e n E G y P T É . S Y R I E . &c.
Reccpti- ment La Fortune qui eft àprefent
de au fervice du Roi d'Angleterre en
l'Auteur qualité de Peintre & garde des Ta-
S ' d ^ b l e a u x . Nous renouvellâmes avec
Peintres bien de la joie notre ancienne con-
Flamaiis , noiflânce, & nous limes tellement
amitié, que je le priai de faire enfefait.
forte que je puflè obtenir de me
trouver cette nuit-là dans l'aifemblée
des Flamands , pour me faire
aggreger au corps de la Société, qu'-
on appelle de Bend, ce qu'il m'accorda
fort volontiers. Et comme
il ne falloir pas moins de feptperfonnes
pour recevoir quelqu' un dans la
Société) nous fumes obligez de courir
cà & là pendant quelques heures
dans la nuit avant que de pouvoir
alTemblcr ce nombre : mais enfin
nous fumes fi heureux que nous en
trouvâmes une fois autant qu'il
nous en falloir, & pour lors ma requête
me fut accordée, & je fus honoré
par cette illuftre mmpagnlc d'Aiciftes,
du nom à'Adonis.
On fçait aflèz qu' il y a à Rome
une telle Société, mais comme perfonne
n'en a encore écrit, que je
fâche, pour nous dire ce que c'eft,
en quoi elle confifte, & comment fe
fait a réception en la Société, je ne
ferai pas mal , cemefemble, de décrire
ici ce qui s'y pratique d'ordinaire.
On me mena d'abord dans une
éhambre accompagné de quelques
uns des Confreres. Cependant on
étoit occupé dans un autre endroit
à préparer tout ce qui étoit neceilàire
pour la Cérémonie, dont on ne
me donna pas la moindre connoiffance,
jufqu'au moment qu'on m' y
conduifit moi même avec bien delà
façon. Là je vis avec l'etonnement
que chacun peut s'imaginer la plus
belle Reprefentation que l'on puiflè
dire. C'etoit tous les Confreres en
perfonne , qui reprefentoient chacun
un perfonnage different mais avec
tant d'addreiîè & d'agrément,
qu'ils auroient fait honte aux plus
habiles Comediens.
Dans cette reprefentation il y en
a un qui s'appelle parmi eux Veld-
'paap, & qui feul auffi porte la parole.
Il eft alîîs avec beaucoup de
gravité fur un fiégeelévc, &propofe
dans un difcours bien étudié qu'il
addreffe au Vert, (c'eft ainfi qu'on
appelle celui qui doit être initié) certaines
Loix & regies qui contiennent
les preceptes de la Peinture, & les
Statuts inviolables de la Société. Aquoi
l'afpirant aiant répondu avec
un profond refpefl: qu' il eft difpofé
à executer fidelement toiit ce qu' on
lui a prefcrit, le V'eld-'Paap lui met
fur la tefte une couronne de Laiirier
, & en mefme temps tous les
Confreres afliftans crient a haute
voix Vive, Vive, Vive notre nouveau
Confrere— Ici on lui donne
le nom qu' il doit porter, & cette
Ceremonie s'appelle Baptifer. nom
qui n'eft pas fans quelque abus, &
qui a quelquefois fçandalifé les Ecclefiaftiques.
Enftiite de cela on lui donne avec
certaines Ceremonies fes Lettres
d" aiTutiaLÎon , qui Tone fignées
de tous les Afliftans. Ce qui étant
achevé avec quelques autres particularitez
agréables qui font encore
de la Ceremonie, on fe rend dans
le lieu où la T abl e eft dreiTée, &l'on.
fait un bon repas dont le nouveau
Confrere paie les frais, comme de
tout lerefte.
Apres avoir pafle la nuit dans ces
rejouilTances , on fe rend au point
du jour au tombeau de Bacchus
pour l'arrofer , comme on dit
ordinairement: Il eft à une bonne
lieuë de la ville dans une petite Eglife
appellée Sainte Agnes.
C e Tombeau cft d'un beau Porphyre
, aiant aux quatre coins une
reprefentation du Dieu du Vin. Tout
vis à vis il y a une hôtellerie où l 'on
fait voir au nouvel Affocié les plus
agreables vues de R ome , & l'on s'y
divertit tout le jour:' Mais à l'égard
de la depenfe qu'on y fait, il eft à la
liberté du nouveau Confrere de paier
tout , ou de n' en paier que la
moitié, ièlon fa libéralité ou fon
pouvoir.
On croit que cette Société a commencé
dés le temps du célébré Raphaël
, & qu' il en a été le principal
fondateur. Ainfi il n' y a gueres
moins de deux cens ans qu' elle
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