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vé que la Charge dc ce premier
Eccleliaftique étoit autrefois cn plus
grande opinion de Sainteté auprès
des Empereurs Ottomans , qu'elle
ne l'eft aujourd'hui. Car cidevant
ils n'entreprenoient jamais
la guerre , m ne prenoient aucune
refolution fur quelque affaire de
confequence , fans avoir pris l'avis
du Moufti, & ils ne croioient
pas que fans cela le fuccez cn pût
être heureux. Mais à prefcnt ils
ne fe lient pas fi fort les mains ,
& ils ne fe font pas une affaire de
cette formalité , quoi qu'ils le faffcnt
pourtant quelque fois pour
fuivre la coutume. Il arrive même
fouvent que le Grajid Vizir , afl'uré
des moiens & appuié de fon
autorité , s'attribuë le pouvoir de
faire les chofes de fon chef , &
alors pour garder les formes , il
• confultc le Moufti fur le fens de
la Loi , qui dans ces occafions
ne manque pas de fe trouver conforme
aux intentions du Premier
Miniftre.
Il n'y a jamais plus d'un Mouf
ti à la fois , & il doit comme
nous avons dit, faire fa demeure à
Conftantinople. Mais comme il
n'eif pas poflîble que toutes les
affaires de confcience qui arrivent
dans tout l'Empire qui eft d'une
très vafte etenduë , puiflênt être
réglées par le Moufti feul , d'autant
moins qu'il y cn a plulleurs
qui demandent une prompte expedition
, les Cadilefquers ont ce
Cadilef-pouvoir hors de Conftantinople
M o u l l a s <^hacun dans l'etenduë de fa Jurif-
& C a d i s . diction , car ils prennent auflî
bien connoiflànce des afiàires Ecclefiaftiques
que des affaires Civiles.
Ces Cadilefquers, pour le dire ici en
paffant , jugent auftî des affaires
de la guerre ; car cn Turquie les
foldats ont ce privilege à l'excluCon
de tous les autres fujets , de
ne plaider que devant leurs Officiers
) & dc ne pouvoir être jugez
que par eux. Auffi faut-il
que le Moufti , avant que d'etre
clevé à cette dignité , ait été Cadilefquer
, & qu'il en ait exercé
la charge avec approbation. Au
dcffeut d'un Cadilefquer, on s'ad-
Imains.
dreiTe au Moulla ou Mnlla , qui
eft le Chef des Cadis , & lors
qu'il n'y a ni Cadilefquer ni Moulla
, comme cela arrive en plulieurs
endroits de l'Empire Ottoman
, c'eft le Cadi qui exerce
cet Office , & qui eft Juge cn
toutes fortes d'affaires.
Ceux qui font le fervice dans Miniftres
les Mofquées font appeliez par les EccIeOa-
Turcs 'Danifmend , & les Francs^'P'''^^^
ou Chrétiens les nomment Talifmans.
Leur Chef cft l'Imam ou
Emaum.
Ces Imams qui font comme les
Curez ou Pretres de Faroiflès,
font obligez d'aller faire la Priere
aux heures qui y font deftinées
, chacun dans leur Mofquée
, & pour cela ils peuvent
lire dans 1'Alcoran, & avant que
d'exercer leur Minifterc il faut
qu'ils faffent voir qu'ils paffenc
parmi leurs voifins pour gens
d'honneur & de bonne vie. Lors
que quelque Imam vient à mourir
, les gens du quartier prefentent
une perfonne au Grand Vizir
pour remplir la place du deffunt
, après avoir affeuré qu'il a
toutes les qualitez requifes pour cela
, & après avoir lû quelque chofe
de 1'Alcoran devant ce Miniftre
, il eft auffi-tôt inftallé dans
la charge , fans obferver d'autres
ceremonies.
Les Muézins font une efpece de
miniftres d'un plus bas ordre , & Muëzins.
leur office eft de monter fur les ""''S"'-
Minarets , pour appeller le monde
à la Prière.
L'on a encore les Hodgias , qui
font des perfonnes âgées & graves,
fort verfées tant dans les affaires
du monde que dans la fcience
de l'Alcoran ; ainfi on peut à
bon droit les comparer à nos Juris
confultes , comme aufli on s'addrcftè
à eux pour les confultcr fur
les affaires d'importance , & ils
font en grande eftime & en grand
credit parmi le peuple. Ils font
auflî le fervice , & prêchent quelque
fois aux grandes fêtes , ce que
les Imams n'ofent faire pour l'ordinaire
,
c n E G Y P T E , S Y R I E . &c. m
dinaire , à moins qu'ils n'ayent
bonne opinion d'eux mêmes , &
qu'ils ne fe fentent quelques ta-
Icns.
Le Moufti , quelque confiderable
que foit là charge , n'a aucune
autorité fur les Imams , parce
qu'il n'y a entre eux aucune
Hierarchie, ou qu'ils n'ont point
dc Chef au deffus d'eux , chacun
eft indépendant dans fa paroiffe
, & perfonne n'a droit de
lui commander ni de le reprendre.
Ils ne font foumis qu'a la puiflànce
ièculiere , pour ce qui regarde
les affaires Civiles & Criminelles.
Les Tures ont auiTi divers Ordres
de Moines. mais dont la plus Moines,
part font des impies & des gens
iàns Religion. Les Tlervis paflent .
pour les plus traittables & les plus
honnêtes gens. Ils vont fort fimplement
vêtus avec un gros feutre
fort haut fur la tête ; ils mènent une
efpece de vie Clauftrale , &
affeftent de palTer pour Santons
ou Saints : mais ce font , à dire
le vrai , de mechantes ames 1
de francs hypocrites , & pour
l'ordinaire de grands ivrognes &
d'infatigables fumeurs dc Tabac.
a CHAPII
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