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 100  vo  Y AGE  au  L  EV  AN  T  
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 Montagne  >  au  haut  de  laquelle  eft  
 le  Cloître  des  Religieufes  ,  &  au  
 pied  eft  celui  des Moines.  Ils font,  
 tant  les  uns  que  les  autres,  vêtus de  
 noir  ,  &  fuivent  la  régie  de  S.  Antoine. 
   Or  comme  ces Filles  vivent  
 de  la  libéralité  &  des  Charitez  des  
 bonnes  ames  ,  un  jeune  Frère  qui  
 commençoit  à  s'ennuyer  de  la  folitude  
 de  ce lieu  ,  fe mit  en  téte  d'aller  
 traverfer  toute  la  Syrie  ,  fous  
 pretexte  de  faire a  l'ordinaire  une  
 quête  pour  ces  pauvres  Soeurs  ,  ce  
 qui  leur  eft  accordé  de  temps  en  
 temps  par  le  Patriarche  d'Antioche  
 dans  toute  l'ctenduë  de  fa Jurifdiftion: 
   Mais  comme  il  ne  favoit  pas  
 que  le  Couvent  de  Said-naia  devoir  
 demeurer  dans  les  bornes  du  Patriarchat  
 d'Antioche  dans  lefquelles  il  
 eft  fitué  ,  de  même  que  la  ville  de  
 Dames  ,  il  continua  fa  quête  jufqu'- 
 aupres  de  Jerulalcm  ;  aiant  pour  
 cet  effet  contrefait  les  Lettres  de  
 l'Abbefle  de  Said  naia,  &  avec  cette  
 fauflè patente  il avoir  déjà  amafle  
 une  forame confiderable ,  par  rapport  
 à  l'état  de  ce  païs  là,  qui  n'cft  
 pas  des  plus  riches.  Il  fe  propofoit  
 donc  de  continuer  fon  chemin  jufqu'à  
 Tripoli  en  Syrie  où  fon  deiTein  
 étoit  de  s'embarquer  s'il  trou voit  
 quelque  vaiilèau  ,  &  de  pailèr  en  
 Europe  ,  ou  tourner  du  côté  de  
 Conftantinople.  Mais  lors  qu'il  fut  
 venu  à  Dgebel  Ageloun,  qui eft une  
 'rande  montagne  autour  de  laquele  
 il  y  a  quantité  de  villages  &  de  
 Hameaux  de  Chrétiens  ,  il  s'y  rencontra  
 dans  le  même  temps  deux  
 Quêteurs  du  Patriarche  de  Jerufakm, 
   comme  c'eft  la  coutume  de  ce  
 Prélat  d'en  envoier  la  tous  les  ans.  
 Ceux-ci  aiant  arrété  le  Frere  lui  demandèrent  
 pour  qui il venoit recueillir  
 les  aumônes  en  ce  lieu ;  Il  repondit  
 que  c'etoit  pour Said  naia.  Les  
 Quêteurs  de  Jcrufalem  fe  faiiîrent  
 donc  de  lui  ,  &  le mirent  en  arrêt  
 comme  un  homme  qui  s'approprioit  
 leur  bien  fans  en  avoir  permilfion ;  
 ils  l'envoicrent  en  fuite à  leur  Patriarche  
 ,  qui  après  en  avoir  écrit  a  
 l'Abbefle  de  Said  naia,  lui  ôta  l'habit  
 de  Caloyer  ,  comme  indigne  
 qu'il  étoit  de  la  rie  Rehgieufe  dont  
 il  faifoit  profeffion ,  &  de  l'habit  
 qu'il  portoit.  
 C'eft  ainli  que  ces  Supérieurs  des  
 Cloitres  ,  pour  conlerver  un  refte  
 de  l'autorité  qu'ilsavoientautrefois,  
 ôtent  avec  ignominie  l'habit  Religieux  
 à  ceux  ,  qui  fans  avoir  égard  
 au  voeu  qu'ils  ont  fait  de  vivre & de  
 mourir  dans  cet  habit,  &  d'abferver  
 leurs  regies  ,  ne  veulent  pas  fe  
 foumettre  à  leurs  ordres,  ou  de  qui  
 autrement  ils  appréhendent  quelque  
 mal :  ce qui les autorife à les dégrader  
 ainfi,  c'eft  qu'effeftivement  l'on  ne  
 prend  l'habit  &  Ion  n'entre  dans  les  
 ordres  que  fous le bon  plaifir  du  Patriarche  
 ou  des  Supérieurs  des  ordres  
 &  des  Cloîtres.  
