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142- VOYAGE au L E V A N T
C H A P I T R E XXV.
Erreur des Wiageurs au fujet des gens de Lettres parmi les
Turcs, & de leurs Médecins, Afirologues à- Toetes. Maniere extraordinaire
de Decker. Embrafemens frequens à Conftantinople ù c.
MOn deiTein étok de renfermer ¡ près qu'ils en ont la.fTé couler une
roue ce qui me reftoit a direjcertaine quantité de fang, ilsreboudes
lurcs, dans un chapitre decho- chent l'ouverture en y appliquant un
les generales; Mais comme il y en a peu de coton. j r r i
Ils fe fervent auffi du feu dans
plufieurs occafions , & ils l'appliquent
avec une mèche à la partie qui
eft malade , mais cela n'eft pas fans
danger , & plufieurs en ont receu
des incommoditez confiderables.
Outre l'etude delaMcdecine, on
en trouve auffi parmi eux quis'cxer-Portes,
cent à l'Aflrologie, mais on voit rarement
qu'ils s'appliquent à d'autres
Iciences , & ils fe contentent do-
Ou s'ils s'atqueques
unes qui n'ont pù y trouver
leur place, ou plutôt , parce que
la multitude des chofes qu'on a à dire
eft fouvcnt caufe qui l'on s'embarraflè
& qu'on en oublie une partie,
j'en ferai encore un ici de quelques
matières feparées.
fceur C^elques voiageurs aiTez mal incies
voia- ftruits des affaires de l'Empire Ottogen"
S Tur c s originaires il n'y a, ^ ^^
fettres point de gens de Lettres, ni de Me- i fçavoir lire & écrire Uu
oblige lors qu'ils j tachent à la J u n s prudence , il, fe
lonc malades , d avoir recours aux bornent à entendre l'AIcoran , dans
Chiêtiens ou aux J u i f s , ou même ¡lequel eft compris tout leur Droit
p l i t ^ Eccleiîaftique, Plufieurs
Efclaves qui eft aiJez habile pour icr-i s'addonnent à la Poëfie danslaquelvir
au befom de Medecin. Je ne'le ,1s réiiffiffer.t alTez bien - Mais
veux pas tout a fait difconvenir de comme la Langue Turque n'eft pas
cela, puiique j'ai apris par expcri- fort riche, c'eft la Pcrfannequi leur
encc qu 1! y en a en effet parmi eux ^fert dans la plus part de leursPoèfies
plufieurs de ce caraftere. Mais je & de leurs chanfons.
fuis obligé de dire auffi que dans plufieurs
villes il fe trouve des Turcs
originaires qui ont connoilTance de
la Medecine & de la Chirurgie, &
que même ceux-ci , lors qu'il faut
laigner , fe fervent de très bonnes
lancettes qu'ils font venir de Perfe.
Ainfi, ce que l'on dit de clouds aiguifez,
& de petits rofeaux pointus
peut-être vrai , mais fi cela arrive,
ce n'eft qu'au défaut de meilleurs
Aitrol&o
^ ^^ cuanions.
Une des occupations auxquelles Manie,t
les Turcs prennent le plus de plaifir
c'eft la pêche, ils ont une maniéréKcL
de la faire qm eft afliz finguliere,
c'eft de pécher la nuit & avec du
feu. Ils attachent au derneredu bateau
une grille de fer fur laquelle ils
brûlent continuellement un peu de
foin , ou de petits fagots dont ils
font une grande flame. Le poiftem
qu'ils appellent Serdelle , & qui ne
inftriunens , ou bien d a n j quelques rreciiTicemmobilee ppaass mmaall àà une Sa rdine ,
endroits feulement. Car à Conftan- vient fe divertir à la lueur de cette flatinople
& dans les grandes villes je me, il s'y aiTerable en grand nomn
a i ^pas remarque qu'on foit réduitjbre, & amfi il tombe dans le filet
S " ' i c bateau. De cette
façon on en prend une quantité incroiable.
Cela fe fait encore d'une
autre maniere, fçavoir avec la fourchette,
de la même façon que chez
nous
à fe fervir de ces fortes de chofes.
Pour le mal de téte , comme ils
différent de nous en bien des chofes
, ils font une ouverture à l'endroit
où ils fentent la douleur, & ae
n E G Y P T E , SY R Í É , &c. 14 3
nous on prend les anguilles. Ils Pour arrêter le cours de la flame on
mettent la grilte avec le feu fur le coupe les maifons voifinei de l'endevant
du vaiffeau, & ils prennent droit où eft le feu, 6c quelque fois
ainfi plufieurs fortes de poiffon, ' vingt ou'trente maifons plus haut,
comme jc Pai vù faire quelque fois c'eft à dire qu'on ne commence défi
Itir les vaiiTeaux de guerre lors que , loin à les abbaerò qu'a l'égard du
j'etois a Smyrne , où nous allions j h a u t , car on ne les abbatdésle pied
iouvent avec la chaloüppe afin d'en qu'attanc que cela eft neceflaire II
acheter deux. y a de certaines perfonnes établies
, ^'fmjne la p us part des maifons pour cet effet, on les appelle
a-Conftantinople ne font prefque ' , ou, Torte-haches , ih ÚKnt
bâties que de bois, & que les T u r c s , quelques appointemens du Grand
iont forr negi,gens à l'égard du feu, [ Seigneur,, afin d'être toujours prêts
on y d t iort fujet a le voir prendre , avec leurs haches dans ces occafiaux
maifons; & quand cela arrive ons. Cependant afin d'arrêter la
lors quii fait un grand vent, com-' flamme & de conferver autant qu'on
me les rues font extraordinairement peut les maifons voifines, \eh-acetroites,
le feu y fait de fi terribles caas ou Porteurs d'eau, dont le meravagcs
qu'on ne içauroit voir ces tier ordinaire eft de porter de l'eau
embrafemens que les larmes aux , par les maifons dans des facs decui^
yeux._ Lorsque je demeurois à Ga- appeliez Louders, font obligez d'en
lata J ai vu quelque fois ce malheur ( porter toujours dans les lieux où le
arriver a Conftantinople. Entre ; feu a pris, & ainfi on vient à la fin
autres il y eut une fois environ cinq U bout de l'eteindre. Il eft vrai que
cens maifons de brûlées, Scfilevcnt îles maifons font petites pour la pkis
eut été un plus fort , il n'en fût |part, & que par confequent on les
prefque point demeure de refte. A : peut rebâtir à peu de frais • mais on
regarder cet embrafement de Calata i a des exemples comment il en eft
ou j'etois montélnr une des maifons quelque fois brûlé pour unfeulcoup
les plus elevees , cela faifoit un Ijufqu'à dix ou douze mille tantmai-
Ipettacle effrotable , & l'on eut dit fons que boutiques,
d'une ville toute enticre qui brûloir. ¡
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