
 
        
         
		i  '  
 P  R  E  F  A  C  E.  
 bien  foiivcnt  fuivi  le  S'.  Grelot  ,  &  le  S'.  Smith  dans  ce  qui  regarde  
 les  affaires  des  Grecs  d'aujourd'hui  ;  quant  ce  qu'ils  difoient  s'accordoit  
 avec  ce  que  j'en  avois  apris  moi-même;  &  je  l'ai  fait fans fcrupule  
 ,  parce  que  je  jugeois  devoir,  pour  la  fatisfattion  des  Le£beurs,  
 inferer  dans  mon  ouvrage  ,  des  chofes  qui  étoient  entièrement  cflèncielles  
 au  deflein  que  j'avois  d'ecrire  des  moeUrs  Se  des  maniérés  d'agir  
 de  ces  peuples.  Cela  ne  m'a  pourtant  pas  tellement  réuffi  ,  que  
 je  n'aye  en  quelque  peu  d'endroits,  commis  des  fautes  en  ce  qui  regarde  
 l'antiquité  ,  pour  m'en  être  trop  rapporté  à  mes  auteurs.  Qiielques  
 içavans  les  ont  remarquées  ,  &  fur  l'avis  qu'ils  m'en  ont  donné  
 j'ai  corrigé  ces  endroits  dans  cette  edition  Françoife  ,  marquant  en  
 même  temps  où  j'avois  pris  ce  que  j'avois  avancé  fur  la  bonne  foi  de  
 mes  Auteurs.  C'eft  une  fatisfaftion  que  j'ai  cru  devoir  à  ceux  qui  
 liront  mon  Livre  ,  &  je  ne  croi  pas  que  cela  tourne  à  mon  defavantage, 
   puis  qu'il  eft  de  la  fincerité  &  de  la  candeur  d'un  honnête  homme  
 ,  de  reconnoitre  les  fautes  qu'on  a  faites  ,  &  de  les  corriger  
 quand  on  le  peut.  Au  refte  le  principal  but  que  je  me  fuis  propofé  
 tn  mettant  au  jour  cet  ouvrage,  ç'a  été  de  donner  des  deiTeins  exafts  
 des  villes  ,  des  places  &  des  bâtimens  que  j'ai  rencontrez  en  voyageants  
 en  quoi  je  croi  pouvoir  dire  fans  vanité,que  j'ai  fait  une  chofe  que  perionne  
 n'avoit  encore  entrepris.  Et  pour  ce qui regarde  la jufteife de  mes  
 defleiiis,  comme  ils  ont  été  pris  fur  les  lieux  mêmes  avec  toute  l'exaftitude  
 poffible,  quoi  que  ce  fût  quelquefois  au  grand  peril  de  ma  vie,  j'ofe  
 me promettre que perfonne ne m'accufera de n'y avoir pas été  fidele;  lieu  
 que  fouvent  quand  je  fai  comparaifon  des  deiléins  qui  font  dans  les  livres  
 des  autres  voyageurs,  avec  l'état  des  chofes  qu'ils  ont  voulu  reprefenter, 
   j'y  trouve  autant  de  difference,  que  fi  pour  reprefenter  Rome  on  
 donnoit  le  plan  de  Conftantinople.  Cela  vient  ce  me  femble  de  ce  que  
 la  plû-part  du  temps  les  Taille-douces  ne  font  faites  que  fur  la  defcription  
 que  donnent  à  eur  retour  les  perfonncsquiont  voyagé;  auquel  temps  
 les  peintres  &  les  graveurs  ayant  à  peu  prés  compris  ce  qu'on  a  voulu  leur  
 reprefenter,  les  auteurs  qui  n'ont  plus  qu'une  idéeconfufe  de ce qu'ils  one  
 vù  en  voyageant,  s'imaginent  que  les  chofes  font  effedtivement  telles  que  
 le  peintre  les  a  reprefentées » ou  s'ils  y  aperçoivent  quelque  difference,  
 ils  ne  le  peuvent  pas  faire  comprendre  alTez  diftinftement  au peintre  pour  
 y  apporter  du  remede.  Ce  fera  donc  principalement  en  ceci  que  je  ferai  
 plaifir  aux  fçavans  &  aux  curieux,  &  l'approbation  que  j'efpere  qu'ils me  
 donneront  m'encouragera  à  obferver  la  même  exaftitude  dans  un  autre  
 grand  voyage  que  je  me  propofe  de  faire  bien  tôt,  fous  le  bon  plaifir  &c  
 la  proteition  de  celui  qui  conduit  toutes  chofes.  Et  fi  ceux  que  voyageront  
 après  moi  ,  s'aperçoivent  que  mes  yeux  fe  foient  trompez  en  quelques  
 endroits,  ils  me  feront  un  fingulier  plaifir  de  me redrelîer où  j'aurai  
 manqué.  C'eft  une  civilité  qu'il  me  femble  que j'ay  lieu  d'efpererdeceux  
 qui  pourront  aller  voir  les  lieux  que  j'ay  deffinez:  Mais  à  l'égard  de  ceux  
 qui  ne  les  ont  point  vus,  &  qui  n'ont  pas  même  envie  d'y  aller  jamais,  
 je  ne  fçay  fi  j'en  dois  attendre  la  même  chofe.  Car  ne  fçait  on  pas  au  
 contraire,  qu'il  y  a  toujours  des  envieux,  qui  bien  loin  d'avertir  charitablement  
 un  auteur,  des  fautes  qu'il  a  faites  ,  prennent  à  tâche au  contraire  
 de  reprendre  à  droit  ou  à  tort  ce  qu'ils  ne  connoiffent  m  n'entendent  
 point  i"  J'alleguerai  pour  preuve  de  ce  que  je  dis,  ce  qui  eft  arrivé  au  S'.  
