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en EG Y P T E . SYRIE, &c. 27
Smyrne La Ville de Smyrne eft fort peu
fort pcu-plée , & il y a bien près de quarre
P vingt mille ames. Les Turcs en
font la plus grande partie. En fuite
ce font les Grecs, après eux les Armeniens
& les Juifs , & enfin les
Chrctiens d'Europe. Chacun d'eux
La une entière liberté de Religion.
:s Anglois & les Hollandois y font
chacun leurs exercices tous les Dimanches
dans leur propre maifon
où ils ont un appartement deftiné
pour cela , & dont ils fe fervent
comme d'une Eglife , auffi ont ils
toujours chacun leur miniftre. Les
délicat, quoi qu'on y mette beaucoup
d'eau; en forte qu'il n'eil neceflaire
que de lui donner un peu la
couleur du vin qui cft rouge. On
y a auffi d'excellent giber de diverfes^
fortes , & à fi bon marché,
qu'une couple de Perdrix n'y coûte
ordinairement que quatre ou cinq
fous. On en prend une quantité
incroyable que les Païfans apportent
tous les jours au marché. Les Becquefigues,
qui eft le plusdehcicux manger
qu'on fe puiilèimaginer, y font
en grande quantité, & nous autres
Européens les a ^ , V — ^ ^ i^n aliliuoinjss ourrduiinnaaiirreemmeenntt
Arméniens & les Juifs demeurent tirer nous mêmes. Elles font groflès
pour la plus part dans le quartier ¡comme un pinçon, & très graiTes.
haut de la ville. Les Anglois, les Les Francolines, qui font pour le
François , les Hollandois , & en moins grolFes comme une perdrix,
general tous les Francs demeurent font auili d'un très bon goût , mais
vers la mer dans une longue rue qui on n'en trouve pas tant l'Ok de
s'appelle la rue des Francs, & cha-j boeuf , qui eft le poids de deux limine
de ces nations a fon propre'vres & demie coûte ordinairement
^ 1 quatre fous , & celui de mouton &
Smyrne eft la premiere ville de, d'Agneau cinq fous. L'on a les poutout
le Levant pour le commerce. ; lets pour le même prix, & par def-
Les Vaiilèaux marchands abordent fus tout cela la mer fournit encore
à une portée de moufquet de la vil- ^ quantité de bon poiflbn.
l e , d'où ils portent leurs marchan- [ La chafle eft ici une occupation
difes à terre avec des barques &des|afli;z ordinaire, & elle eft permifeà
chalouppes, & l'on charge auffi de! tout le monde; On ne fait que louer
la même maniere les Vaiffeaux qui ¡un petit batteau , & l'on fe fait meten
partent. Le Port a une entrée'tre à terre à côté du Château, où
fort agréable, c'eft unGolphed'environ
huit lieues de circuit, ilaprefque
par tout aflez de profondeur, &
un fort bon ancrage. Il eftprefque
toujours plein de toutes fortes de
VaiiTeaux, par où l'on apprend tous
les jours des Nouvelles de tout ce qui
fe pailê dans l'Europe.
Sâferti- ^^ qui regarde le Païs des
lité&c. environs de Smyrne, c'eft en grande
partie une plaine fort fertile plantée
de quantité de figuiers, de vignes &
d'Oliviers ; de tous côtez on voit
des jardins & des lieux de plaifance
, qui font de loin la plus belle
perfpeâive du monde. Les Vivres
y font en abondance, &àtresgrand
marché, & fur tout on y a de très
bon vin & de parfaitement bonne
huile. l'Oc de vin, qui eft une mefure
d'environ deux pintes , n'y
coûte qu'environ deux fous & demi.
Il eft forti & en même temps très
de Carillou, où en tout temps la
chaflê eft fi bonne qu'on eft toujours
fûr de trouver du gibier.
Quand nous y avons nos vaiffeaux
qui d'ordinaire y demeurent environ
trois mois , on va fouvent pêcher
avec la feine, & on prend quelque fois
tant de poiffon, qu'on en pourroit
traitter plus de cent perfonnes. Par
la même occafion on defcend à ter-
& l'on entre dans un bois aux
rons du Château qui commande
fur l'eau. On y dreftè la table, &
on y fert tout ce qui eft neceiTaire
pour un bon repas, & qu'on a eu le
foin de porter avec foi. J'y ai quelque
fois été de certains repas, ou il
y avoir plus de vingt cinq perfonnes.
On fe réjouit là au fon des trompettes,
& d'autres inftrumens, qui font quelque
fois fuivis d'une dance marine ou
de quelque autre divertiflèment des
Matelots -, & pour jouir de cette
D 2 liberté.
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