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en E G Y P T E . SYRIE
chemin des montagnes par lequel
nous entrames dans la ville i & l^i
ville même. Mais nous, remarquâmes
aifément que ce n'etoit pas un
bâtiment fort ancien i n'aiant aucun
e marque d'une llrudturc extraordinaire
ni d'une ancienne architefture.
Apres que nous nous en fumes
c n q u i s , nous aprimes qu'il avoitété
bâti par Man-Ogle Prince des 'Druces
fous le regne d'Amurat III. l'an
i j ' S f . mais je ne fi^ai pas comment
il y a plufieurs perfonnes qui ajou-
, tenc foi à une telle hiftoire: car je
n e trouve nulle part que ni Man-
O g l e ni aucun Prince des Drucesait
jamais été puiiTant dans ces quart
i e r s , leurs Forts aiant été dans la
Montagne du Liban & le long de
la côte de Sidon, de Berythe &c.
C'efl: un bâtiment où il paroît plus
de travail que d'art. Sa feule affiette
le peut rendre imprenable, puisqu'il
eft fur le fommet d'une fort haute
montagne environnée d'un foffé
p r o f o n d taillé dans le roc même,
fur lequel il n'y avoit qu'un paflage
par le moien d'un Pont levis. Comme
ce pont eft à prefent rompu,
n ' y a plus d'endroit par où l'on
p u i f l e entrer, à moins qu'on n'eût
envie de monter avec beaucoup de
peine le long de la roche, ce qu'on
n e ne peut faire que par un endroit,
mais avec tant de peine & de danger
que la moindre. gliflade eft capable
de faire perdre la vie. ^Aufli
n ' y a-t il rien qui mérite qu'on fe
d o n n e tant de peine pour l'aller voir.
L e bâtiment eft confus & les appartemens
fans aucune fymmetrie. Au
haut de la montagne il y a une
fource d'une profondeur furprenant
e , & en effet il y a beaucoup de
chemin a faire du haut de la montagne
jufqu'a l'eau. Le foïïe qui
l ' e n v i r o n n e eft tout fee & fans eau.
Auffi fumes nous forteffraiez quand
nous en vîmes fortir un Ours fauvage
qui fe jetta entre nos chevaux,
lors que nous marchions le long de
c e foffé pour mieux confiderer la
place. Ce Château eft au N o r d de
la ville , & de là on a la plus belle
vue qui foit aux environs de tout ce
pais là. On voit Tadmor dctlbus
:c. 343
foi enfermé de trois côtez par une
longue chaîne de montagnes qui
allant infenfiblement en montant
s'etenden t vers l 'Orient environ une
heure de chemin : mais du côté
d u Midi il y a une plaine toute
unie , tant que la vue fe' peut étendre.
Il y a dans cette plaine une
grande vallée de Sel, d'où on en
tire beaucoup, elle eft environ à
une heure de la ville & c'eft vraifemblablement
cette vallée du Sel
d o n t il eft parlé 2 Sam. 10: 13. où
David défit des Syriens iSooo.
hommes. Il y a à quatre lieuès
d ' A l e p une autre valée que quelq
u ' u n a priiè pour celle là. L'air
d'ici eft bon , mais la terre y eft
extraordinairement feche , jufques
là qu'on n'y voit point de verdure,
excepté quelque peu de palmiers
qui .font dans les jardins & dans
quelques endroits autour de la ville ;
& c'eft de ces arbres là , felon
mon avis , que la ville a pris en
E b r e u fon nom de Tadmor qui fignifie
une palme , comme en Latin
elle a eu celui de Talmira, à caufe
dequoi toute la contrée s'appelle
Syria 'Palmirena , & quelque fois
Salitudines Taimirenis ; d e f o r t e q u e
les Latins n'ont point changé le
n o m de cette ville, mais n'ont fait
que rendre en leur Langue ce
que fignifieîle mot Ebreu, qu'elle
conferve encore dans ces quartiers
d ' O r i e n t , où le nom nouveau eft
tout à fait inconnu.
L a ville même paroît avoir été
d ' u n e très grande etenduë à l'égard
d e la place, comme il paroit par
le long efpace qu'occupent les ruines
; mais il ne refte aucune trace
des murailles. Il n'eft pas poflîble
non plus de juger qu'elle a été
autre fois le plan de la ville. Comme
fes habitans d'aujourd'hui font
pauvres, miferables & mal propres,
ils fe font renfermez au nombre de
trente ou quarante familles dans
quelques huttes de terre graiTe, ent
r e les murailles d'une grande place,
dans l'enceinte defquelles il y a un
très beau Templ e des Payens. Ce
fut par là que nous y entraînes, &
' en même temps tous les habitansdc
ce
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