LÏ I L'I 374 V O Y A G E AIA L E V A N T
C H A P I T R E LXX.
L'<tJuteur va voir l'Jße de Chypre. Courte defcription de
: quelques places, & de quelques bmimens qui font dans cette kc. Quelques
autres cbojes extraordinaires qu'on y trouve. ' ^
L'Auteur
vavoii rih
à Piela.
Spiliotinà.
I i:
Uilî tôt que fus arrivé ici je me
fledecby- ^ ^ « a t d'aller voir Plilc,
lire. cet eftet je louai deux mules
parti , & je me mis aj.iili tôt au
lit.
Le lendemain matin , comme
je n'avois pu viliter .la ville du côté
de la terre le jour précèdent , je
m'y en retournai. Elle eft environ
un tiers fur le bord de la mer , &
elle a en tout environ une bonne
; demie lieue de tour avec deux Portes
> & un homme qui connût le
pais. J e partis avec lui de Larnica le
2:. du mois à la pointe du jour.
Apres que nous eûmes marché deux
heures , nous arrivâmes an Bourg
de Viela. J'y trouvai les relies d'un
grand Bâtiment & quatre petites
Eghfes à l'Antique. Il y a là un
ruilfeau d'eau courante qui vient des
montagnes voiiines , & qui fait
que ^ ce bourg n'en manque jamais.
De là nous paffàmes encore plufieurs
autres Bourgs & Villages , & quelques
petites Eglifes , mais de peu
d'importance , & environ midi
nous vînmes auprès de Famagoufte
à un village nommé SpigUotiJJa où
j'allai loger. Apres midi j'allai, accompagné
de deux Grecs , à Famagoufte
pour en voir les dehors ;
mais comme j'en approchois trop
près , les Turcs me crierent de dtfiiis^
les murailles , que je meretiraflé.
Il fallut donc obeïr , & je
L' Xutem- détournai vers le bord de la Mer,
clsilineFa-)'allai m'aiTeoir fur un petit côniagouiie,
teau pour dclïïner la ville avec le
eSf^SîS^Pl''' diligence que je pourrois:
,-j.. Mais a peine eus je commencé mon
ouvrage , que le foleil qui étoit
extrêmement chaud , & peut-être
audi la viteiTe avec laquelle j'avois
toujours marché , me caiifa une
foibleffc qui me fit tomber à terre
de mon long , où je demeurai
bien un quart d'heure fans connoiffancc&
fans mouvement. Maism'etant
un peu remis j'achevai mon
deffein , ce qui ne fe nt pas pourtant
fans grande peine , après
quoi je m'en retournai avec mes
deux Grecs an \-illagc d'oii j'etois
dont l'une eft du côté de la terre
& l'autre du côté de la mer. Les
remparts qui font encore prefque
en leur entier & environnez d'un
folTé allez profond taillé dans le
roc , ^ mais toujours fee , font
faits à ce que l'on dit, fur ceux de
Rhodes , mais il s'en faut beaucoup
qu'ils approchent de leur
beauté ; car ceux de h ville que
nous venons de nommer ont bien
plus de grandeur & de magnificence.
La Mofquée appel'éc de S. Sophie,
qu'on voit au milieu de la Tailledouce
N", iç,i. paroit fort belle, ce
doit être , autant- qu'on en peut
juger, un bâtiment magnifique, &
c'eft en eiFet ce qu'on en dit. Le
j comble de cet Edifice d'oii l'on voit
^ s'elever une Tour pointue, eli d'un
grand ornement.
j ^ Il y a une autre Mofquée auprès,
à main gauche , qui paroit beau-
|coup , à caufe d'un Dome qu'elle
a au milieu. L'on y voit encore
jlufieurs trous qu'y firent les bouets
de Canon , lors que la ville
fut canonnée , & qui abbattirent
la moitié de cette Egliiè.
Le^ Port dont l'entrée eft le long
du Château & des murailles do la
ville , eft fi étroit que les vai/feaux
n'y fçauroient entrer qu'en retir..nt
les ancres au dedans , & les galères
en retirant leurs rames. Les
Turcs
'(fi II
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