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 i j n f ' i i  
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 t  irplace  
 clcvée  dans  le  milieu  du  
 Choeur  où  chacun  tâche  de  les  baifcr. 
   Si  c'efl:  une  image  de  Jefus  
 Chrift  >  ils  ne  lui  baifent  ordinairement  
 que  les  pieds  ,  fi  c'eft  celle  
 de  la  vierge,  ils  lui  baifent  les  
 mains,  &  fi  c'eft  celle  de  quelqu'- 
 un  des  autres  Saints,  ils  lui  baifent  
 le  vifage.  
 Ils  condannent  generalemciit  tous  
 les  Chrétiens  d'Occident  ,  à  caufe  
 qu'ils  mangent  des  choies  étouffées  
 ,  &  ils  les  traittent  pour  cela  
 d'Herctiques.  
 lis  en  different  audi  en  ceci,  
 qu'ils  nient  que  le  S.  Efprit  procede  
 du  Vere  &  du  Fils,  &  qu'- 
 ils  veulent  qu'il  ne  procede  que  du  
 Pere,  quoi  que  quelques  uns  d'eux  
 difent  auifi,  qu'il  procede  du  Pere  
 par  le  Fils;  Mais  ceux  qui  parlent  
 ainfi  ne  font  pas  eftimez  fort  Orthodoxes  
 par  les  autres.  Ils  croyent  
 pourtant  tous  que  le  S.  Efprit  eft  
 Dieu  d'une  même  eiTence  avec  le  
 Pere  &  le  Fils,  procédant  du  Pere  
 de  toute  éternité,  &  ils  reconnoif  
 fent  qu'il  eft  l'£fprit  du  Fils  ,  &  
 que  par  ce  Fils  il  cft  donné,  envolé  
 ,  &  répandu.  Seulement  ils  
 ne  fauroieno  fouffi-ir  cette  expreflion  
 ,  qu'il  procede  du  Vere  &  du  
 Fils,  parce  qu'ils  accufent  l'Eglife  
 Latine  d'avoir  ajouté  fans  les  confulter  
 ,  ces  parojes  &  du  Fils  au  
 Symbole  dreifé  à  Conftantinople,  
 &  ainfi  de  l'avoir  falfifié.  Mais  auffi  
 la  chaleur  du  parti  leur  à  fait  
 aggraver  ce  fentiment  par  quelques  
 Gonfequences  qu'ils  en  tirent  ,  qui  
 font  plus  propres  à  faire  voir  qu'ils  
 n'ont  pas  de  juftcs  idées  des  proprietez  
 de  l'Eflènce  Divine,  qu'elles  
 ne  fervent  à  juftifier  leur  conduite. 
   
 Ils  font  fi  attachez  aux  fentimens  
 des  Anciens  Peres  .  &  aux  reglemens  
 des  fept  premiers  Conciles  ,  
 qu'ils  ne  veulent  point  ouir  parler  
 des  autres,  &  ils  difent  qu'ils  ne  les  
 obligent  point.  
 Cependant  ils  font  fort  attachez  
 à  la  foi  qui  leur  à  été laiflee par  leurs  
 Ancêtres,  &  ils  endurent  pour  l'amour  
 de  Jefus  Chnft  une  infinité  
 d'opprobres  &  de  vexations  qu'on!  
 leur fait  fous  le  nom  de  Capitation,  
 appellée  chez  les  Turcs  Tova  Karatch  
 j  ou  fous  plufieurs  autres  prétextés, 
   comme  pendant  la  guerre,  
 pour  l'achat  des  bleds  ou  de  la  poudre, 
   pour  l'entretien  des  Galeriens  
 du  Grand  Seigneur,  &  autres  telles  
 impofitions  dont  on  les  charge,  
 fous  les  noms  de  Lagam,  Beldal,  
 &  Churek  Atchafe.  
 Outre  cela  ,  ils  ont  grand  fujet  
 de  craindre  &  de  prévoir  la  chute  
 entière  de  leurs  Eglifes;  defquelles  
 nous  dirons  en  paiTant,  qu'elles  
 font  diftinguées  en  trois  parties,  
 par  rapport  aux  dift^rens  états  des  
 perfonnes  qui  y  ont  leur place.  Les  
 premiers  font  les  Prêtres  ,  qui  font  
 placez  dans  le  /3î>«  ou lieu très  faint.  
