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 par  laqiielle • on  entre  dans  l'EgUfo  
 après  avoir  paflc  une  pedcc  cour.  
 Il  y  a  au  devant  un  fort  beau  portail  
 ,  dont  les  murailles,  font  ornées, 
   de  tous  les  cotez, d'ouvrage  de  
 MofaiquC ) mais fi gâté qu'on  n'y  peut  
 plus  rien  connoitre.  J'y  trouvai  
 auffi  dans  la  muraille  une  grande  
 pierre  où  étoient  gravées  des  
 lettres  telles  qu'on  les  peut  Voir  
 N®.  201.  Elles  font,  ii  diiFcrentes  
 de  figure  qu'on  n'y  trouve  aucune  
 propriété  de  .  mots  ni  de  
 ièns.  La  longueur  de  cette  Eglife,  
 fans  compter  le  Choeur  ,  eft  
 d'environ  foixante  pieds  ,  &  la  
 largeur  de  quarante  lix.  Au  mi  
 lieu  il  y  a  quatre  piliers  qui  ne  font  
 que  de  pierre  ordinaire,  &  raifonnablcment  
 hauts.  Les  murailles  
 font  ornées  de  fix  ou  fept  Tableaux  
 Portes,  &  devant  b  pruiripulc  d._-s  
 t r o i s ,  uà  beau Torini .  Seu.e  l""!- 
 Iiei's  fur  k-((.]uels  rcpofunt  les  arcades  
 foutiennent  la  ybute..  Au'dciluscn  
 voit  encore  le  refte d'une  ancienne  
 Tour  avec  :une  autre  de  ces  derniers  
 temps  où  à  la  moderne,  qui  eft  encore  
 touted  entiere.  On  ne  permet  
 à  aucun  Chrétien  d'y  entrer;  mais  
 on  leur  laifte  la  liberté  d'en  approcher, 
   &  de  la  viiiter  de  prés par  dehors  
 ,  tant  qu'il  leur  plaits  Allez  
 prés  de  cette  Eglife  on  trouve  un  
 aflêz  beau  bâtiment  ancien,  &  qui  
 eft  prefquG  tout  entier;  mon  fentiment  
 eft  qu'anciennement  il  a  fervi  
 l'Eglife.  La  voûte  en  eft  ioutenuë  
 par  deux  Piliers.  Cela  fert  à  prefent  
 de  Bazar  ou  de  halle  publique,  
 où  les  Marchans  cxpolent  leurs  
 __  I marchandifes  en  vente.  Outre  ces  
 anciens.  Outre  le Chceùr  ifcy  a  en- ! deux  pieces  on  voit  encore  plulieurs- 
 Gore  .. iin  autre,  appartçnjent.;  ,En|  reftes  d'antiqiikez.  La  ville  eft  fort  
 un  mot  c'cft  dommage.  qàiB ce Cloil  '  ""  ''  "  
 tre  rie  foit  point  habité  ,  car  
 il  eft  fort  bien  pourvu  de  toutes  fortes  
 de  commoditez  ,  &  iîtué  dans  
 un  endroit  suffi  agréable  qu'on  en  
 pût  trouver  ailleurs.  Le  village  qùi  
 eft  auprès  ne  confifte  qu'en  un  petit  
 nombre  de  maifons  ,  &  ¡s'appelle  
 Cafafani.  L.e  Bourg  Stiernia  avec  
 le  Château  dont  nous  avons  parlé,  
 n'eft  éloigné  de  ce  Cloitre  qu'environ  
 trois  milles  d'italie.  
 Environ  fur  les  trois heures,  nous  
 mediocre  ,  : ^  'n'a. prefque generaieraent  
 que de fèrtfimples maifons.  La  
 niuraille  qui  l'environne  eft  fort  baf"  
 fe",  ruais  en  grande  pamç  route  cn- 
 -tierç.  Tout  autour  il.y  a  pluliciirs  
 canons  de  fonte,  mais  dont  enne fe  
 fert  point,  ik  ils  font  par  terre.  Les  
 remparts  en  font  très  peu  de  chofe  
 &= Oli y  entre  par  trois Torres.  Les  
 Grecs  occupent  en  grande  partie  un  
 des  côtez  de  la  ville,  &  ils  demeurent  
 tous  les  uns  auprès  des  autres.  
