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de pierre où il y avoit quelque fiieillage,
ce qui fit que je l'emportai avec
moi comme un monument de
cette ancienne T r o y e fi fameufe autre
fois, afin de le joindre aux autres telles
d'antiquité que j'aflèmblai çà&
là pour les garder. J'euiTe bien
voulu encore entrer plus avant dans
le pais, & j'euiun fenfiblc regret de
L E V A N T
ce qu'il en fàlloit partir fi tôt : mais
mes Camarades , ne voulurent pas
s'engager plus avant dans un quartier
dont la méchanceté des habitans
ne nous étoit pas inconnue.
En retournant nous trouvâmes encore
plufieurs morceaux d'annquitez
dont je delïïnai quelques uns qu'on
voit ici.
En effet la curiolîté m'a fouvcnt
fait entreprendre des chofes dont
je n'envifageois pas alTez bien le
danger, & l'envie que j'avois de
vifiter les reftes de Troye nous auroit
fouvent coûté fort cher, fi nous
cuffions fait quelque mauvaife rencontre
; mais par bonheur nous
ne vîmes pas un feul homme. Cependant
la peur nous faifit tellement
à notre retour, que nous arrivâmes
au bord de la mer pleins de fueur,
& que nous rentrâmes bien vite
dans la barque, mettant en même
temps la voile au vent.
Nous au.'ions été encore bien
plus fâchez qu'il nous fût arrivé
quelque mauvaife rencontre , fi
nous euffions feu alors comme
nous l'avons apris depuis par quelques
Sçavans , que tout ce que
l'on voit aujourd'hui dans ce lieu
l à , n'eft point aflêurément de l'ancienne
Troie, mais de ce que les
Romains y ont bâti long temps
depuis la ruine de cette ancienne
ville.
Il etoit cinq heures après midi
lors que nous partîmes de Troye,
prenant notre cours vers ßaia- Bababaf
barnouë , comme qui diroit AV^; rouä.
«s'a jPere j C'cft une Pointe en Afie,
fur laquelle eft le Château de Ma/-
v a , vis à vis du bout de l'Ifle de
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