e n E G Y P T E . S Y R I E . See.
Micylcnc. La plus part des vaiffcaiix
y viennent comme dan« une
retraitte pour y paflcr la nuit pendant
les mauvais temps, parce qu'^
on y lift aiTcz en ièureté II y a
à ce Bababarnouë un de leurs Saints
qui y eft enterré , on le nomme
Baba qui lignifie Pcre. Les Bvirques
y jettent toujours quelque
morceau de pain : mais les Plongeons
qui y font toujours en grande
quantité en emportent la meilleure
partie.
Nous prîmes la refolution, comme
]1 étoit déjà tard, de paflèr là
cette nuit, & il y eut encore un
vaidèau qui iè joignit à nous ; il
vcnoit audi de Conftantinoplc &
étoit de Smyrne ; cependant com-!
me nous étions ici à la rade, nous
nous aperceumes que quelques Pê-.
cheurs avec une barque tàchoient
aulïï de fc venir retirer où nous
étions.
Comme ces gens avoient fait line
bonne pêche, ils nous apportèrent
pour peu d'argent ksi plus belles
Barhnnes que j'aye jamais vues.
C'eft un poiffon qui fe prend dans
la Mer , mais qui en bonté ne le
cede point aux Perches , & auflî
s'apprète-t-il de même. Il étoit bien
encore environ une heure & demie
avant Soleil couché, & comme tout)
le monde avoit grand faim, chacun^
fe mi,t en devoir pour apprêter nos ;
Barbonnes. Nôtre equippage étoit |
extraordinaire, & nos matelots mi- !
rent la main à l'ouvrage d'une ma- j
niere fi agreable & fi bouffonne
qu'on ne pouvoir s'empccher de rir
e , ajoutez à cela que le cuifinier
qui avoit grand mal aux dents, étoit
bridé d'un torchon à demi ufé qui
lui faifoit une plaifante mine. Notri
poiflbn fut rôti à une broche
faitte d'un cerceau, & telle qu'etoit
la broche telle fut auffi la cheminée
& tout le refte des uftcnfiles
de la cuifine. Cette plaifante rencontre
me fit naître l'envie d'en
faire le dciTein, pendant que -mes
confreres etoient occupez à monter
fur le rocher, ou je les ai phcez
dans la taille douce , on m'y
voit aufli auprès de la cuifine ou
j'etois allá pour voir fi le Cuifinier
étoit bieii tôt prêt. Le N' . fo. rcprelènte
cela & î'ony voit en eloi»
gncmeilt le Château de Milva fitué
fur une montagiie, & marqué
à la lettre A.
Le lendemain à neuf heures du
matin nous nous remîmes à la voile
» & nous tirâmes vers l'Ule de
Mirylene. Cependant il fc leva un
vent terrible, & la mer commença
à être fi agitée, que quelques uns
de nos matelots ne purent s'empêcher
de verfer des larmes -, car les
Grecs qui fönt de grands caufeurs
Hors qu'ils font à terre , mais de
fort pauvres gens de Marine, perdent
auffi tôt courage & fe croient
tous perdus des qu'ils ne voyent
plus la Terre , ne fachant pas oii
les vagues les doivent jetter. C'eft
ce qui nous obligea de nous offrir
à leur aider à faire la manoeuvre ,
& à leur faire honte de leur peu
de courage, par de (i fortes railbns
que cela leur remit le coeur au ventre.
Ainfi chacun fe remit à faire
fa fonction , & une heure & demie
après fe foleil couché nous arrivâmes
au Port de Mitylene.
Cette ville qui porte le même Mitylene-.
nom que l'Ifle eft raifonnablement
grande, & elle a au haut fur une
montagrre un ailèz gros Château &
qui n'cft pas peu fort. Il eft ceint
d'une double muraille, & mieux peuplé
que la ville même-, Celle ci eft
confiderable a caufe de deux beaiix
Ports. Tout le païs d'alentour eft
fort agréable , comme on le peut
voir par la reprefentation que j'en
donne ici, où le Chateau eft marqué
N°. 5-1. & la vue vis à vis du
Port qui eft comme un Gol f e , marquée
N°. 5-2.
Comme nous étions à Mitylene, ^^^
nous fumes avertis que trois Cor-fujet de
faires de Tripoli fe tenoient autour quelques
de ces côtes. Nous en avions oui
dire quelque choie à Conftantino- \y.
pie, & Monfieur Coljers Ambaffadeur
me confeilloit pour cela de
prendre mon chemin par terre 1
mais m'etant informé un peu exaitejment
de ce qui en pouvoir être, on
me dit qu'ilsb'enétoient retournez.
Mais
i ' i !