 ^  _  ^ Hors  du ve,   l»acl   vv ii ll li ev   ii ll   y  a  quantité  de-j   
 remontâmes  fur  nos  mules,  repre-  Palmiers.  On  fait  là  beaucoup  d'enniainnrt   
 eenn   npaarrrtiipe   llpe   minpêmie"   (c.'hhie^mfirn. , Í r^fffp riíí Cf^^rr,  _  
 c'eft  à  dire  par  la  montagri'e,  &  enfuite  
 par  la  plaine  pour  aller  à  Nicofie  
 ,  ou  nous  arrivâmes  le  foir,  
 après  avoir  paifé  quelques  villages.  
 Le  matin,  qui  étoit  le  fixiéme  
 j o u r ,  j 'aalnlai  voir  la  viilile.  J 'yy   ttrrou-   dont  nous  avons  parlé.  Ce  
 vai  beaucoup  de  beaux  bâtimens  tagne  eft  pourtant  un  peu  
 ff -anirtrs-   en  maniere  de  PT 'a^ Il.ai .irs.  ,  mr->-ia  i..s    peu  1  •  
 habitez,  &  encore  plus  mal  entretenus. 
   On  y  voit  encore  quatre Eglifes  
 anciennes  qui fervent  aujourd'hui  
 de  Mofquées  aux Turcs, &  qui  font  
 en  aflez  bon  état.  La  principale eft  
 celle  deS.Sophie.  Ellecftd'uneraifonnable  
 grandeur  &  d'une  
 jolie  architefture  ,  elle  eft  plus  
 grande  que  celle  du  même  nom  qui  
 eft  à  Famagoufte.  L'Eglife  a  trois  
 tofFes  de  foye,  &  entre autres de fort  
 belles  Dimittes.  
 Un  peu  après  midi,  nous  quittâmes  
 la  ville  de  Nicofie,  dont  n'cft  
 pas  éloignée  la  petite montagne  d'oii  
 l'on  apporte  les  huîtres  pétrifiées  
 dont  nous  avons  parlé.  Cette  monloin  
 du  
 grand  chemin.  Nous  rencontrâmes  
 là  plufieurs  villages  ,  &  les  ruines  
 d'un  grand  bâtiment  quarré  dont  on  
 voit  encore  l'enceintc  des  murailles.  
 Ce  chemin  eft  en  grande  partie  entre  
 de  petites  montagnes.  Enfuite  
 , je  vis  encore  une  petite  Eglife à l'an-  p^^j^ur  u  
 fort  tique  ,  &  enfin  je  fus  de  retour  à L.nnucl  
 Larnica  ,  comme  le  folcil  fc  couchoit. 
   
 CHAPIen  
 E  G  Y  P  T  E ,  S  Y  II  I E ,  &c.  381  
 C h a p i t r e  LXXIÍ.  
 Foiage  à  Chiù.  cMofciuée  oâeftlefepukredela-SMerê  
 de  Mahomet.  Varticularitez  de  Lamica.  l^iUes  de  flfle  de Chypre.  
 Maniere  de  recueillir  le  Ladamm.  Tarticttlaritezd'unCloitredeiirecs  
 ou  l'on garde  un  morceau  du  bois  de  la  Croix  de  Notre  Seigneur.  Hi- 
 Jloire  furprenante  des  Sauterelles.  DemeuredesCicognes.  'Pierredont  
 on  fait  de  la  toile  &  du papier.  Fruits  à"  autres  commoditez  de  Chypre. 
   
 Voyclge  
 Cliiti.'  
 Ì  A  Près  que  nous  nous  fumes  repolez  
 quelque  temps  nous  allâmes  
 à Chiti.  Ce lieu autrefois fi celebre  
 ne  confifte  à  prefent  qu'en  
 quelques  chetives  mailons.  Il  y  en  
 a  qui  prétendent  que  ç'a  été  la  premiere  
 demeure  de  la  Deefte  Venus,  
 quoi  que  d'autres  le  difent  de  Baffa  
 appellee  anciennement  lors  
 que  fortant  de  la  Mer  où  elle  avoit  
 pris  naiffance ,  elle  aborda  à  terre,  
 parce  qu'on  croit  que  Cypre  eft  l'I  
 fie où  elle  aborda,  d'où  aufti  elle  à  
 pris  fon  nom  de  Cypris.  
