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2 3 4 V O Y A G E a u L E V A N T
Mais, quoi qu'il en foit, il eft
cpnlbnt par ces trois témoignages
que le Nil vient prémierement
de fource , que cette fource a
fon commencement environ douze
degrez au de là de l'Equateur» que
cette riviere eft augmentée de plulîeurs
ruiflêaux qui viennent s'y
joindre, & qu'après avoir traverfé
l'Ethiopie en ferpentant beaucoup,
elle fe rend enfin en Egypte.
Pour ce qui regarde à prefent
l'abondance de fes eaux, il eft certain
que les pluies & les neiges
fondues n'y contribuent pas peu &
que les grandes pluycs qui tombent
continuellement pendant cinq mois,
c'eft à dire depuis le commencement
d'Avril jufqu'a la fin d 'Aouf t , felon le
témoignage de ceux qui y ont été, &
qui viennent fe rendre dans le fein de
cette riviere, la font tellement groilir
que l'Ethiopie & cnfuite l'Egypte
en font inondées , & que ce qui
n'etoit d'abord qu'une groife riviere,
après s'être épandu de côté
& d'autre de fes rivages, devient
une petite Mer ou un grand Lac,
jufqu'a ce que le beau temps revenant
dans l'Ethiopie au commencement
d'Oftobre , elle commence
à baifler, & qu'enfin l'eau, qui
fi elle demeuroit trop longtemps
fur la terre, empécheroit de l'eniemencer
, après lui avoir laif
fé un riche engrais, fe va décharger
dans k Mer Mediterranée par
les emboucheures dont nous avons
déjà parlé.
Il faut remarquer ici l'admirable
Providence de Dieu, qui non feulement
envoie dans un temps prefix
des pluyes dans l'Ethiopie afin
d'humcàer l'Egypte où il ne pleut
prefque point, mais qui de plus
donne à fon limon une graiiTe qui
amende tellement le terroir maigre,
& fablonneux de ce païs le plus
fee qui foit au monde, que les laboureurs
font obligez avant que
d'y jctter leur feraence, de mettre
du fable dans leur terre afin de corriger
l'exces de graiflé du limon
que l'eau y a laiiTé en fe retirant.
Le refte de l'Egypte qui n'eft
point inondé des eaux du Nil demeure
tout fee fablonneux & fterile.
Une autre chofe qu'on peut remarquer
dans cette Providence,
c'eft que non feulement ces greffes
pluycs viennent des pais montagneux
de l'Ethiopie pour enrichir
l'Egypte de la benediaion du Ciel,
mais auffi que felon le témoignage
des habitans au commencement de
Juin & les quatre mois fuivans, les
vents du Nord-Eft font envoiez par
ce fage condufteur du Monde, afin
de repouflèr l'eau qui s'ecoulcroic
trop tôt, & les empêcher de fe décharger
dans la Mer don: ils
leur ferment pour ainfi dire l'entrée i
Ainfi le débordement de cette riviere
eft une benediftion toute particulière
à l 'Egypte, au lieu que les débordemens
& les inondations des
autres n'arrivent gueres qu'au
grand dommage des païs où ils fe
font, ce qui pour dire la vérité arrive
auflî en quelques endroits par
le débordement du Nil.
-Cette riviere n'eft pas fort poiffonneufe
; mais de fçavoir s'il le faut
attribuer à ce que Ibn eau eft trop
trouble , ou à la deftriiftion qu'y
font du poilTon les Crocodiles &
les monftres de cette riviere, c'eft ce
que je ne fçaurois decider; je dirai
feulement que ces animaux fe tenant
la plus part du temps au haut dans
la Riviere, & ne s'en trouvant, que
très rarement & prefque jamais au
Caire , il eft evident que cette feconde
raifon n'en eft pas la caufe ,
au moins à légard du Caire. Mais
en bas le Ni l eft plein de Marfouins.
L'eau en eft très faine à boire,
& les habitans du païs fçaventla purifier
en peu de temps de fon limon
par le moicn de la pâte d'amandes,
ou de quelque autre femblable. Elle
fe purifie auffi fort bien en la mettant
dans de certains petits pots de
terre , & c'eft ainfi que j'en ufois
d'ordinaire. On ne trouve prefque
point d'autre eau par toute l'Egyple
, & c'eft ce qui eft caufe que
prefque toutes les villes, les bourgs
& les hameaux font bâtis le long de
la riviere , ce qui la rendroit fort
agréable tant à monter qu'a defcendre,
fi le païs n'etoir pas fi ruiné
m
e n E G Y P T E , S Y R IE,&c .
ni fes habitans fi pauvres & fi méchans.
, ^ • ,
Avant que de partir du Caire la
curiofité me porta à tâcher d'avoir
quelque chofe pour conferver la
memoire de l'ancienne Idolâtrie d'Egypte.
Je m'enquis donc s'il n'y
avoit point à vendre quelque part
2 3 5
de Ces petites images de leurs anciennes
Idoles, Se j'en recouvrai à
la fin trois dont je me contentai,
quoique j'en euffe pû trouver d'avantage.
J'ai cru que je fcroisplaifir
au Lefteur de les reprefenter
ici de la même grandeur que je
les ai.
La petite ftacuc d'une femme nuë
reprefentée N". i. qui tient de fes
mains qu'elle a levées en haut, line
elpece d'ornement de tête, foit
de fes cheveux ou d'autre chofe,
a fur la tête quelque chofe qui par
devant & par derriere eft droit
debout, & qui par derriere, comme
on le voit N°. 2. fert à couvrir
la tête jufqu'a ce qu'il fe raffemble
divettiflêment ou quelque jeu des
Egyptiens.
La piece ronde reprefentée N°. 3.
& qui reffemble à une monnoie
en une touffe. Cela me fut
vendu pour une ftatuë d'Ifis :
mais il faut remarquer que les fçavans
ne trouvent nulle part cette
DéefTe ainfi reprefentée, ce qui leur
fkit croire que cette petite ftatuë
reptefentc plus tôt quelque
ou médaillé ancienne , qui
d'un côté eft toute unie comme
fi elle avoit été polie, & qui a du
moins l'epaifTeur d'un Ducaton, a
fur fon autre côté en figure fore
relevée l'image d'une femme , elle
m'a été de même vendue pour une
Ifis } mais on doute auffi que c'enfoit
une, & l'on conjefture par les
ornemens qu'elle a à fa tête que
c'eft plutôt l'image - de quelque;
PrêtreiTe.
La troifiéme petite ftatuë qu'on
G g î voit
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