm--
e ville de la Chrrtiente que dans mes, elles n'ont pas la taille & la
tout Itmpire du Grand Seigneur. ! demarche moins majeftueufe que les
Au refte ils ont le corps robufte , j hommes , & l'habk long qu'elles
& Ils arrivent a une grande vieil- portent y contribue extrêmement,
lelle , de quoi on pourroit rendre I
R 2 CHAPI.