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 Ce  Cocconas  portant  envie  aux  a-t-elle  été  fi  foiivenr  raragée  qu'il  
 Villes  de  Delphes  en  la  Phoeide,  ne  faut  pas  s'etonner  de  la voir  dans  
 de  Claros  en  Jonie,  &  de  Delos  en  i un  état  fi  pitoiable.  Les  Perfes  ,  
 une  des  Cyclades,  qui  font  desIîles  les  Gots,  les  Sarrazins  &  les  Turcs  
 de la Mer  Egée,  qui s'etoient  rendues  
 célébrés  > &  s'etoient  enrichies  par  
 les  Oracles  d'Apollon,  fe  mit  en  tète  
 d'en  faire  rendre  aufli  par  cette  
 Divinité  dans  le  Temple  qu'elle  
 lui  ont  fait  fentir  tour  à  tour  de  funeftes  
 effets  de  leur cruauté,  &  d'ailleurs  
 la  trop  grande  proximité  de  
 Conftantinople  a  toujours  été  un  
 grand  obftacle  à  fon  aggrandilTeavoit  
 à  Chalcedoine.  Pour  cet  effet ¡ ment,  
 il  fe  fit  recevoir  Prêtre  d'Apollon,|  Les  Empereurs  d'Orient,  quide- 
 &  fe  rendant  habile  à  donner  des re-1 puis  Conffantin  le  grand  ont  
 ponfcs  à  double  fens 1  à  la  maniere  toujours  eu  le  fiege  de  leur  Empire  
 t  "  •  
 Conftantinople  ,  ne  fongeoien:  
 qu'à  agrandir  cette  ville,  même  aux  
 depens  des  villes voifines,  auiTibien  
 que  de  celles  des  ennemis.  L'Empereur  
 Valens  qui  a  été  de  ce  nombre,  
 a  fait  lui  feul  plus  de  defordre  à  
 Chalcedoine,  que  tous  les  ennemis  
 qu'elle  a  eus.  11  en  rai'a  les  fortifications  
 ,  qui  étoient  toutes  de  groCfes  
 pierres,  &  il  penfa  la  ruiner  de  
 fond  en  comble,  parce  qu'elleavoit  
 donné  retraitte  à  Procope  fon  ennemi, 
   &  qu'elle  fembloit  favorifet  
 fon  parti.  Le  Grand  Aqueduc  qui  
 eft  près  de  Solimanie  &  qui  va  jufqu'a  
 Conftantinople  ,  &  la  plus  
 grands  partie  de  cette Mofquée,  ont  
 été  bâtis  des  débris  de  cette malheudes  
 Oracles  
 qu'en  peu  de  temps  la  reputation,  
 d'Apollon  Chalcedonien  rendit  cette  
 ville  célébré  par  toute  la  Thrace  
 tant  d'Europe  que  d'Afie,  dans  la  
 Bithynie,  dans  la  Phrygie,  &  dans  
 tous  les  lieux  d'alentour  >  d'où  tout  
 le  monde  accouroit  en  foule  à Chalcedoine, 
   pour  confulter  l'Oracle  fur  
 l'état  douteux  de leurs affaires.  
 Tous  CCS Temples  de  l'Antiquité  
 Païenne,  non  plus  que  les  Eglifts  
 des  premiers  Chretiens  ne  fe  voyent  
 îlus  à  Chalcedoine  :  On  y  voit  feuement  
 une  petite  partie  de  celle  de  
 S.  Ettphemie  qui  eft  encore  debout.  
 Le  peu  de  Grecs  qu'il  y  a  dans  cette  
 ville  y  font  leur  fervice,  &  c'eft  
 dans  la  même  Eglife  que  s'eft  tenu  !  reufe ville.  
