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V O Y A G E au L E V A N T
Hiû jacet inclytus Dnx Godefridus
dé Buglion , qui totam ijiatn
Tenant acqmjivit Cultui Chrijliano,
cnjus anima regnet cnm Chrijio !
Amen.
Ces deux Tombeaux font d'une
même ftrufturc , & font chacun
fur quatre Piliers. Celui de
Baudouin eft long d'onze paumes.
En Ibrtant de cette Chapelle , on
voit vis à VIS de la porte de l'Eglife
en allant le long de lu muraille
vers le Choeur , trois Tomtous
Tom- ,
beaux en OeaUX ,
trois d'un très beau
allant vers marbre. On me dit que le premier
le Choeur, Jg Florence , le fécond
de fon fils j & le troifiéme,
d'une perfonne inconnue.
Mais d'autres difent que ce font
les Tombeaux de la Femme & des
Fils du Roi Baudouin. Sur la
même planche oii eft l'Epitaphe
de Godefroi j'ai jugé à propos d'y
en mettre encore une autre , qui
eft fur l'un de ces Tombeaux, delà
même maniere qu'elle fe trouve
à prefent , parce que je l'ai
trouvée aflèz curieufe , tant pour
l'antiquité de fes lettres Gotbiquesi
que pour fes abbrevations : on la
voit N". 2. & voici comme il la
faut lire félon le jugement des perfonnes
qui ont voiagé.
Seftimus in tumulò puer ijio Rex
•j . tiirmdatus
'•EJi Bâtdeuainus i RegUm de fan-
; guinf natus, . ,
tuia è mundo fors frimie
conditionis, . . -
Et Varadifiacie Idea pojjìdeat re- î
gionis. y" -
Apres cela en venant vers la pori—
te l'Eglife , on rencontre entre elle
i & le Choeur une pierre longue, oii le
Corps 'de Jefus Chriil après avoir
été ôté d,ç la Croix, fut mis parJofeph
d'Arimathée , Nicòdeme , &
quelques ancres perfonnes, pour l'embaumeç
' à Ja maniere des Juifs, à
''caufe de gubi auiTi cette pierre a ëté
.nommée la, Vierre de ÏOnUion.
Piene ti&gfie ¿¿i-' |!evée environ un pied au
""'deiTus du pavé, & pour paifcr par
. defliis on l'a environnée d'un treillis
de fer, &' depuis l'an ï f fo. on l'a
couverte de marbre gris , afin que
les Pelerins n'en puiibnt rompre aucun
morceau.
Un peu plus loin on void auprès
du degré des Arméniens une pierre pierre,
ronde fur laquelle ils difent que iè
tenoient les parens de Notre Seigneur
quand on mit fon corps dans
le Sepulcre.
En montant le long de ce degré
on vient à la demeure ou à L'EgtifeAz%KnKdes
Arméniens Se de là au S. Sepulcre;
& de [cet endroit en montant
encore quelques degrcz on vient à
la demeure des Grecs.
Derrière le Sepulcre de Jefus 5
Chrift on en va voir deux autres qui de jofepb
font taillez dans le roc,l'un eft de'l'Arima-
Jofe^b d'Arimathée & l'autre de'^';^^^^*
Nicodeme. me. ^
Enfuite on vient à l'Eglife des
Latins, où il y a deux pierres, fur
l'une defquelles étoit Jefus Cbrift ,
& fur l'autre Marie Madelaine,
quand cette femme croiant parler au
jardiiner, lui demanda s'il n'avoit
point vû fon Seigneur, & que Jefus
Chrift fe fit connoitre à elle.
C e fut ici que nous achevâmes la „ . ,
Proceflion de l'Eglife. Il y a
re quelques autres endroits qu'on ne chant
voit point dans le tour que fait la I"«'«]"«
Proceflion, comme par exemple au-chofel
près de l'appartement des Latins on
voit un beau grand Refervoir que
rimperatrice Helene , qui enrichit
ce lieu de plufieurs beaux ouvrages,
y a fait faire. Il eft tout taillé dans
le roc &• il s'etend alfez loin fous
l'Eglife.
Auprès delaprifon dejefus Chrift
on rencontre auflî une grande pierre
fur laquelle les Grecs difent que Jefus
Chrift fe laiiTa tomber lors qu'il
alloit pour être crucifié, à caufedequoi
aufli les trous de fes genoux y
font demeurez marquez jufqu'à prefent.
En effet on y voit deux petites
cavitez , mais quelle en eft la
caufe c'eft ce que je ne fçai pas.
A côté du Choeur il y a une Table
de pierre pofée fur quatre colonnes.