 Les  féconds  font  les  fideles  qui  ne  
 font  point  en  cenfure  ou  fournis  aux  
 peines  Ecclefiaftiques,  ceux-ci  viennent  
 M r i  .aj ,  c'eft  à  dire  dans  le  
 Temple.  Et  les  troifiémes  font  les  
 Penitens,  ou  ceux  qui  montrent  du  
 déplaifir  d'avoir  encouru  les  peines  
 Ecclefiaftiques,  &  avec  eux  font  les  
 Catechumenes,  c'eft  à  dire  ceux  qui  
 ne  font  pas  fufBfamment  inftruits,  
 la  place  des  uns  &  des  autres  efl;  
 fous  le  Portail  ou  à  l'entrée  
 de  l'Eghfe.  Pour  revenir  au  bâtiment  
 de  ces  Eglifes,  les  Grecs  ont  
 grand  fujet  d'en  craindre  un  jour  la  
 ruine,  parceque  lors  qu'ils  en  ont  
 perdu  quelqu'une  foit  qu'elle  foit  
 tombée  de  vieilleftè  ,  qu'elle  ait  été  
 brûlée  ,  ou  que  par  quelque  caufe  
 que  ce  foit  elle  foit  perie,  il  ne  leur  
 eft  pas  permis  de  la  rebâtir,  feulement  
 ils  y  peuvent  refaire  quelques  
 breches,  &  travailler  à  quelques  reparations  
 :  Encore  cela  leur  eft-il  
 beaucoup  à  charge,  parce  qu'aiant  
 à  peine  de  quoi  fubfifter,  leurs  foibles  
 revenus  ne  permettent  gueres  
 de  faire  les  frais  qu'il  faudroit  pour  
 les  Maflbns,pour  les  Charpentiers  ,  
 &  tout  ce  qui  cft  neceiTaire  pour  
 des  reparations  de  cette  nature.  
 Ils  veillent  pourtant  extrêmement  
 à  empêcher  qu'une  telle  ruine  n'arrive, 
   &  ils  ont  encore  jufqu'à  prefent  
 plufieurs  Eglifes  dont  le  nombre  
 va  bien  dans  la  feule  ville  de  
 Conftantinople  jufqu'à  vingt  cinq  
 ou  
 « n E G  Y P T E ,  S Y R I E ,  &c.  
 ou  vingt  fix,  &  dans  Galata  jufqu'à  
 fept  ,  à  moins  que  le  feu  n'en  ait  
 depuis  peu  confumé  quelques  unes,  
 mais  en  recorapenfe  il  arrive  quelquefois  
 qu'à  force de prefens,  le  coeur  
 de  quelque  Baifa  intereflé  &  avide  
 d'argent  fe  laiflëra  fléchir  pour  leur  
 permettre  de  rebâtir  une  Eglife  toute  
 prête  à  être  ruinée.  
 Mais  la  chofe  en  quoi  ils  font  le  
 plus  à  plaindre,  c'eft  que  dans  les  
 lieux  les  plus  éloignez  ,  on  enleve  
 fouvent  aux  Peres  &  Meres  leurs  
 enfans  mâles  à  l'âge  de  fept  ans  afin  
 de  les  faire  kxVxïécJchoglans  
 dans  le  Serrail,  &  de  les  faire,  inftruire  
 dans  la  Creance  &  dans  la  
 Keligion  Mahometane.  Ces  JehogUns  
 qu'on  prend  auffi  d'entre  les  
 1 0 9  
 enfans  des  Chrétiens  qui  ont  été  
 faits  prifonniers  de  guerre,  tant  par  
 terre  que  par  mer,  font  d'abord  ferviteurs  
 du  Serrail  ,  &  font  inftruits  
 chacun  felon  fa  capacité,  tant  à manier  
 les  armes,  qu'aux  autres  exercices  
 des  Turcs  ,  &  l'on  en  choifit  
 fouvent  d'entre  eux  que  l'on  élevé  
 jufqu'à  en  faire  des  Miniftres  d'etat.  
 Mais  outre  que  leur  état  eft  alors  
 fort  ghftànt,  &  que  quand  il  paroît  
 être  le  plus  beau  ,  c'eft  alors  qu'il  
 eft  plus  près  de  fa  chúte,  ils  l'achetent  
 encore  trop  cher,  puifque  c'eft  
 par  la  perte  de  la  cpnnoiflince  de  
 Dieu,  entant qu'il  a  voulu  devenirle  
 Dieu  des  pecheurs  en  fon  Fils  Jefus  
 Chrift,  &  par  le  défaut  de  fon  veritable  
 fcrvicc.  
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