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 224  VOY  AGE  au  L E V  ANT  
 iüiliuire  pendant  que  j'etois  fur  
 les  lieux  fi  j'euíTe  lu  dans  ce  
 temps  là  ia  Relation  du  voiage  
 du  S.  Melton  ;  mais  commc  elle  
 ne  m'eft  tombée  entre  les  mains  
 'î,  pouvoir  difcerner  les  bons  d'a- 
 „  vec  les  méehans  ,  &  aptes  avoir  
 ,j  jetté  tous  ceux  qui  ne  valent  
 „  rien  ,  ils  enferment  les  bons  
 jj dans  .les  fours  de  defllis  ,  &  
 ,> font  pendant  deux  jours  un  petit  
 „  feu  de  paille  dans  les  fours  de  
 ,,  deifous.  Ils  les  laiifent  ainfi  
 ),  fans  y  toucher  davantage  ,  jul- 
 „  qu'au  vingt  &:  urneme  jour,  
 „  que  les  poulets  commencent  à  
 „  Ibrtir  de  la  coque  ,  &  le  len- 
 „  demain  ils  font  tous  eelos,  de- 
 „  forte  qu'il  faut  en  tout  vingt  
 I „  &  deux  jours  pour  faire  celor- 
 ' „  re les poulets de cette manière,  
 j  „  Tout  le  temps  qu'on  peut  
 J „  faire  cela  n'eft  que  de  quatre  
 j j , mois  en  toute  l'année  ,  fçavoir  
 i „  depuis  la  fin  de  Décembre  jufqu'a  
 que  depuis  mon  recour  ,  il  ne  
 fout  pas  attribuer  à  ma  negligence  
 ce  que  je  ne  l'ai  point  fait  ,  
 e'à  été  plutôt  un  effet  de  mon  
 ignorance.  Voici  donc  comme  en  
 parle  cet  Auteur  Anglois  qui  a  
 donné  une  Defcription  rres'.exafte  
 de  l'Egypte.  
 „ L e  12.  d'Avril  nous  allâmes  
 )> voir  les  fours  où  l'on  fait  edor- 
 „  re  les  Poulets.  Ces  fours  font  
 5,  faits  de  la  même  maniere  que  
 „  ceux  où  nous  fiiifons  cuire  le  
 „  pain  en  Angleterre  ,  avec  cette  
 „  diflircnce  pourtant  qu'ils  ne  font  
 ,,  pas  fi  hauts  que  les  nôtres  ni  
 „  li  grands  j  ils  ne  font  pas  non  
 „  plus  faits  de  bricque  cuite  au  
 „  fourneau  ,  mais  de  terre  fechée  
 „  au  Soleil.  Ils  ont  aulli  au  haut  
 ,,  une  ouverture  ronde  grande  à  
 „  peu  près  comme  le  couuercle  
 „  d'un  chauderon  ordinaire  ,  elle  
 „  fert  à  faire  exhaler  la  chaleur,  
 5,  ce  que  n'ont  pas  nos  fours  à  
 „  cuire  le  pain.  Leur  nombre  
 „  &  l'ordre  auquel  ils  etoicnt  ar- 
 „  rangez  etoit  tel  que  je  vai  di- 
 „  re,  aumoins  dans  la  maifon  oii  
 „  nous  les  allâmes  voir.  On  en  
 ,,  comptoir  en  tout  vingt  quatre,  
 „  don til y en avoir douze d'un côté &  
 „  douze de l'autre, tout vis à vis, mais  
 „  il n'y  en  avoit  que  fix en  un  rang  
 ,,  car  les  fix  autres  etoient  deiRis.  
 „  Entre  ces  fours  il  y  a  une  al- 
 „  lée  qui  eft  fi  etroitte  ,  que  
 „  lors  que  j'y  entrai  pour  aller  
 „  voir  les  fours,  la  chaleur  &  la  
 „  vapeur  qui  en  fortoicnt  penferent  
 „  m'etouffer.  Pour  faire eclorre  les  
 „  oeufs  ils  les mettent  dans  les fours  
 ,)  d'en  bas  ,  &  enfuite  ils  allument  
 „  dans  ceux  de  dciTus  un  feu  de  
 „  paille  qu'ils  continuent  huit  
 „  jours  durant  ,  après  quoi  ils  
 „  bouchent  la  gueule  de  ces  fours  
 „  qu'ils  lailFent  en  cet  état  pen- 
 „  dant  fix  jours.  Apres  cela  ils  
 „  tirent  les  oeufs  du  four  pour  
 »  les  regarder  au  foleil  afin  de  
 la  fin  d'Avril ;  tout  le  relie  
 par  proeur  
 de  l'année  n'y  eft  
 „  pre  à  caufe  de  la  cha  u...  
 qui  
 „  eft  extremementgrande  en Egypte.  