 Grelot,  qui  ayant  mêlé  dans  fon  livre  quelques  planches  fort  bien  faites,  
 n'a  pu  éviter  la  chicane  de  quelques  efprits  peu  équitables,  &  qui  a  éré  
 obligé  pour  juftifier  fa  bonne  foi  &  fon  exaftitude  ,  d'avoir  recours  au  
 témoignage  de  ceux  qui  avoient  été  fur  les  lieux.  J'apprens  autli  qu'il  y  
 a  des  perfonnes  aifez  peu  raifonables  pour  me  faire  un procès fur mes deQ^  
 feins,  comme  fi  je  les  avois  emprunté  des  autres.  &  qu'ils  ne  fuiTcntpas  
 de  
 ¿.pi'- 
 P R E F A C E .  
 de  moi.  S'ils entendent  par là qu'on  les trouve déjà dans les livres  des autres  
 voiageurs  qui ont écrit avant moi,  il elt aile de  les confondre,en  les  examinant  
 les  unes  après  les  autres  ,  &  en  les confrontant  avec  celles qui  ont  été  imprimées  
 ci-devant.  Et  s'ils  veulent  dire  qu'ils  ne  nient  pas  que  les  deffeins  
 que  je  donne  n'ayent  été  pris  fur  les  lieux,  mais  qu'ils  prétendent  
 feulement,  que  c'eft  par  une  autre  main  que  la  mienne,  ils  font  paroirre  
 en  cela  leur  envie  &  leur  mauvaife  volonté,  puis  qu'il  leur  devroit  être  
 indifferent  de  quelle  main  ils  viennent,  pourvii  qu'ils  foient  afleurez  
 qu'ils  ont  été  fidelement  deffinez,  &  ils  donnent  à  connoitre  en  même  
 temps,  le  peu  d'exaftitude  avec  laquelle  ils  ont  lûmon;livrc,  puis  
 que  je  n'y  ai  pas  diillmulé  quelles  font  les  planches  que  j'ai  empruntées  
 des  autres,  pour  rendre  mon  livre  pluscomplet,  rendant  publiquement  
 à  ceux  qui  en  font  les  auteurs,  l'honneur  de  les  avoir  faites,  comme  
 j'y  étois  en  effet  obligé.  Je  dirai  donc  encore  une  fois  à  tous  ceux  
 qui  voudront  le  donner  la  peine  de  lire  mon  livre,  que  de  toutes  les  
 planches  qui  y  font,  il  y  en  a  huit  qui  ne  font  pas  de  moi,  fçavoir  
 N°.  I6.  N".  21.  N-.  22.  B.  N°.  22.  C.  N".  33.  N".  37.  N°.  4.1.  &  
 N".  187.  Pour  ce  qui  eft  de  toutes  les  autres  ,  plufieurs  perfonnes  
 peuvent  rendre  témoignage  que  je  les  ai  deliinées  fur  les  lieux,  &  ils  
 en  font  affeurez,  ou  pour  avoir  été  prefens,  lors  que  je  lesdeffinois,  
 ou  pour  les  leur  avoir  montrées,  incontinent  après  que  je  les  avois  
 faites.  Et  afin  qu'on  n'en  puillè  douter,  je  produirai  ici  au  lieu  de  
 témoignages  ,  quelques  lettres  fur  ce  fujet,  dont  j'efpere  que  le  Leéireur  
 équitable  fera  fatisfait,  &  qu'il  ne  s'en  fervira au refte, que pour le deffein  
 qui  m'a  oblige  de  les  produire,  qui  eft,  de  juftifier ma  diligence  &  mon  
 exaftitude.  Au  refte  je  me  tiens  fort  fatisfait  de  l'approbation  qu'ont  
 donnée  à  mon  ouvrage  plufieurs  perfonnes  d'efprit  &  de  mente  qui  one  
 fouhaitté  de  l'avoir,  &  qui  font  caufe  que  l'édition  Flamande  s'eft  aiTez  
 bien  débitée,  &  même  en  peu de  temps.  
 tÀ  
 k  «'I  
 1  
 •f  
 1  <  
 '  î  lit  
 I  m  
 ^  h !  
 Ji^'f  
 'P  
 I  fi  
 î  i'  
 0  
 y  
 S ' i l