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 1  VOYAGE  au  L E V A N T  
 raretez.  On  me  mena  chez  Mon-1 brûlée  entièrement.  Je^vins  tout  
 fieur  Laurept  à'Addevhelm  Qon-  d'une  fuite  T.'^,Straatspurg  dans  la  
 feiller  de  k  Chambre.,  &  Bourg-  Carinthie  -¡'iiAi.  28.  à  €loufe  qui eft  
 raeftre  de  la  Ville  ,  qui  me  fit  
 voir  une  chambre  pleine  de  Raretez  
 ,  mais  fur  tout  d'animaux,  &  
 de  tout  ce  que  la  Nature  produit  de  
 plus  curieux  dans  l 'Eau,  ce  quimérite  
 aflurément  d'être  vû.  J'en  partis  
 apresy  avoir  demeuré  trois  jourS:  
 &  je  paffai  le  2 S.  par  Marhnberg  .  
 il Arri«'c  4-  ''s  Novembre  ^XÎ  Egloww,  
 à Vienne.  &  le  8.. je  vins  à  On  m'y  
 mena  voir  le  Cabinet  dc'l'fempercur  
 ,  qui,  eft  enrichi  entre  autres  
 chofes  de quantité  d'çxceÎlentes  peintures  
 des  plus  habiles  maiftres.  Cette  
 ville  eft  belle  &  agréable,  environnée  
 d'un  beau  rempart,  &  accompagnée  
 le  commencement  d'Italie.  En  
 continuant  je  vins  le  f.  Décembre  à  
 Venife,  d'oii  je  partis  la  nuit  par  
 une  barque  pour  Ferrare  ,  n'  ofant  
 pas  m'arrefter  là,  mais  tàchant,d'etre  
 de  grands  Fauxbourgs,  
 donc  de  mefme  de  Ferrare  &  de  
 Boulogne,  afin  de  pouvoir  demeurer  
 un  jour  ou  deux  à f / o r iwr c ,  oùj'ar-  EtArrir, 
 ivai  le  12.  du  mois.  J'y  allai  voirve  à Flotoutes  
 Grand  Duc  ,  dont  en  palTant  je  
 ferai  part  au  Lefteur.  
 On  me montra  entre autres chofes un  
 ^rand  Cabinet  enrichi  de  pierreries,du  "cabiq 
 u ' o n  difoit  avoir  coûté  un  deroinec  du  
 million.  Il y a  à  ce cabinet une  perle  
 Tout  autour  s'etend  une  grande  
 plaine  qui  fait  un  agréable  effet  à  la  
 vue.  Pendant  le  lejour  que  j ' y  fis  
 j'allai  voir  le  Neiz-geby  c'eftl  dire  
 le  Nouveau  Bâtiment  diftant  de  la  
 ville  d'environ  une  petite  heure  de  
 chemin  ,  &  qui  eft  iitué  dans  l'  endroit  
 où  campèrent  les  Turcs lors  du  
 y  voit  aulli  une  efpece  de  Rocher  
 tout  de  perles  fort grolTes,  plufieurs  
 autres  cabinets  curieux,  &  une  infinité  
 Siège  de  Vienne  fous  SnXiiaSolyman  
 en  l'an  1^29.  Ce  lieu  a  été  bâti  
 pour  y  conferver  toutes  fortes  de  
 t ê t e s  fauvages,  comme  des  Lions,  
 des  Tigres,  des  Ours,  des  Loups  
 &c.  ce  qui  fait  qu'on  y  trouve  auffi  
 tout  ce  qui  eft  neceifaire pour  les entretenir. 
   
 Dans  l'Arcenal  il  y  a  une  pierre  
 d'Aiman  grande  d'un  pied  ,  avec  
 plufieurs  fortes  d'habits  de  guerre  
 étrangers,  qu'on  dit  avoir  été  pris  
 pour  la  plus  part  fur  un  Sultan  qui  
 alloit  à  la  Mecque,  &  dont  plus  de  
 la  moitié  eft  garnie  de  pierreries;  
 Comme  auffi  1'equipage  de  trois  
 chevaux  de  felle,  dont  les  etriers,  
 qui  font  pourtant  ce.qu'il  y  a  de  
 moins  confiderable,  font  d'or  pur,  
 environ  de  l'epaiffeur du petit  doigt.  
 On  y  voit  aufli  une  Chaife  pourfervir  
 On  me  raconta  qu'une  Lionne  
 Terrible  ^i j^t  eu  des  petits  depuis  quelque  
 d^nri-i-  temps  >  l'Empereur  avoit  de  couenne  
 qui  tume  de  fe  les  faire  amener  à  l'ifdicliire  
 fuë  de  fon  difner  pour  s'en  divertir  
 miellé  qu'étant  arrivé  une  fois  qu'il  
 les  avoit  retenus  auprès  de  foi  plus  
 long  temps qu' à l'ordinaire,  la Lionne  
 en  fut  fi  irritée  qu'elle  fe  jetta  
 de  furie  fur  celui  qui  les  ramenoit,  
 &  le  déchira  quoi  que  ce  fuft  celui  
 qui  avoir  ordinairement  le  foin  de  
 la  nourrir.  Depuis  cet accident  l'Emut  
 p pereur  ne  vou  lus  de  cet  amufement. 
   
