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 V O Y A G E  au  L EVANT  
 [ue  nous  eûmes  rejoint  nos  
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 ^  lors  qu.  
 Camarades  ,  nous  leur  dîmes  en  
 quel  écat  nous  avions  trouvé  notre  
 guide,  ajoutant  que  nous ne ferions  
 pas  mal  de  nous  tenir  fur  nos  gardes  
 &  de  prendre  nos  armes  à  la  
 majn.  
 Apres  que  nous  fiîmes  un  peu  
 avancez  aiant  toujours  notre  guide  
 devant  nous,  nous  fortlmes  du  bois  
 &  entrâmes  dans  un  endroit  fort  
 étroit  ,  où  nous  rencontrâmes  une  
 petite  maifon;  ou  pour  mieux  dire  
 une  Caverne  appellée  Meercappi-,  
 Elle  faifoit  peur  leuleraent  à la voir,  
 &  étoit  fort  propre  à  donner  de  la  
 terreur.  C'eft  là  que  fe  tiennent  
 ordmairement  les  voleurs,  &  il  n'y  
 avoit  que  cinq  ou  fix jours  que  quatorze  
 perfonnes  y  avoient  été  dele  
 foir  nous  arrivâmes  en  même  
 f ^ ^ W ^  ^Présavoirsigedouk.  
 fait  dix  lieues.  Ce  fut  ici  que  nous  
 ogeames  pour  la  premiere  fois  avec  
 I Aga,  &  nous  nous  y  trouvâmes  
 fort  bien,  vû l'état  deschofes.  
 Le  huitième  jour  nous  paiHmes  
 par  une  vallée  où  il  y  avoit  bien  
 douze  ou  treize  bourgs  les  uns  auprès  
 des  autres,  &  où  nous  vîmes  
 une  grande  quantité  d'oifeaux  fauvages, 
   &  entre  autres  beaucoup  de  
 faucons.  
 Apres  neuf  heures  de  chemin  
 nous  nous  trouvâmes  à  la  ville  de  
 Migahs.  C'cil  une  place raifonna- 
 Uement  grande,  &  une  des  plus  
 belles  que  nous  euffions  vues  depuis  
 que  nous  étions  partis  de  Smyrne.  
 "»-îlà  nous  vînmes  encore  dans  une  
 '  If  
 f  ^  
 I  1.  I  
 L  
 Migalis,  
 trouves.  Ce  fut ^.ourjors qu; nous  b eMe ^ S  ^v ^ n t r i :  
 découvrîmes  que  ^  ce  qui  ^  
 avoit  fait  Iieuës,  &  puis  à  un  bourroui  eft,  
 demeurer  notre  .uide  derri.r.  p^ffig^  où^l'on^'emb^' e  Sourjaf- 
 demeurer  notre  guide  derriere  nous,  
 c'eft  qu'il  avoit  raifonné  à  peu  prés  
 ainfi,  fi  ces gens  ici palFent  fans que  
 j'entende  rien  ,  je  n'ai  qu'a  les  fuivre  
 en  toute  feureté,  mais  fi  j'entens  
 tirer, j e  n'ai  qu'a m'enfair ou à  
 dans  le  détroit,  parce  qu'il  eft  Ion-'  
 &  fort  difficile  à  paflërà  la rame,  &  
 auffi  à  caufe  du  grand  vent.  
 Le  neufviéme  jour le vent nous fut  Arrivéeà  
 plus  favorable,  tellement  que  nous  
 arrivâmes  le  foir  à  Conftantinople,  
 ou  nous  pailâmes  la  nuit  dans  la  
 barque.  
 Le  lendemain  qui  etoit  le  i4„  
 Décembre  nous  defcendîmes  à  terre  
 &  nous  rendîmes  à  Galata,  où  je  
 dirai  en  paiTant que je logeai fix mois  
 avec  deux  de  mes  amis  Hollandois  
 que  j'avois  connus  à  Smyrne,  &  
 avec  l'un  defquels  j'avois  fait  ce  
 voyage.  J'y  aurois  encore  demeuré  
 plus  longtemps  s'ils  ne  s'en  etoieni:  
 me  cacher  dans  les  bois,  c.ar  fi  je  
 les  avertis  que  nous  fommes  auprès  
 de  Meercafpi  ,  ils  me  feront  fans  
 manquer  paflêr  devant  eux  ,  &  je  
 ferai  le  premier  expolé  au  danger.  
 Qiielle  qu'ait  etéfapeniée>  tout  ce  
 que  nous  lui  pûmes  faire  ce  fut de le  
 bien  menacer,  de  quoi  je  croi  qu'il  
 ne  fe  mit  pas  beaucoup  en  peine.  
 Cependant  nous  continuâmes  notre  
 chemin  avec  aiTez  d'inquietude,  
 parce  que  nous  ne  favions  pas  combien  
 nous  étions  encore  éloignez  de  
 fer  a  Conftantinople.  'n6us  nous  
 fervimes  encore  ce  foir  de  cette  occafion  
 j  mais  nous  pafflmes  la  nuit  
 nos  furcs,  &  comme  la  peur  nous  
 faifoit  faire  diligence,  nous  lesaper  piuo  S'ils  nf-se  
 rcumes  au  bout  de  deux  heures,  &Jpas  retournez  en  Hollande!  
 CHAPIi 
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