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en EG Y P T e ; SYRIE, &c. i6i
C h a p i t r e XXXI.
Cmlíté de ffSMonJteur van T>m Confuí de la 3\(ation HoU
landoife à Smfrne, qui donne fon logis & fa table à l'Autettr. Tarticulantes
remarquables touchant les Caméléons. Autres fortes if animaux.
Rencontre extraordinaire d'un. Efcla-ve Turc qui avait oublié fa
laneue maternelle.
Le jour ne fut pas plutôt arrivé
que nous nous apprêtâmes
V:-
L'anteni"
va loger
tonful de P""'^ ^ Smyrne , où "lors que
Hollande, nous fumes entrez j'allai auffi tôt
rendre mes devoirs à Monfieur Jacob
van Dam, Confuí de la Nation
Hollandoife, qui eut la Civilité
de m'offrir fa maifon & fa table
pendant tout le temps que je
ferois à Smyrne : Outre cela j'en
ai receu dans toutes fortes d'occafions
tant d'honneur & tant d'amit
i é , que je croi être obligé d'inferer
ici, quoi qu'après fa mort, ces
marques publiques de ma reconnoifance.
Pendant donc que je paffois fort
agréablement le temps à Smyrne ,
& que je n'avois aucun fouci pour
rta'Tou-'®® plus preiTantes neceiïïtez de la
cliant les vie, je trouvai l'occafion d'acheter
Camele- quelques Caméléons, parce que je
voulois fçavoir par experience comqien
de temps on les pouvoir garder
en vie. J'en avois ordinairement
quatre dans une grande cage, & je les
laiifois de temps en temps courir
librement par la chambre. Je
les portois même aflez fouvent dans
une Salle qui étoit derrière la maifon
, où le vent qui vient de la
Mer fe jouoit agréablement, & alors
je remarquois qu'ils étoient bien
plus gais que de coutume, & qu'-
ils prenoient plaifir à humer l'air
frais qu'ils recevoient continuellement
dans leur gueule qu'ils tenoient
toute ouverte.
C'eft une chofe qui paflê pour
confiante parmi les Naturaliftes que
ces animaux vivent de l'air, & c'eft
en effet ce que l'experience confirme,
ear je n'ai jamais vû les miens
ni boire ni manger , fi ce n'ell
qu'ils avaloient quelques mouches,
comme je le dirai dans la fuite.
C'eft auffi une vérité, qu'ils changent
fort fouvent de couleur. Je
les en ai vû quelque fois changer
trois ou quatre fois dans l'efpace
d'une demie heure , fans qu'il y
eût autour d'eux aucune couleur à
laquelle on pût attribuer ce changement.
Lors que cela arrivoit je
les peignois auftî tôt, ou avec une
fimple detrempe, ou à l'huile. Les
couleurs qu'ils prenoient pour l'ordinaire
etoient un très beau vert,
mêle de petits points ou taches jaunes
, fi joliment parfemées qu'on
ne les pourroit pas mieux faire avec
le pinceau; quelque fois auflî
ils ont des taches brunes, & elles
font ainfi repanduès par tout le
corps jufqu'a la queue. D'autres
fois ils prennent une couleur brune
femblable à celle des taupes. Je
peignis tous ces divers changemens
fur celui des Caméléons qui changeoit
le plus fouvent & le plus agrcablement.
Leur couleur ordinaire
eft le gris de fouri, & leur
peau eft fort mince & prefque
tranfparente. La plus part du temps
ils prennent une couleur ieinblable
à celle du Lézard. Mais pour ce
qui eft de ce que l'on dit ordinairement
qu'ils prennent les couleurs
de toutes les choies liir lefquelles
on les met , l'experience m'a appris
que les Naturaliftes fe trompent
en cela, car ils ne prennent jamais
le rouge , non plus que quelques
autres couleurs. Il faut pourtant
X que
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filili