i o 8 V O Y A G E au L E V A N T
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t irplace
clcvée dans le milieu du
Choeur où chacun tâche de les baifcr.
Si c'efl: une image de Jefus
Chrift > ils ne lui baifent ordinairement
que les pieds , fi c'eft celle
de la vierge, ils lui baifent les
mains, & fi c'eft celle de quelqu'-
un des autres Saints, ils lui baifent
le vifage.
Ils condannent generalemciit tous
les Chrétiens d'Occident , à caufe
qu'ils mangent des choies étouffées
, & ils les traittent pour cela
d'Herctiques.
lis en different audi en ceci,
qu'ils nient que le S. Efprit procede
du Vere & du Fils, & qu'-
ils veulent qu'il ne procede que du
Pere, quoi que quelques uns d'eux
difent auifi, qu'il procede du Pere
par le Fils; Mais ceux qui parlent
ainfi ne font pas eftimez fort Orthodoxes
par les autres. Ils croyent
pourtant tous que le S. Efprit eft
Dieu d'une même eiTence avec le
Pere & le Fils, procédant du Pere
de toute éternité, & ils reconnoif
fent qu'il eft l'£fprit du Fils , &
que par ce Fils il cft donné, envolé
, & répandu. Seulement ils
ne fauroieno fouffi-ir cette expreflion
, qu'il procede du Vere & du
Fils, parce qu'ils accufent l'Eglife
Latine d'avoir ajouté fans les confulter
, ces parojes & du Fils au
Symbole dreifé à Conftantinople,
& ainfi de l'avoir falfifié. Mais auffi
la chaleur du parti leur à fait
aggraver ce fentiment par quelques
Gonfequences qu'ils en tirent , qui
font plus propres à faire voir qu'ils
n'ont pas de juftcs idées des proprietez
de l'Eflènce Divine, qu'elles
ne fervent à juftifier leur conduite.
Ils font fi attachez aux fentimens
des Anciens Peres . & aux reglemens
des fept premiers Conciles ,
qu'ils ne veulent point ouir parler
des autres, & ils difent qu'ils ne les
obligent point.
Cependant ils font fort attachez
à la foi qui leur à été laiflee par leurs
Ancêtres, & ils endurent pour l'amour
de Jefus Chnft une infinité
d'opprobres & de vexations qu'on!
leur fait fous le nom de Capitation,
appellée chez les Turcs Tova Karatch
j ou fous plufieurs autres prétextés,
comme pendant la guerre,
pour l'achat des bleds ou de la poudre,
pour l'entretien des Galeriens
du Grand Seigneur, & autres telles
impofitions dont on les charge,
fous les noms de Lagam, Beldal,
& Churek Atchafe.
Outre cela , ils ont grand fujet
de craindre & de prévoir la chute
entière de leurs Eglifes; defquelles
nous dirons en paiTant, qu'elles
font diftinguées en trois parties,
par rapport aux dift^rens états des
perfonnes qui y ont leur place. Les
premiers font les Prêtres , qui font
placez dans le /3î>« ou lieu très faint.
Les féconds font les fideles qui ne
font point en cenfure ou fournis aux
peines Ecclefiaftiques, ceux-ci viennent
M r i .aj , c'eft à dire dans le
Temple. Et les troifiémes font les
Penitens, ou ceux qui montrent du
déplaifir d'avoir encouru les peines
Ecclefiaftiques, & avec eux font les
Catechumenes, c'eft à dire ceux qui
ne font pas fufBfamment inftruits,
la place des uns & des autres efl;
fous le Portail ou à l'entrée
de l'Eghfe. Pour revenir au bâtiment
de ces Eglifes, les Grecs ont
grand fujet d'en craindre un jour la
ruine, parceque lors qu'ils en ont
perdu quelqu'une foit qu'elle foit
tombée de vieilleftè , qu'elle ait été
brûlée , ou que par quelque caufe
que ce foit elle foit perie, il ne leur
eft pas permis de la rebâtir, feulement
ils y peuvent refaire quelques
breches, & travailler à quelques reparations
: Encore cela leur eft-il
beaucoup à charge, parce qu'aiant
à peine de quoi fubfifter, leurs foibles
revenus ne permettent gueres
de faire les frais qu'il faudroit pour
les Maflbns,pour les Charpentiers ,
& tout ce qui cft neceiTaire pour
des reparations de cette nature.
Ils veillent pourtant extrêmement
à empêcher qu'une telle ruine n'arrive,
& ils ont encore jufqu'à prefent
plufieurs Eglifes dont le nombre
va bien dans la feule ville de
Conftantinople jufqu'à vingt cinq
ou
« n E G Y P T E , S Y R I E , &c.
ou vingt fix, & dans Galata jufqu'à
fept , à moins que le feu n'en ait
depuis peu confumé quelques unes,
mais en recorapenfe il arrive quelquefois
qu'à force de prefens, le coeur
de quelque Baifa intereflé & avide
d'argent fe laiflëra fléchir pour leur
permettre de rebâtir une Eglife toute
prête à être ruinée.
Mais la chofe en quoi ils font le
plus à plaindre, c'eft que dans les
lieux les plus éloignez , on enleve
fouvent aux Peres & Meres leurs
enfans mâles à l'âge de fept ans afin
de les faire kxVxïécJchoglans
dans le Serrail, & de les faire, inftruire
dans la Creance & dans la
Keligion Mahometane. Ces JehogUns
qu'on prend auffi d'entre les
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enfans des Chrétiens qui ont été
faits prifonniers de guerre, tant par
terre que par mer, font d'abord ferviteurs
du Serrail , & font inftruits
chacun felon fa capacité, tant à manier
les armes, qu'aux autres exercices
des Turcs , & l'on en choifit
fouvent d'entre eux que l'on élevé
jufqu'à en faire des Miniftres d'etat.
Mais outre que leur état eft alors
fort ghftànt, & que quand il paroît
être le plus beau , c'eft alors qu'il
eft plus près de fa chúte, ils l'achetent
encore trop cher, puifque c'eft
par la perte de la cpnnoiflince de
Dieu, entant qu'il a voulu devenirle
Dieu des pecheurs en fon Fils Jefus
Chrift, & par le défaut de fon veritable
fcrvicc.
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