6 4 V O Y A G E au L E V A N T
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Ce Cocconas portant envie aux a-t-elle été fi foiivenr raragée qu'il
Villes de Delphes en la Phoeide, ne faut pas s'etonner de la voir dans
de Claros en Jonie, & de Delos en i un état fi pitoiable. Les Perfes ,
une des Cyclades, qui font desIîles les Gots, les Sarrazins & les Turcs
de la Mer Egée, qui s'etoient rendues
célébrés > & s'etoient enrichies par
les Oracles d'Apollon, fe mit en tète
d'en faire rendre aufli par cette
Divinité dans le Temple qu'elle
lui ont fait fentir tour à tour de funeftes
effets de leur cruauté, & d'ailleurs
la trop grande proximité de
Conftantinople a toujours été un
grand obftacle à fon aggrandilTeavoit
à Chalcedoine. Pour cet effet ¡ ment,
il fe fit recevoir Prêtre d'Apollon,| Les Empereurs d'Orient, quide-
& fe rendant habile à donner des re-1 puis Conffantin le grand ont
ponfcs à double fens 1 à la maniere toujours eu le fiege de leur Empire
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Conftantinople , ne fongeoien:
qu'à agrandir cette ville, même aux
depens des villes voifines, auiTibien
que de celles des ennemis. L'Empereur
Valens qui a été de ce nombre,
a fait lui feul plus de defordre à
Chalcedoine, que tous les ennemis
qu'elle a eus. 11 en rai'a les fortifications
, qui étoient toutes de groCfes
pierres, & il penfa la ruiner de
fond en comble, parce qu'elleavoit
donné retraitte à Procope fon ennemi,
& qu'elle fembloit favorifet
fon parti. Le Grand Aqueduc qui
eft près de Solimanie & qui va jufqu'a
Conftantinople , & la plus
grands partie de cette Mofquée, ont
été bâtis des débris de cette malheudes
Oracles
qu'en peu de temps la reputation,
d'Apollon Chalcedonien rendit cette
ville célébré par toute la Thrace
tant d'Europe que d'Afie, dans la
Bithynie, dans la Phrygie, & dans
tous les lieux d'alentour > d'où tout
le monde accouroit en foule à Chalcedoine,
pour confulter l'Oracle fur
l'état douteux de leurs affaires.
Tous CCS Temples de l'Antiquité
Païenne, non plus que les Eglifts
des premiers Chretiens ne fe voyent
îlus à Chalcedoine : On y voit feuement
une petite partie de celle de
S. Ettphemie qui eft encore debout.
Le peu de Grecs qu'il y a dans cette
ville y font leur fervice, & c'eft
dans la même Eglife que s'eft tenu ! reufe ville.
le quatrième Concile General. j Au refte il eft rare qu'on prenne
Pour ce qui eft des autres Anti-|cc chemin pour aller àConftantinoquitez,
on n'y en trouve prclque plus! pie ; on laiiTe à main droite toutes
aucune, finon quelques tombeaux ! les belles côtes de la Bithynie, &
rompus & quelques Infcriptions, ' l'on va prefque toujours le long de
avec un aiTez beau refte d'un Aque- celles de Thrace. La premiere vilduc
qui eft fous terre. le, qu'on rencontre après avoir laif-
Le Port n'eft plus fermé de | fé l'Hellefpont derriere foi , c'eft Rochaîne
comme il l'étoit autrefois, dofto o\\ Riidifio. L'afliettede cette
pour en défendre l'entrée : maisquoi
qu'il foit ouvert à tout le monde, il qu'elle e
n'en eft pas pourtant plus fre- \ Golfe qi
quenté. d'un aflè
Enfin cette fameufe ville à qui
Chryfopolis ou Scutari fervoit autrefois
ville eft aflèz raifonnable , parce
eft fituée au fond d'un petit
_ui lui donne la commodité
un alféz bon port. Le nombre de
fes habitans eft d'environ quinze
mille hommes. Le Commerce qu'-
elle fait dans toute la Thrace, fur la
Propontide, & fur la Mer Noire 7
attire plus de monde que dan^ toutes
les autres villes qui font de ce
même côté. On y conte trois ou
quatre grandes Mofquées, & plufieurs
autres petites. Les Grecs y
ont auQi quelques Eglifes, & les
de Port pour mettre fes Vaiffeaux
à couvert, & de magazin
pour garder fes provifions, n'a rien
confervé de 'fon Antiquité que fon
nom , & ce n'eft à prefent qu'un
miferable village d'environ mil e ou
douze cent feux, plein de ruines &
de mafures.
