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 i . H  V O Y A G E  
 vie  dont  je  me  fuis  toujours  fort  
 bien  trouvé.  On  en  peut  avoir  
 par  tout  chez  les  Grecs;  Il  eit  vrai  
 qu'elle  eft  un  peu  foible,  parce  qu'- 
 elle  n'eft  faite  que  de  bled;  mais  
 je  l'améliorois  en  la  mettant  dans  
 des  bouteilles  ,  &  en  y  mêlant  un  
 peu  de  ilicre,  de  clous  de  gerofle,  
 &  d'ecorce  d'orange  ou  de  citron.  
 Mais  lors  que  je  pouvois  trouver  
 de  l'eau  de  vie  de  France  par  les  
 vaifleaux  qui  arrivoient  quelque  
 fois,  j'en  faifois  ma  provifion,  &  
 j'en  achetois  autant que j'en  pouvois  
 porter  commodément  avec  moi  
 dans  la  voiage.  
 Cette  fobrieté  des  Turcs  nes'acfeï'de'a  
 bien  avec  l'iiumeur  des  
 Sobriété  '  Anglois  ni  des  Allemans  ,  dont  les  
 des Turcs, uns  ibnt  extrêmement  friands  &  
 veulent  toujours  faire  bonne  chercj  
 &  les  autres  font  de  grands  excez  de  
 boire.  Uu  fac  de  nz  tous  les  ans  
 avec  quelques  pots  de beurre,  &dcs  
 fruits  fees  font  la  plus  grande  provifion  
 d'une  famille  raifonnablement  
 nombreufe.  Auflî  eft-ce  à  la  iobne  
 té  des  Orientaux  qu'on  doit  attribuer  
 leur  bonne  &  robufte  complexion. 
   Et  s'il  leur  étoit  permis  de  
 polleder  de  grands  biens  en  propricié  
 &  d'avoir  des  fonds  à  eux  
 dont  ils  tiraflènt  tous  les  ans  le  revenu, 
   il  eft  certain  que  leur  frugalité  
 &  leur  épargné  de  bouche  enrichiroit  
 plus  de  familles  à  Conftantinople  
 que  les  excez  &  la  bonne  chere  
 n'en  ruinent  dans  tous  lesPaïs-bas.  
 li  faut  que  j'ajoute  à  tout  ce  que  
 je  viens  de  dire  que  la  plus  part  des  
 Orientaux,  &  principalement  les!  
 a u  L E V A N T  
 Marchands  &  les  Artifans  font  ordinairement  
 un  diner  bien  plus  frugal  le Touque  
 n'eft  leur  fouper  ,  direftement L®'  
 contre  la  coutume  de  l'Europe,  où  
 pour  ¡l'ordinaire  on  fait  un  fouper t|ue  leur  
 plus  ibbre  &  un  meilleur  difner.  
 Cependant  on  en  trouve en  Turquie  
 comme  ailleurs,  qui  s'accommodent  
 auffi  bien  d'iin  bon  difher  que  d'un  
 bon  fouper,  fans  que  leur  fanté  en  
 foit  moins  bonne,  tant  il  eft  vrai,  
 comme  nous  l'avons  déjà  dit,  que  
 la  coutume  eft  une  feconde  nature  ,  
 &  qu'elle fçait  bien faire aller ces  deux  
 chofes  de  compagnie.  
 Il  en  eft  de  ce  difner  &  de  ce  fou-  Contra.  
 per,  comme  de  plufieurs  autrescho-enfes  
 ,  en  quoi  les  Turcs  font  le  con-^/^®;  
 traire  de  ce  que  nous  faifons.  Nous  tumes des  
 nous  contentons,  par exemple,  d'u-Turcs,  &  
 ne  feule  Femme  ,  &  ils  en  ont  plu-'''^'™'™'  
 fleurs  ;  nous  portons  des  habits  
 courts  )  &  ils  en  portent  de  longs.  
 Nous  laiflbns  croître  nos  cheveux  
 &  nous  nous  rafons  la  barbe  coûte  
 unie  ;  eux  au  contraire  fe  rafent  les  
 cheveux  &  laiflènt  croître  leur  barbe. 
   La  main  droite eft chez nous  le  
 côté honorable,  chez  eux  c'eft la main  
 gauche.  Nous  écrivons  de  gauche  
 à  droi t ,&  en  lignes ièparées,  &  eux  
 au  contraire  écrivent  de  droit à gauche  
 ,  &  leurs  lignes  font  courbes  &  
 s'entretiennent.  Nous  nous  découvrons  
 la  tête  lors  que  nous  faluons  
 quelqu'un,  les Turcs aucontraire  ont  
 toujours  le  Turban  fur  la  téte,&  fe  
 contentent  de  faire  une  petite  inclination  
 du  corps.  Il  y  a  cent  autres  
 differences  ,  qui  ne  rac  reviennent  
 pas  à  prefent  dans  la  memoire.  
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