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 360  VOYAGE  
 marble  en  abondance.  Mais  la  
 grandeur  des  colonnes  de  Porphyre  
 eft  en  efFet  digne  de  remarque,  
 quand  on  confidere  combien  loin  il  
 a  fallu  tranfporter  ces  groilès  pierres  
 pour  les  amener  jufqu'en  ce  pars  là.  
 Car  tout  le  monde  içait  qu'elles  ne  
 venoient  point  autre  part  que  dans  
 l'Egypte  entre  le  Caire  &  Siene,  
 entre  le  Ni l  &  la  Mer  Rouge.  Ces  
 pierres  font  fort  eftimées  pour  leur  
 couleur  &  pour  leur dureté,  &  parce  
 auûî  que  la  Nature  les  produifoiten  
 Il  grands  blocs  qu'on  en  pouvoir  
 Trouver  de  telle  grandeur  qu'on  les  
 pouvoir  fouhaitter.  Pline  dit  au  
 36.  livre  ¡imntiflibet  molibus  cadendis  
 fnfficiunt  Lapidicina.  Et  c'eft  
 un  grand  abus  ,  de  croire  comme  
 font  quelques  uns  ,  que  c'étoient  
 des  pierres  artificielles.  
 Depuis  le  temps  d'Adrien  jufqu'a  
 celui  d'Aurelien  ,  c'eft  à  dire  pendant  
 l'efpace  d'environ  14.0.  ans,  
 o n  vit  fleurir  cette  ville  ,  &  s'accroître  
 tellement  en  ncheiTes  &  en  
 force  ,  que  lors  que  l'Empereur  
 Valerien  fut  pris  par  Sapores  Roi  de  
 Perfe  ,  Odenat  l'un  des  Seigneurs  
 de  cette  ville  ,  dont  l'on  voit  le  
 nom  dans  plufieurs  de  ces  Infcriptions  
 ,  fe  trouva  en  état  de  mettre  
 fur  pied  une  puiflânte  armée,  oarce  
 que  l'Empereur  Gallien  negli'geoit  
 de  le  faire,  oubliant en  même  temps  
 ce  qu'il  devoir  à  fon  Fere  Se  à  la  
 Patrie  ;  Il  reprit  la  Mefopotamie  
 fur  les  Perfes  ,  &  poulTa  même  fi  
 loin  qu'il  perça  jufqu'a  Cteiiphonte  
 capitale  de"  cet  Empire.  En  quoi  
 il  rendit  un  fi grand  fervice  aux  Romains  
 que  Gallien  fe  trouva  obligé  
 de  Taflbcier  à  l'Empire.  Trebellms  
 Tollio  parlant  de  cela  dans  la  vie  de  
 Gallien  s'en  exprime  de  la  forte.  
 au  L E V A N T .  
 '  Irauim  fnifie  '^Deum  Reipnblica  
 credo  ,  qui  imerfiiîo  f^aleriano  noluit  
 Odenatîtm  refervare.  
 Laudatur  ejus  (GûVimi)  optimum  
 faSîum  ,  qui  Odenatiim  panicipato  
 Imperio  Auguftum  uocavit  ejufque  
 monetam  qua  Ter  fas  cflptos  trahnet  
 cudi  jujfit:  quod  Sénat  us  &  Urbs  6- 
 omnis  ¡etas  gratanter  accepit.  
 L e  même  Auteur  parle en  divers  endroits  
 de  cet  Odenat  avec  beaucoup  
 d'eftime,&  en  parlant  de  fa mot, il  dit,  
 Mais  par  un  étrange  revers  de  
 fortune  ,  cette  eftime  d'Odenat  
 fut  ce  qui  hâta  la  ruine  de  fa  ville.  
 Car  Odenat  aiant  été  aftaffiné  avec  
 fon  fils  Herodes  par  Maonius  qui  
 étoit  leur  parent  ,  &  étant  mort  
 avec  le  titre  d'Augufte  ,  fa  femme  
 Zenobie'  ,  comme  foutenant  les  
 droits  de  fon  fils  IVaballatus  qui  
 étoit  alors  en  bas  âge  ,  prétendit  
 avoir  droit  de  s'attribuer  l'Empire  
 d'Orient  >  &  elle  le  conferva  pendant  
 quelque  temps  d'une  maniere  
 digne  d'admiration  :  Et  lors  que  
 l-'Empereur  Gallien  eut  été  tué  peu  
 de  temps  après  par  fcs  propres  Soldats, 
   e  le entreprit  de joindre  encore  
 l'Egypte  à  fon  Empire;  elle  en  vint  
 à  bout  ,  &  elle  la  garda  pendant  
 quelque  temps  ,  jufqu'a  la  fin  du  
 court  Empire  de  Claude  qui  avoïc  
 fuccedé  à  Gallien.  