 Chiti  a  tenu  longtemps  lerangde  
 Baronie.  On  y  voit  encore  une  
 partie  d'un  grand  Bâtiment  ancien ,  
 auprès  duquel  il y a un puits,  qui eft:  
 de  même  fort  ancien  &  très  profond  
 ;  j'y  vis  encore  de  l'eau.  Il eft  
 aifé  de  juger  par  la  beauté  de  ce  
 puits,  que  le  bâtiment  dont  il  étoit  
 line  dépendance  étoit  quelque chofe  
 de  magnifique.  Tous  les  environs  
 de  ce  lieu  font  fort  agreables,  étant  
 plantez  de  quantité  d'orangers  & de  
 citronniers  .  mais  ce  qui  fait pitié,  
 c'eft  de  voir  que  tout  cela  eft  extrêmement  
 dcfert  ,  &  que  comme  il  
 n'eft  point  cultivé  ,  les  broflailles  
 croiiTent  par  tout.  S'il  y  avoit  des  
 gens  tant  foit  peu  curieux  qui  y  demeuraffent  
 ,  on  en  pourroit  faire  
 aiféinent  un  Paradis  terrefttre.  
 L'ombre  agreable  de ces  arbres  &  la  
 bonne  odeur  qu'on  y  fent  nous  invitèrent  
 à  nous  y  arrêter  pour  dincr.  
 Apres  que  nous  eûmes  mangé  nous  
 remontâmes  à  cheval,  pour  retourner  
 à  Larnica  ,  d'où  ce  lieu  n'eft  
 éloigné  que  d)me  lieiië  & demie;  le  
 chemin  eft  une  plaine  unie  &:  fort  
 agreable.  
 Ce  fut  à  ce  retour  que  nous  paf- sai¡r.¡.s.  
 fames  par  les  Salines  ou  balfins falez. 
   Nous  y  vimes  un  peu  d'eau  Se  
 plufieurs  monceaux  de  fel  ,  parce  
 qu'on  étoit  alors  occupé  à  le ramaf- 
 1er  ,  &  tous  les  jours  l'eau  en  produifojt  
 de  nouveau.  
 Auprès  de  ces  Salines  il  y  a  une  Mofquéé  
 Mofquée  où  les Turcs  difent  qu'eft &  
 le  iepulcre  de  A/«^  Mere  de  leur  
 Prophète  Mahomet.  Ce  fepulcre Mahomet,  
 eft  environné  de  trois  grandes  pierres  
 dont  il  y  en  a  deux  qui  font  debout  
 ,  6c  l'autre  eft etenduë  deflùs.  
 Les  deux font larges de treize paumes  
 &  pour  le  moins  une  fois  aufli  hautes. 
   A  prefent  elles  font  enduites  
 de  chaux  ,  en forte qu'on  nefçauroit  
 plus  les  voir.  Comme  il  n'y  a  rien  
 autre  chofe  de  remarquab  e  fur  ce  
 chemin  ,  il  faut  que  nous  parlions  
 un  peu  de  Larnica.  
 Ce  n'eft  qu'un  Bourg  ordinaire,  
 où  l'on  voit  encore  une  Eglife  aifez  
 antique  avec  une  Tour ;  on  y  voit  
 aufli  plufieurs  reftes  d'une  ancienne  
 ville.  C'eft  là  que  demeurent  tous  
 les  marchands  Européens  qui  font  
 tous  François  ,  quoi  qu'i  s'y  en  
 trouve  pourtant  quelque  fois  des autres  
 Nations  ,  du  temps  que  j'y  
 étois,  il  vint  un  Anglois  s'y  établir.  
 Ils  ont  leurs  Magafins  auprès  des  
 Salines  ou  baftins de  fel  qui  font  fur  
 le  bord  de  la  mer,  où  les  vaiifcaux  
 font  à  l'ancre.  Dans  le même  endroit  
 il  y  a  une  petite  Eglife ancienne  
 dediée  à  S.  Lazare  ,  où  l'on  
 montre  fous  terre  le  tombeau  de  ce  
 B  b  b  3  Saints  
 I  
 :  Jj  
 ;  
 PM.