 Le  17.  Novembre  je  partis  de  
 iX^axtie  Vienne,  &paflàile2^.  ^îxNiemark  
 Vienne.  &  par  Frclo.  Je  trouvai  cette  derniere  
 garnie  de  pierreries  depuis  le  haut  
 jufqu'au  bas;  une  infinité  de  raretez  
 plufieurs  agreables  habits  d'Indiens,  
 faits  de  plumes  de  Perroquets.  On  
 voit  encore  la  Criniere  d'un  Chevd  
 laquelle  eft de  fix  braflès  de  long,  &  
 une  courroie  d'une  peau  de  boeuf  
 longue  de  deux  cens  braifes:  Le.s  
 Armes  du  Roi  de France qui  fut pris  
 à  la  bataille  de  Pavie :  Un  Sceptre  
 d'Agathe  Orientalle  ,  qu' on  dit  
 être  celui  de  l'Empereur  CA^îr/fx-  chappel- 
 ^ i n t  i  une  Epée  de  Charles-Ma-\î  Sompgne  
 place  toute  ruinée,  parce  que  
 à  Rome  avant  le Jubilé.  J'en  fis  
 les  Curiofitez  du  Cabinet  du  
 fine  auflî  groiTe  qu' une  noix.  On  
 d'autres  chofes  de  grand  prix.  
 à  une  femme  en  travail,  toute  
 de  groflês  pierres  precieufes,  &  
 icc.  J'y  vis  auflî  une  Chapelle  
 fort  magnifique  à  laquelle  on  a  dêja  
 deux  ans  au  paravant  elle  avoit  etél travaillé  foixante  
 &  dixhuit  ans,  
 f»ns  
 en  E G  y  P T  E,  S Y  R I E,  &c.  
 fans  qu'dle  foit  à  beaucoup  près  
 à  demi  achevée.  C'eft  Ferdinand  
 premier,  Duc  de  Florence  qui  
 a  commencé  cet  ouvrage.  Dans  cette  
 Chapelle  il  y  a  un Qu;irreau  qui a  
 coûté  trente  mille  ecus,  parce  qu'il  
 eft  tout  garni  de  pierres  precieufes,  
 des  plus  belles  qu'on  puiife  trouver. 
   On  me  montra  une  picce  
 de  marbre  à  laquelle  cinq  des  meilleurs  
 Maiftres  ont  travaillé  fept  
 ans  avant  qu'elle  fuft  en  état  d'etre  
 mife  en  oeuvre.  l'Autel  eft  orné  de  
 cinq  gros  Piliers  de  Criftal  de  Roche. 
   Dans  le  Palais  je  trouvai  une  
 grande  quantité  d'excellentes  peintures  
 faites par les meilleurs Maiftres,  
 &  ce  qui  eft  digne  d'etre  remarqué,  
 une  chambre  pleine  de  portraits  qui  
 repréfentent  les  plus  excellens  peintres  
 ,  chacun  delquels  a  fait  le  fien  
 de  fa  propre  main -, J e  vis  aufli  le  
 long  de  quelques  Galeries  un  grand  
 nombre  d'Antiques,  <lc  ftatuc»  de  
 'marbre  &c.  Le  Palais  mefme eft fuperbe  
 &  majeftueux  ,  principalement  
 par  devant.  La  Ville  eft  belle  
 au  dedans,  &  les  dehors  en  font  
 de  maifons  de  plaifancc  &  de  beaux  
 jardins  qui  s'étendent  jufqu'au  pied  
 de  la  montagne.  
 Le  14..  Dccembrc  je  continuai  
 mon  Voyage  &  pris  ma  route  par  
 Monte-liajome  où  il y a  d'excellent  
 Vin  Mufcat  ,  &  où  l'on  dit  qu'un  
 certain  Voyageur  s'etant  arrefté  un  
 peu  plus  que  de  raifon  ,  à  caufe de  
 ce  bon  Vin  qu'il  ne  pouvoit  quiter  
 en  but  tant  que  fon  plaifir  luicou-yageurqui  
 fta  la  vie.  Comme  il  fut  enterré moumt  
 dans  ce  lieu  là  ,  on  écrivit  fur  fa  
 tombe  pour  memoire  d'un  evenement  
 fort  agréables,  à  caufe  de  quantité  
 fi  fingulier  ces  petits  vers  Latins. 
   
 EJl.  eft.  eft.  
 Trop,  nimium  eft.  
 Jo-defuc.  D.  meus.  
 Mortuus  eft.  
 Excellent  
 Vin  
 Mufcat de  
 Monte- 
 Fiafcone ,  
 avec  r£- 
 piraphe  
 d'un  Vopour  
 C'eft  ce  que  rapportent  plufieurs  
 Voyageurs,  Se  ce  que  j'ai  auffi  remarqué. 
   
 Ayant  quitté  Monte-Fiafcone  je  
 paiTai  fi.r  Viterbe,  &  je  vinsenfuite  
 le  22.  Décembre  à  Rome.  
 enavoir  
 trop  
 bu.  
 K  2  CHAPI- 
 ; !.