 Mais  lors  qu'Aurelien  eut  été  eie-,  
 vé  à  l'Empire  ,  il  ne  voulut  pas  
 laifler  plus  longtemps  le  titre  d'/iugufte  
 dans  cette  famille  .  quoi  
 qu'il  voulût  bien  confentir  qu'elle  le  
 confervât  fous  le nom  de  Vice-Cefar,  
 comme  il  paroît  clairement  par  une  
 nionnoie  Latine  ,  où  Aurelien  eft  
 d'un  côté  , &  Waballatus  de  l'autre  
 C e  nom  fe  trouve  fouvent  a^'ec  ces  
 Lettres  V.  C.  R.  ILM.  OR.  que  le  
 P.  Hardouin  a  expliqué  fort  fpintuellement  
 par  ces  mots  l'ics  Liefa,- 
 ris  ReBor  Imperii  Orieniis  :  mais  
 fans  le  titre  de  Coefar  ou  d'Augufte,  
 &  étant  couronné  de  Laurier  au  lieu  
 d'un  Diademe.  Mais  fur  la  monnoie  
 grecque  ,  qui  vrai-femblablement  
 a  été  battue  dans  leurs  propres  
 Etats  ,  on  trouve  Waballatus  
 &  Zenobie,  l'un  &  l'autre  avec  le  titre  
 de  cgBACTOi.  J'en  ai  vu  deux  
 Latines  ,  qui  étoient  telles  que  je  
 viens  'de  les  décrire  ,  excepté  les  
 points.  
 Au  refte  comme  Zenobie  ne  fe  
 vouloir  pas  contenter,  à  moins  
 qu'elle  n'eût  une  part  à  l'Empire  ,  
 &  qu'Aurelien  demeuroir  toujours  
 ferme  à  le  vouloir  retenir  pour  lui  
 feul,  
 en  E G Y P T E .  SYRÎE,  
 feul  ,  ils  ne  furent  pas  longtemps  
 fans  fe  brouiller.  Aurelien  marcha  
 contre  Zenobie  ,  &  après  avoir  
 défait  fes  troupes  en  deux  batailles  
 rangées  ,  il  l'alliegea  elle  même  
 dans  Palmyre  ,  &  l'y  tint  renfermée. 
   Les  aftiegez  voiant  que  toute  
 la  refiftance  qu'ils  avoient  faite  ne  
 pouvoir  rien  contre  la  refolution  &  
 la  fermeté  de  cet  Empereur  ,  rendirent  
 leur  ville;  &  Zenobie  s'étant  
 enfuie  avec  fon  fils  ,  fut  pourfuivie  
 &  prife  prifonniere  -,  de  quoi  
 Aurelien  fe  contentant,  il  pardonna  
 à  la  ville  ,  &  après  y  avoir  laiifé  
 quelque  garnifon  ,  s'en  retourna  à  
 Rome  ,  emmenant  cette  FrinceiTe  
 prifonniere.  Cependant  les  Palmy  
 reniens,  croiant  qu'il  ne  reviendroit  
 plus  ,  firent  un  foulevement  pour  
 fe  mettre  en  liberté  ,  comme  Vopifcus  
 le  remarque  ,  &  ils  égorgèrent  
 la  garnifon  que  l'Empereur  avoit  
 laiffée  dans  leur  ville  :  Ce  
 qu'Aurelien  aiant  appris  ,  quoi  
 qu'alors  il  fût  déjà  rentré  en  Europe  
 avec  fa  fierté  ordinaire,  il retourna  en  
 diligence  furfes  pas,  &aiantramaflé  
 &  que  le  premier  an  de  l'empire  
 d'Aurelien  étoit  le  quatrième  de  
 Waballatus.  Et  felon  le  témoignage  
 de  Pollion  Odenat  fut  proclamé  
 Fice-Cefar  de  l'Orient  l'an  de  Jefus  
 Chrift  263.  fous  le  Confulat  de  
 Gallienus  &  de  Saturninus  ,  &  il  
 mourut  avant  Gallienus  ,  mais  dans  
 la  même  année  fçavoir  267.  qui  felon  
 les  anciennes  monnoies  étoit  la  
 premiere  de  Waballatus  ,  &  par  
 confequent  il  a  fuivi  immédiatement  
 O d e n a t ,  puis  qu'il  étoit  fans  doute  
 l'aîné  des  enfans  qu'il  avoir  eus  