Les Grecs qu,l font fort crédules
& fort fuperititicux croient fermement
que ccu;( qui ne Içauroient
pafen
E G Y P T E, S Y R I E. &c. 295
pailèr entre ces colonnes n'iront
point en Paradis. La premiere fois
que je me trouvai dans cette Eglife,
je vis quantité d'hommes & de femmes
qui témoignoient un grand empreffement
à paffer & repaiTcr fous
cette Table, & il y en avoit quelques
uns qui fuoient des efforts qu'-
i s faifoient, car les colonnes font fi
près les unes des autres, qu'une perfonne
qui eft un peu plus grofTe
que l'ordinaire peut difficilement y
pafTer: d'ovi il eft aifé de juger quelle
doit être la peine des femmes enceintes,
qui pour s'afTeurer tant de
leur falut que de celui du fruit qu'elles
portent , veulent tâcher d'y
paffer avec leur gros ventre. Ainfi
les groffes perfonnes font fort
à plaindre fi elles le veulent eiTaier
autrement que par divertiffement.
Aufli en vis je quelques uns qui
lie s'en faifoient pas autrement une
dflàire , fans doute parce qu'ils
fçavoient bien qu'ils auroient été
obligez de s'en retourner fans y
pouvoir réuflir; Et cependant je
ne pus pas remarquer que les autres
qui étoient d'une taille plus
dégagée fe miflént beaucoup en
peme de les y encourager. Mais
quoiqu'il en foit s'il y a au monde
de la fuperftition & de la devotion
font-ils les Principaux , & ceux
qui y ont le plus d'autorité. Des
Grecs il y en a ordinairement
fept > Des Armenians cinq , &
des Cophtes un. Excepté ceux
là perfonne n'y demeure à prefent.
mal entendue , on peut
dire que les Grecs l'emportent
fur tous les autres.
Tout auprès de l'Eglife il y a
une aflTez grande place qui en eft
feparée , o\:i l'on a eu e foin de
faire bâtir plufieurs lieux de commodité
pour fatisfairc aux necef
fitez de la nature : Mais lors que
ces Grecs mal-propres vont à
l'Eglife avec leurs cnfans , comme
il l'ai dit au commencement
de ce Chapitre , ces lieux de
commodité ne les rendent pas plus
propres , & l'on y trouve dès
le matin plus de faletez qu'il ne
devroit y en auoir dans un tel
lieu.
Partage de Dans cette Eglifc du S. Sepulil
y a toujours neuf Prêtres
Rdigieux Latins dont l'occupation continuelle
eft de prier Dieu & d'avoir
foin des lieux Saints. Audi
Ci-devant les Abiflins &
les Syriens s'y tenoient aufli. Les
Maronites y viennent faire le
fervice avec les Latins , qui comme
nous avons dit ont la plus
grande partie de cette Eglife.
Les Grecs ont le Choeur & le
S. Sepulcre. Les Arméniens ont
dans le devant de l'Eglife une
aflez grande place pour leur demeure
; mais les autres Chrétiens
qui s'y tiennent n'y en ont
chacun qu'une petite.
L'Eglife n'a qu'une porte, au
defllis de laquelle il y a un beau
bas-relief en marbre. Dans cette
porte on a fait un grand trou
par où les Religieux & les Pèlerins
reçoivent tous les jours du
Couvent leur nourriture & leurs
autres neccflltez. Les Turcs en
ont la garde , & à chaque fois
qu'on l'ouvre il faut donner deux
Richedales & demie pour l'entrée.
Mais quand on y met le pied
pour la premiere fois , chaque perfonne
doit donner quinze Richedales
, ce qui fe doit entendre
des Francs , car pour ¡es
Chretiens du pais > ils en font
quittes comme par tout pour la
moitié , de même que les Prêtres
Latins. J'y demeurai trois
jours Se crois nuits fans en fortir,
parce que j'etois bien aife de
voir en une feule fois tout ce
qu'il y avoit à voir afin de n'être
pas obligé de faire continuellement
de nouveaux frais pour
l'entrée.
Au reftc fi quelqu'un veut fça- Etat où
voir en quel é , f ta. t on* fe r trou-^ lt'roonu velolres
ve la premiere Çois qu on fe met
à oenoux devant le Sepulcre de proche da
Notre Seigneur je lui dirai pour''-^ Scpulce
qui me regarde , que je n'ai
jamais fenti nulle part aucune
emotion que dans ce lieu là.
Mais un des Religieux qui entra
avec moi dans l'Eglife , âc qui
venoit
'.il
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