 J'ai  de  la  peine  à  accorder  le  
 temps  que  ces  deux  voiageurs  difent  
 que  l'on  met  à  chaufter  les  
 fours,  en  quoi  ils  different  confiderablement  
 ;  ce  qui  vient  peut  
 être  de ,  ce  que  les  uns  commencent  
 plus  tôt  &  les  autres  plus  tard,  
 ou  de  ce  qu'on  n'obièrve  pas  
 tous  les  ans  le  meme  ordre.  Si  
 j'eufle  lu  ce  dernier  Auteur  avant  
 que  d'aller  en  ce  pais  là,  je  me  
 ferois  fait  inftruire fort  exaûement  
 fur  cette  difference.  
 Le  S.  Theycnot  femble  ne  douter  
 pas  que  cette  maniere  de  
 faire  eclorre  les  oeufs  par  le  moicii  
 des  fours  ne  fe  puft  pratiquer  
 par  tout,  car  voici  comme  il  
 en  parle.  
 „  Il  y  en  a  beaucoup  qui  cette  
 „  croient  que.  cela  ne  fe  peut  fai- maniere  
 „  re  qu'en  Egypte,  à  caufe  de  la  fi"'»  
 „  conftitution  de  l'air  :  Mais  le  
 „Duc  de  Florence  a  fait  voir  Icktsfepem  
 „  contraire  ;  car  aiant  fait  venir  prati'i"»  
 „  auprès  de  foi  un  de  ces  Coph-  '  
 „  tCi'  ,  la  choie  rciidit  auffi  bien  
 „  qu'en  Egypte.  J'ai  oui  dire  
 „  audi  qu'on  avoit  fait  la  même  
 „  chofe  en  Pologne  ,  &  je  fuis  
 „  perfuadé  qu'il  le  pourroit  faire  
 „  par  tout  avec  cette  précaution  
 feuleenEG  
 YP  T E .  S Y R I E :  &C.  
 „  feulement  d'obferver  que  ce  fuft  re  des  Eventails  &  autres  ga- 
 „  dans  un  lieu  fous  terre  où  l'air  lanieries  ,  à  quoi  les  femmes  de  
 „  ne  puft  entrer  :  mais  la  plus j Turquie  font  fort  adroites.  C  eft  
 „grande  difficulté  confifte  àdon-'aufli  l'ordinaire  entre  les  Francs  
 „ n e r  un  jufte  degré  de  cha-  de  fe  fournir  des  oeufs  de  ces  oi- 
 „  l e u r ,  qui  doit  etrereiglé  felonía  féaux,  &  d'en  emporter  avec  
 ,,  difference  des  Climats  ,  car  le  eux  cjuand ils s'en vont.  Lorsque  je  
 „ t r o p  ou  le  trop  peu  ,  quelque  partis  je  me  chargeai^  d'une  dimie  
 petit  qu'il  foit  ,  gâte  tout  l'on-1 douzaine,  qui  font  aüez  remarquagypte. 
   
 vrage.  
 Outre  les  oifeaux  qu'on  voit  
 dans  ce  pais  ,  il  y  a  une  grande  
 ches  en  E -  quantité  d'autruches  ,  qui  lè  tiennent  
 dans  les  deferts  &  dans  
 les  lieux  fauvages.  Le  Confuí  en  
 avoit  une  privée  dans  fa  maifon  
 ,  elle  étoit  toifonnablement  
 grande  &  ne  faifoit  tout  le  jour  
 rien  autre  chofe  que  manger.  
 On  envoyé  à  Conftantinople  les  
 plumes  de  ces  Oifeaux  pour  en  fai- 
 ble  pour  leur  groffeur &  pour  leur  
 beauté.  
 Enfin  ,  quoi  que  ce  Païs  foit  
 extrêmement  pauvre  ,  le  Grand  Grand  
 Seigneur  ne  laiffe pas  d'en  tirer tous ¿¡^¡^n^l'^  
 les  ans  un  revenu  de  fix  cens  mil- g^pj^.,  
 le  Sequins,  donc  chacun  vaut  environ  
 Revenus  
 fcpt  frans  &  demi.  Cet  
 argent  lui  eft  envoyé  par  le  Baffa  
 d'Egypte  fous  la  conduite  d'un  Safigiac 
 bey  avec  une  bonne  efcorte.  
 par tout