 Les  Profés &  les  autres  Religieux  
 fe  donnent  la  même  licence,  &  
 quittent  l'habit  quand  ils  le  jugent  à  
 propos  ,  &  quoi  qu'ils  aient  fait  au  
 moins  deux  ans  de  Noviciat  avant  
 leur  Profeflion  ,  ils  ne  laiffent  pas  
 de  fortir  fouvent  du  Cloître  pour  
 aller  demeurer  chez  eux,  ou  même  
 ils  quittent  tout  à  fait l'habit  &  la  
 regie  ,  mais  par  là  ils  fe  font  fort  
 méprilèr,  &  quand  ils  fontfortisdu  
 Cloître  on  les  regarde  avec  execration. 
   s'il  leur  arrive  pourtant  de  retourner  
 ,  &  de  donner  des  marques  
 d'une  veritable  repentance,  on  les  
 reçoit  après  quelques  penitences  
 qu'on  leur  impofe.  Aurefte ces  Profés  
 &  les  autres  anciens Moines  travaillent  
 tous  pour  le  Couvent  pendant  
 tout  le  temps  qu'ils  y  font;  
 l'un  aiant  le  foin  des  fruits,  l'autre  
 celui  des  grains  ,  un  autre  celui  des  
 troupeaux  ,  &  ainfl  du  refte de  ce  
 qui  appartient  au  Couvent  -,  ils  fe  
 fervent  pour  ces  emplois  de  l'aide  
 des  Novices,  qui  pendant  leur  Noviciat  
 fervent  fouvent  à  la  Campagne  
 ,  comme  pour  les  accoutumer  
 à  la  meditation  &  à  la  retraite  
 fpirituelle ,  à  quoi  pourtant  ils  
 n'ont  pas  beaucoup  d'inclination,  
 &  à  quoi  ils  ne  s'attachent  gueres,  
 non  plus  qu'a  l'etude  ,  ce  qui  eft  
 caufe  que  tous  ces Caloyers  font  extrêmement  
 grofliers  &  ignorans.  
 Et  à  peine  en  trouvera-t-on  un,  
 même  dans  les  Cloîtres  les plus confidérables  
 qui  entende  un  peu  le  
 texe 
 n  E G Y P T E ,  
 texte  Grec  ,  dans  lequel  pourtant  
 font  écrites  toutes  leurs prieres  &  
 tout  le  refte de leur fervice.  
 La  neceffité,  où  font  les Caloyers  
 de  cultiver  eux  mêmes  leurs  terres,  
 les  oblige  d'avoir  quantité  de  freres,  
 &  il  n'y a prefque  pas  un  Cloître  où  
 il  n'y  en  ait  du  moins  autant  que de  
 Moines.  Ces  Frcres-Laics  paiTent  
 prefque  toute  la journée aux champs,  
 &  ne  rerournent  point  à  la maifon  
 avant  le  foir,  &  lors  qu'ils y font arrivez  
 ,  il  faut  que  malgré  la  fatigue  
 que  leur  a  caufèc  leur travail,  ils  afliftcnt  
 à  une  longue  priere,  & qu'ils  
 laiTent  beaucoup  de  genuflexions  
 qu'ils  appellent  Metaniai  c'eft  à dire  
 inclinations  jufqu'a  terre:  cnfuitede  
 quoi  ils  fe  contentent  d'un  foupcr |  
 fortieger,  & fc  vont  repofêr  de  leur  
 laffitude fur un  lit  qui  n'cft  pas  plus'  
 mollet  qu'une  table  de  bois,  en  attendant  
 que  les  matines  étant  finies,  
 le jour  qui  commence  à  paroitre  les  i  
 rappelle  à  leur  travail  accoutumé.  '  
 Sur  tous  ces  Religieux  il  y  a  des  
 Provinciaux  ou  Vifiteurs  ,  qui  font  
 fort  differens de  ceux  qui  font  cette  
 fonftion  parmi  les Moines  d'Europe  
 :  Car  ceux-ci  ne  vont  viliter  les  
 Cloitres  de  leurs  Provinces  ,  que  
 pour  entendre  les  plaintes  des  moines  
 &  pour  reformer  quelques  abus  
 qui  pourroient  s'y  être  gliiTez  ,  au  
 lieu  que  les  autres  qui  font  connus  
 .  fous  le  nom  d'Exarchi,  ne  vifitent  
 les  Cloitres  qui  font de  leur  dépendance  
 que  pour  en  tirer  de  l'argent  
 que  le  Patriarche  exige  d'eux.  