cette malheuteufe ville Juifs deux Synagogues. La ville s'étend
e n E G Y P T E ,
tend en long fur le bord de la Mer
où eft fon plus grand commerce ; &
du côté de la terre, elle a quantité
de jardins qui produifent d'aflèz
bons fruits» mais ils font mal cultivez
comme dans tout le refte de la
Turquie, car les Mahometans ne
s'entendent pas mieux au Jardinage
qu'à rArchitefture , & quoi qu'ils
ayant un grand nombre de Boflangis
ou jardiniers qui s'en font particulièrement
u ne affiiire, à l'égard de
leurs fruits, ils laillènt à la Nature
tout le foin de les produire. On y
lème quantité de concombres, de
melons, tant ordinaires que de melons
d'eau, & plufieurs autres femblables
fruits rafraichiiTans, mais ils
n'y viennent pas fi bons qu'aNicomedie.
Dès qu'on eft forti du Golfe de
Rodofto, on trouve à main gauche
Perin l'ancienne ville de Terinthus. Ceti
i L l f e ^^ prefque la'quarantième
de celles qui ont porté le nom ¿ '/f i -
raclée, & fi après tous les malheurs
qui lui font arrivez elle n'avoit confervé
, jufqu'a prefent , fon nom,
on auroit de la peine à croire, en
voiant le trifte état auquel elle eft
reduite, que ce qu'on envoitfoient
les reftes de cette fameufe Verinthus
qui a fait autrefois la loi à l'orgueilleufe
Byzance, fous la Tyrannie de
laquelle elle gémit à prefent.
Cette ville eft fituée à quarante
deux degrez de Latitude Septentrionale,
aux environs d'un Promontoire
ou Tete qui fait des deux
Èôtez deux bons Ports, dont celui
qui eft du côté du Nord-Eft eft le
plus grand & le plus feur, & qui eft
aufli le feul dont on fe fert: Mais
comme on n'a aucun foin de les
nettoyer, & que les Turcs les laiffent
infenfiblement remplir des décombres
& des ruines des vieux bâtimens.
dont on voit encore divers
reftes fur le rivage, il n'y a plus
que de mediocrcs vaiflÊaux, comme
les Barques, les Marfillanes, les
Saïques des Turcs, & autres fem-
•blables qui y puiflent entrer ; au lieu
que du temps de l'Empereur Severe,
& encore long temps après lui, on
y pouvoir retirer toute une Flotte
S Y R I E . &c. 65
& y trouver un bon fond pour les
plus gros VaiiTcaux.
La figure de ce Port eft prefque
ronde, & ne reflèmble pas mal à un
fer a cheval ; La vue en eft agréable,
mais celle de la Tête qui eft à
fa gauche, eft encore plus belle.
L'on découvre de là les deux
Ports d'Héraclès, entre lefquels eft
j découvre aufli la Mer '
de Marmara qui eft au devant. Les
belles campagnes qui l'environnent
en rendent encore la fituation plus
avantageufe.
C'etoit là fans doute qu'écoit ce
fuperbe Amphitheatre d'Hetaelée
qui pafl"oit chez les anciens pour une
des fept merveilles du Monde. O n en
voit encore quelques beaux reftes,
& entre autres des caves pleines d'une
eau fort fraîche & fort claire,
qui fervent à prefent de cifternes.
De ces caves ou Baflins, qui font
afleurément remplis d'eau vive,
puis qu'elles font dans un lieu trop
élevé pour n'etre que des cifternes,
on tiroit l'eau en haut par le moien
de plufieurs tuyaux, & on la conduifoit
dans tous les endroits de l'Amphitheatre,
où l'on en avoit befoin.
C e bâtiment n'étoit pas la feule
chofe remarquable qu'il y eût à Heraclée:
car outre les Temples, les
Bams, & un grand nombre d'autre
edifices Publics, on y voioit encore
plufieurs belles Statues, qui
etoient élevées dans les places publiques
, à la memoire de ceux qui avoient
rendu quelque fervice important
a la ville. Ces Statues ont été
toutes renverfôes & brifées par la
Barbarie des Siecles fuivans , mais
leurs Pie-d'eftaux avec leurs infcriptions
qui font reftées, font encore
des preuves fuffifantes de la reconnoifl
ance des Perinthiens envers
leurs Bienfaiteurs. Ainfi l'on ne
lauroit douter de la generofité des
anciens Heracleotes ; m que cette
ville n ait été l'ancienne Perinthus.
Les Inicriptions Grecques & Latines
qu'on voit en divers endroits
en font de bons témoins,
& les beaux reftes d'Antiquité qu'-
on y trouve, confirment encore ce
que dit le Poëte,
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