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 V O Y A G E  au  LEV  ANT  
 C H A P I T R E  Llli.  
 Uauteur  ya  à la Montagne  da  Olbierspouràfmer  la  ville  
 defemjalem,  fiforme  extérieure  O-c.  
 Le  lendemain  de  mon  retour  ciiii  
 4 étoit  l l'Autenr  e  Dimanche ,  je  me  repo.  
 va  fur  la,  i.i^  itpu- 
 Montagne.  " "  Pe"  > &  jc  n  allai  nulle  part;  
 des  Òli-mais  le  jour  fiiivant  j'allai  à  la  
 des  Oliviers  pour  deffi- 
 Jeruialcra.  ^l'Is-  L'endroit  que  je  choilis  
 ne  fut  pas  celui  où  étoit  jefus  
 Chrift  lors  qu'il  pleura  fur  elle;  
 parce  que  les  autres  qui  y  font  allez  
 avant  moi  l'ont  toujours  repreientée  
 de  ce  côté  là.  j'allai  donc  
 rae  placer  un  peu  plus  loin  vers  
 le  midi  de  la  montagne  ,  afin  de  
 prendre  le  crayon  de  la  ville  autant  
 qu'il  me  feroit  poffible  du  côté  du  
 Sud-Eft.  J'étois  accompagné  de  
 deux  Religieux  &  du  Drogeman  
 qui  faifoient  continuellement  garde  
 autour  de  moi,  afin  de  n'etre  vu  de  
 perfonne  pendant  que  j'etois  dans  
 cette  occupation.  Et  pour  nous  
 mieux  précautionner  ,  nous  avions  
 toujours  auprès  de  nous  une  petite  
 corbeille  pleine  de  ce  qu'il  faut  
 pour  faire  un  repas,  &  nous  faifions  
 femblant  de  manger  &  de  boire  
 dès  que  nous  voiyons  quelqu'un  
 approcher  de  nous  ,  ce  qui  nous  
 arrivoit  quelque  fois.  Je  fus  même  
 obligé  d'interrompre  mon  ouvrage  
 de  temps  en  temps,  &  de  
 le  remettre  à  un  autre  jour,  à  caufe  
 du  danger  qui  eût  pu  nous  en  
 arriver  ,  comme  je  l'ai  dit  autre  
 part,  en  parlant  de  l'ombrage  que  
 les  Turcs  prennent  à  cet  eo-ard  
 Aulli  le  Pere  Revercndiffime  m'avoit 
 il  inftamment  prié  que  je  ne  
 deffinaiTe  point  la  ville,  me  reprefentant  
 le  malheur  qui  en  pourroit  
 arriver  au  Cloître  ñ  les  Turcs  m'apercevoient; 
   Mais  c'étoit  en  vain,  
 &  rien  n'eût  été  capable  de  m'en  
 détourner.  Je  lui  promis  feulement  
 que  je  mettrois  bon  ordre  à  
 n'ctrc  pas  pris  fur  le  fai t,  &  qu'au  
 reile  il  pouvoir  entièrement  (è  repokr  
 fur  ma  difcretion  ,  parce  que  
 je  fçavois  bien  où  j'étois,  &  que  
 /avois  aiîez  appris  à  connoitrc  les  
 Turcs  &c.  Enfin  le 6. de  Novembre  
 qui  étoit  le  troifiême  depuis  
 que  j'avois  commencé  ,  j'achevai  
 mon  deiTein  dejerufalem.  
 Cette  ville  paroit  fort  belle  de  „  
 cet  endroit  de  la  Montagne  dcsc^^TJ.  
 yiiviers  ,  parce  qu'il  n'y  a  point  P^oit par  
 d  autres  objets  qui  en  empêchent  
 la  vue,  &  qu'on  la  découvre  là  d'un  
 coup  d'oeil  avec  toutes  fes  beaurez, 
   entre  lefquelles  excelle  la  Mofquée  
 que  les  Turcs  appellent  le  
 lemple  de  Salomon.  Elle  fait  un  
 bel  effet  à  la  vue,  parce  qu'elle  eft  
 prelque  toute  revetuë  de  bricques  
 vernies  qui  jettent  un  grand  éclat,  
 principalement  lors  que  le  Soleil  
 donne  deiTus  :  dans  ce  temps  là  
 le  haut  des  murailles  qui  eft  de  
 briques  vertes  &  bleues  brille  tellement  
 que  la  vue  en  eft  eblouie.  
 La  Mofquee  eft  toute  couverte  de  
 plomb,  de  même  que  le  Dome,  &  
 fur  la  pointe  on  voit  un  affez  
 grand  croiiTant  qui  eft  doré  Tout  
 autour  II  y  a  plufieurs  bátimens  
 avec  des  arcades  ,  comme  on  le  
 peut  voir  dans  la  Taille-douce;  Et  
 la  place  au  milieu  de  laquelle  il  eft  
 batí  eft  plantée  de  quantité  d'arbres  
 l o u r  ce  qui  regarde  les  lieux  que  
 I on  voit  de  l'endroit  d'où  je  defiinai  
 la  ville  ,  tant  ceux  qui  font  
 dans  ion  enceinte  ,  que  ceux  qui  
 iont  aux  environs  ,  je  les  ai  marquez  
 de  chifres  felon  l'ordre  qui  
 N",  I. repre/entc  le  Bourg  de  Siloé, 
   
 2.  Le  Bourg  du  Mauvais  Confeil.  
 3'  La  maifon,  ou  la  Tour  de  Simeon. 
   
 4.  l'E