 Ainfl  ces  pauvres  Caloyers  ont  
 beau  travailler  &  faire  fuer  leurs  
 Freres-laics  ,  ils  ont  toujours  bien  
 de  la  peine  à  amafler  quelque  chofe  
 ,  foit  pour  la  Communauté  en  
 general  ,  foit  pour  eux  en  particulier  
 ;  parce  que  le  Patriarche  leur  
 envoye  fouvent  ces Vifiteurs  pour  
 les  décharger  de  ce  qu'ils  ont  de  
 meilleur.  
 Mais  nonobftant  toutes  ces  taxes  
 que  les  Moines  Grecs  font  obligez  
 de  payer  ,  il  ne  laifTe pas  d'y  avoir  
 encore  en  Turquie  des  Cloitres  
 bien  rentez,  &  même  des  Moines  
 aflèz  riches  pour  entreprendre  ,  
 comme  on  parle  vulgairement  ,  de  
 S Y R I E .  &c.  loi  
 couper  l'herbe  fous  le  pied  au  Patriarche  
 ,  &  de  fe  mettre  en  fa  place,,  
 principalement  s'ils  font  aidez  comme  
 nous  avons  dit  ,  des  confeils  &  
 de  la  bourlc  de  quelque  riche  Marchand  
 ,  qui  leur  oflre  ce  qui  leur  
 manque  pour  acheter  le  Patriarchat. 
   
 Apres  l'Ordre  des  Prêtres  Réguliers  
 ou  Caloyers,  fuit celui  des Prêtres  
 feculicrs  qu'on  appelle  Cofmicos  
 Jereus.  Nous  avons  dit  ci-devant  
 qu'ils  font  ordinairement  tous  mariez, 
   mais  nous  n'avons pas parlé de  
 la  maniere  dont  ils  le  marient.  Apres  
 qu'ils  ont  pris  la  tonfure  (car  
 ils  font  rafez  fur  le  fommetde  latéte  
 : en  rond  &  de  la  largeur  de  la  paume  
 de  la  main  ,  &  non  pas  de  la  
 maniere  que  le  font  les  Prêtres  de  
 l'Eglife  Romaine)  après  dis-je qu'ils  
 ont  fervi  l'Eglife  pendant  quelques  
 mois  ,  on  les  reçoit  au  nombre  des  
 Anagnoftai,  ou  Lefieurs-,  c'eft à dire  
 qu'ils  peuvent  lue  les  Matines,  
 les Plaumcs,  &  les  autres çhofes que  
 les  Clercs  ont  accoutumé  de  chanter. 
   Cet  office d'AnagnoJles,  dit  le  
 S'.  Grelot,  fe  rapporte  aflez  bien  à  
 ce  qu'on  nomme  dans  l'Eglife  Romaine  
 les  ^»a/re  petits  ordres,  comme  
 comprenant  tous  les  fervices  que  
 le  Anagnoftai  devroient  exercer :  
 Mais  comme  il  y  a  des  perfonnes  
 gagées  pour  être Portiers,  Sonneurs  
 de  doches  ,  &  autres  bas  OiBciers  
 de  l'Eghfe  ,  ils  ne  prennent  point  
 d'autre  foin  que celui  de  lire.  
 _  Quand  je  parle  ici  de  Sonneurs  
 de  l'Eghfe  Greque,  il  ne  faut'pas  
 s'imaginer  qu'il  y  ait  effeaivement  
 des  Sonneurs  de  cloches  :  Car  depuis  
 que  les  Turcs  fe  font  rendus  
 Maîtres  de  la  Grece  ,  on  n'y  entend  
 aucun  fon  ni  aucun  bruit  de  
 cloches  pour  appel 1er  les  fidèles  à  
 l'Eghfe.  On  ne  fe fert  aujourd'hui  
 pour  cet  eftït  que  du  feul  Simandirton  
 qui  eft  une  planche  de  bois  
 longue  &  étroitte.  
 Lors  que  le  temps  de  leur  Clericature  
 eft  achevé  ,  &  que  ceux  
 qui  avoient  pris  la  tonfure  ont  fervi  
 l'Eglife  pendant  quelques  mois,  
 lEveque  leur  conféré  le  Diaconat,  
 ou  la  puilTance  de  fervir  à  l'Autel  
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