 de  Zenobie  ,  &  non  fon  petit  fils,  
 c'eft  à  dire  le  fils  d'Herodes,  comme  
 le  croient  quelques  fçavans.  Car  
 fi  Zenobie  ne  voulut  pas  foufftir  
 qu'Herodcs  fils  d'Odenat  &  d'une  
 premiere  femme  liicceddt  à  fon  Pere  
 dans  l'Empire  ,  au  prejudice  de  les  
 propres  enfans,  &  que  ce  fut  pour  
 cela  qu'elle  confentit  à  fi  more,  
 comme  Pollion  le  dit  d'Herodes  &  
 de  Ma:onius  ,  beaucoup  moins  
 auroit-elle  fouffert  le  titre  d'Augufte  
 au  fils  d'Herodes  ,  vû  principalement  
 que  fon  propre  fils  étoit  vraien  
 chemin  des  forces  fufHfantes,  iP  femblablement  plus  aagé  que  ce  per  
 I.,  r^  j -  , (.jj-fjij.  de  forte qu'il  y a toutes  les  apparences  
 qu'Herennianus,  &Timolaiis  
 que Pollion  conte  entre  les  trente  
 Tyrans,  ont  été  d'autres  enfans  plus  
 jeunes  de  Zenobie,  à qui  elle  donna  
 la  prit  une  fécondé  fois  fans  grande  
 refiftance,  &  y  fit  tout  pafler  au  fil  
 de  l'epée  avec  une  feverité  extraordinaire  
 ,  comme  il  le  témoigne  lui  
 même  dans  une  lettre  que  Vopifcus  
 nous  a  laiffée,  &  la  donna  au  pilla-1audi  le  même  titre  par  une  inclinar^^ 
 g e  à  fcs   foldats.  E17t..   c..''«e/fIt-   une  chofe  _  ÎT-  U S  
 qui  mérité  d'être  remarquée,  qu'il  
 n'y  a  pas  une  des  Lifcriptions  
 Grecques  qui  foit  d'une  date  plus  
 recente  que  cette  ruine  de  la.ville  
 tion  aftèz  naturelle  à  une  mere.  
 Mais  il  faut  remarquer  que  furies  
 monnoies  Grecques  le  nom  de  ce  
 Prince  eft  oadinairement  écrit •  
 AYr-SPMIAC  OYABAAAATOSAeHNOY  
 qui  lui  eft  arrivée  environ  l'an  272.ICcomme  Tr./i'dZ!  dit  qu'il  l'a  trouvé  
 de  Jefus  Chrift  ,  après  avoir  tenu  ' fur  plufieurs  Médaillés  ,  mais  'Taavec  
 quelque  gloire  le  fiege  de  tin  a  écrit  au  dernier  mot  fimplel'Empire  
 en  Orient  pendant  neuf  ment  ASH-Je  voudrois  de  bon  coeur  
 ou  dix  ans. ^  1  voir  de  ces  curieufes  monnoies,  
 Et  de  là  l'on  peut  voir  combien  principalement  fi  elles  avoient  été  
 les  monnoyes  ou  anciennes  medail-  ' trouvées  dans  la  ville  de  Palmyre  
 les  font  utiles  pour  reclairciflement  ! ou  aux  environs  ,  car  j'ai  bien  du  
 de  l'hiftoire  ,  car  ce  n'eft  que  par  lpench.ant  à  croire  que  fon  vrai  nom  
 ce  moien  qu'on  a  découvert  qu'il  y  ' ¿toit  zJEranes  Waballatus  ,  coma  
 eu  un  Prince  nommé  Waballatus  'me  il  y  a  eu  un  de  fes  predeccftcurs  
 (Vopifcus  l'appelle  fimplement  Bal-  dans  l'Infcription  de  la  page  ^ j . , . )  
 &  ce  font  les mêmes  monnoies  
 qui  nous  apprennent  qu'Odenat  a  
 porté  le titre d'Auguf t e  pen dant  quatre  
 ans,  &  Waballatus  au moins  fix,  
 non  obflant  que  les  villes  les  plus  
 éloignées  de  l'Afie  &  de  l'Jonie  par  
 méprife  peut-être  aient  écrit  Hermias  
 ,  &  il  eft  vrai-femblablc  
 Z  z  que  
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