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 C H A P I T R E  LXV.  
 Defcription  de h  ^tlle  d'Jlep,  ChaJ]e  divmißante  qut  [e  
 fait  aux  environs,  avec  quelques  evenemens  extraordinaires  qui  y  arrivèrent  
 en  prefence  de  i'Auteur.  Chaße  des  Anglais  &  ekilwn  d'un  
 Maître  des  Cha[fes  de^cette  Nation  
 ' i  '  
 ufli  tôt  que  je  fus  arrivé  à Alep  
 j'ailay  an  logis  de  Meflieiirs  
 Conrad  Kakberner  &  Jean  van  
 BoObert  ,  pour  qui  j'avois  des  Lettres  
 de  recommandation  du  frere de  
 M'.  Kaleberner,  qui  avoir  une maifon  
 de  Negoce  à  Ligournc.  Je  
 trouvai  que  ce Monfieur  étoit  parti  
 pour  Hollande  ,  mais  je  ne  laiffai  
 pas  d'être  receu  fort  civilement  par  
 ion  Aflbcié  M'.  Bobbert,  qui  m'offrit  
 fa  maifon  &  fa  table  pour  auili  
 longtemps  que  je  voudrois  :  Cela  
 me  fit  refoudre  d'y  faire  un  fejour  
 confiderable,  afin  de  jouir  des  piai- '  
 firs  que  caiife  la  vue  de  cette  belle '  
 ville  &  de  fes  environs.  
 Dcfcrip-  regarde  la  ville,  elle '  
 tion  delà  fur  la  riviere  Singa  ou  
 ^ille  d'A- Kouaic  ,  qui  eft  environ  à  vingt I  
 lep  lieuës  de  l'Éuphrate  :  Elle  eft  cii  
 partie  dans  la  plaine  ,  &  en  partie  
 fur  trois  coteaux,  dont  le  plus  élevé  
 occupe  environ  le  milieu  de  la  ville  
 &  a  fur  fon  fommet  le  Château  où  
 demeure  le  Bafla.  Ce  Côtau  ou j  
 petite  montagne  eft  de  figure  ronde  
 &  tout  revêtu  de  greffes  pierres  3  
 de  forte  qu'il  refTemble  àun  rocher,  
 du  refte  il  eft  environné  d'un  foilé  
 qui  la  plus  par:  du  temps  eft  à  fee  
 &  fans  eau.  
 La  ville  cft  ceinte  d'une  affèz  
 bonne  muraille  qui  eft  raifonnablement  
 haute  ,  &  qui  d'efpace  en  
 efpace  cft  renforcée  de  Tours  quarrées  
 ,  mais  elle  eft  rompue  enplufieiirs  
 endroits.  
 Elle  a  dix  Portes,  &  elle  paroît  
 à  peu  près  ronde  ,  occupant  l'efpace  
 d'environ  trois  quarts  delieue  
 de  tour.  
 Il  y  a  aux  environs  plufieurs  
 Bourgs  &  plufieurs  villages.  
 Du  côté  que  l'on  y  arrive  en  venant  
 de  Tripoli,  on  rencontre  plufieurs  
 beaux  jardins  &  maiibns  de  
 plaifance  :  mais  il s'en  faut  beaucoup  
 qu'elle  foit  aufii  agréable  de  l'autre  
 côié.  
 J e  me  plaçai  de  ce  beau  côté  finune  
 montagne  pour  deiîiner  leplus  
 bel  aipea  de  cette  ville."  Dans  le  
 deflein  que  j'en  donne  on  voit  aufli  
 une  partie  d'une  Caravane  de  la  
 maniere  qu'elles  ont  accoutumé  de  
 voiager  ici  ,  avec  leurs  Chameaux  
 &  leurs  Chevaux.  
 Les  jardms &  maifons  de  plaifance  
 qu'on  voit  ici  à  l'entrée  du  faux  
 bourg  font  renfermez  d'une  petite  
 muraille  qui  les  environne  prefque  
 tous  en  commun  ,  &  par  dedans  
 il  y  en  a  aufii  quelques  uns  qui  
 font  feparez  les  uns  des  autres  par  
 une  autre  petite  muraille.  Devant  
 ces  jardins  il  y  a  une  plaine  où  
 l'on  voit  tous  les  jours  les  Turcs  
 &  les  Arabes  à  cheval  s'excercer  
 avec  des  Lances  ,  comme  cela  clt  
 reprefenté  dans  la  Tailie-douce.  
 Un  grand  nombre  de  Mofquées,  
 quelques  unes  defquelles  ont  éié  autrefois  
 des  Eghlês  des  Chrétiens,  
 ne  fervent  pas  peu  avec  leurs  Minarets  
 à  l'ornement  de  la  ville.  
 On  y  compte  une  grande  multitude  
 de  Quartiers  qui  fe  ferment  
 tous  les  foirs  avec  des  portes  garnies  
 de  fer  ,  comme  nous  l'avons  
 dit  ailleurs  en  parlant  du  Caire.  
 Les  maifons  y  font  hâtics  de groffes  
 pierres  de  taille  ,  &  le  haut  en  
 cft  en  piatte  forme  ,  fiùte  d'un  
 certain  ciment  ,  &  de  petites  pierres  
 ,  qui  la  rendent  unie  &  très  
 forte.  Autour  de  ces  plates  formes  
 il  y  a  une  petite  muraille  d'environ  
 trois  pieds  de  haut  ,  à  laquelle  
 on  laifiè  ordinairement  une