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282 VOYAGE au L EVANT
doit imprimer la marque vous prend
le bras de fa main ganclie,& en tient
la peau etcnduë bien ferme, pendant
que de ia main droite il tient deux
aiguilles attachées enfemble & enveloppées
de laine, avec lefquelles
il picque dans les lignes marquées
le plus également qu'il lui eft poffible
, afin que la trace en foit mieux
marquée, & quoiqu'il enfonce afl'ez
avant , le fang n'en fort pas. Mais
je croi que la pctiteflè des trous, que
l'on peut à peine apercevoir, en eft
la caufe. Apres cela on frotte cet
endroit du bras avec une efpece
d'encre, qui dans l'efpace de vingtquatre
heures qu'on l'y laiiTe avec le
linge dont on l'a enveloppé , pénétré
tellement, que les lignes où l'on
a fait les petits points d'aiguille, paroiftènt
noires ou bleuitres, mais fi
bien faites qu'on diroit qu'elles font
peintes , & cette couleur demeure
toujours auffi belle, tout le temps
que la perfonne vit. Il y en a qui
difent que cette irapreffion des marques
fe fait avec tant^de douleur
qu'elle caufe ordinairement une pe.
tite fièvre. Pour ce qui eft de moi
je n'en : ai rien aperçii, & à Cegard
de la douleur , je ne fçai pas ii
j'ai la peau plus dure que les autres
hommes , mais je ne trouvai
pas que ce ftit un mal autrement in-
' fupportable , & ,1 me femble que
les ventoufes font beaucoup plus
I douloureufes j ce que je ne dis pourtant,
qu'autant que je l'ai pu voir
dans les autres , car je ne m'en fuis
jamais fait appliquer. J'ajouterai
j pourtant que fi l'on imprimoit ces
marques autre part que liir le bras,
j & fur un endroit oii la chairfûtphis
! tendre & le fentiment plus vif, cela
ne fe paiferoit pas fi doucement.
, Car aianc eu la curiofté de m'en
j faire appliquer quelques unes fur la
; poitrine, cela me fit bien palTer l'envie
de rire. J'en ai vù pourrann
qui, ^ foit par devotion foit par grimace
, s'en faifoient mettre par tout fur la
poitrine s mais alors il peut bien fur
venir de la fievre , & je ne doute
pas que ce n'en foit une fuite affeurée.
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