 le  quatrième  Concile  General.  j  Au  refte  il  eft  rare  qu'on  prenne  
 Pour  ce  qui  eft  des  autres  Anti-|cc  chemin  pour  aller  àConftantinoquitez, 
 on  n'y  en trouve prclque plus!  pie  ;  on  laiiTe  à  main  droite  toutes  
 aucune,  finon  quelques  tombeaux  !  les  belles  côtes  de  la  Bithynie,  &  
 rompus  &  quelques  Infcriptions,  ' l'on  va  prefque  toujours  le  long  de  
 avec  un  aiTez  beau  refte  d'un  Aque-  celles  de  Thrace.  La  premiere  vilduc  
 qui  eft  fous  terre.  le,  qu'on  rencontre  après  avoir  laif- 
 Le  Port  n'eft  plus  fermé  de  | fé  l'Hellefpont  derriere  foi , c'eft  Rochaîne  
 comme  il  l'étoit  autrefois,  dofto  o\\ Riidifio.  L'afliettede  cette  
 pour  en défendre  l'entrée :  maisquoi  
 qu'il  foit  ouvert  à  tout  le  monde,  il  qu'elle  e  
 n'en  eft  pas  pourtant  plus  fre- \ Golfe  qi  
 quenté.  d'un  aflè  
 Enfin  cette  fameufe  ville  à  qui  
 Chryfopolis  ou  Scutari  fervoit  autrefois  
 ville  eft  aflèz  raifonnable  ,  parce  
 eft  fituée  au  fond d'un  petit  
 _ui  lui  donne  la  commodité  
 un  alféz  bon  port.  Le  nombre  de  
 fes  habitans  eft  d'environ  quinze  
 mille  hommes.  Le  Commerce  qu'- 
 elle  fait  dans  toute  la  Thrace,  fur la  
 Propontide,  &  fur  la  Mer  Noire  7  
 attire  plus  de monde  que  dan^  toutes  
 les  autres  villes  qui  font  de  ce  
 même  côté.  On  y  conte  trois  ou  
 quatre  grandes  Mofquées,  &  plufieurs  
 autres  petites.  Les  Grecs  y  
 ont  auQi  quelques  Eglifes,  &  les  
 de  Port  pour  mettre  fes  Vaiffeaux  
 à  couvert,  &  de  magazin  
 pour  garder  fes  provifions,  n'a  rien  
 confervé  de 'fon  Antiquité  que  fon  
 nom  ,  &  ce  n'eft  à  prefent  qu'un  
 miferable  village  d'environ  mil  e  ou  
 douze  cent  feux,  plein  de  ruines  &  
 de mafures.  
 cette  malheuteufe  ville  Juifs  deux  Synagogues.  La ville  s'étend  
 e n  E G Y P T E ,  
 tend  en  long  fur  le  bord  de  la  Mer  
 où  eft  fon  plus  grand  commerce  ;  &  
 du côté  de  la  terre,  elle  a  quantité  
 de  jardins  qui  produifent  d'aflèz  
 bons  fruits»  mais  ils  font  mal  cultivez  
 comme  dans  tout  le  refte  de  la  
 Turquie,  car  les  Mahometans  ne  
 s'entendent  pas  mieux  au  Jardinage  
 qu'à  rArchitefture  ,  &  quoi  qu'ils  
 ayant  un  grand  nombre  de  Boflangis  
 ou  jardiniers  qui  s'en  font  particulièrement  
 u ne affiiire, à l'égard  de  
 leurs  fruits,  ils  laillènt  à  la  Nature  
 tout  le  foin  de  les  produire.  On  y  
 lème  quantité  de  concombres,  de  
 melons,  tant  ordinaires  que  de  melons  
 d'eau,  &  plufieurs  autres  femblables  
 fruits  rafraichiiTans,  mais  ils  
 n'y  viennent  pas  fi  bons  qu'aNicomedie. 
   
 Dès  qu'on  eft  forti  du  Golfe  de  
 Rodofto,  on  trouve  à  main  gauche  
 Perin  l'ancienne  ville  de Terinthus.  Ceti 
 i L l f e  ^^  prefque  la'quarantième  
 de  celles  qui  ont  porté le nom  ¿ '/f i - 
 raclée,  &  fi  après  tous  les  malheurs  
 qui  lui  font  arrivez  elle n'avoit  confervé  
 ,  jufqu'a  prefent  ,  fon  nom,  
 on  auroit  de  la  peine  à  croire,  en  
 voiant  le  trifte  état  auquel  elle  eft  
 reduite,  que  ce  qu'on  envoitfoient  
 les  reftes  de  cette  fameufe  Verinthus  
 qui  a  fait  autrefois  la  loi  à  l'orgueilleufe  
 Byzance,  fous  la  Tyrannie  de  
 laquelle  elle gémit à prefent.  
 Cette  ville  eft  fituée  à  quarante  
 deux  degrez  de  Latitude  Septentrionale, 
   aux  environs  d'un  Promontoire  
 ou  Tete  qui  fait  des  deux  
 Èôtez  deux  bons  Ports,  dont  celui  
 qui  eft  du  côté  du  Nord-Eft  eft le  
 plus  grand  &  le  plus  feur,  &  qui eft  
 aufli  le  feul  dont  on  fe  fert:  Mais  
 comme  on  n'a  aucun  foin  de  les  
 nettoyer,  &  que  les  Turcs  les  laiffent  
 infenfiblement  remplir  des  décombres  
 &  des  ruines  des  vieux  bâtimens. 
   dont  on  voit  encore  divers  
 reftes  fur  le  rivage,  il  n'y  a  plus  
 que  de  mediocrcs  vaiflÊaux,  comme  
 les  Barques,  les  Marfillanes,  les  
 Saïques  des  Turcs,  &  autres  fem- 
 •blables  qui  y  puiflent entrer  ;  au lieu  
 que  du  temps  de  l'Empereur  Severe,  
 &  encore  long  temps  après  lui,  on  
 y  pouvoir  retirer  toute  une  Flotte  
 S Y R I E .  &c.  65  
 &  y  trouver  un  bon  fond  pour  les  
 plus  gros  VaiiTcaux.  
 La  figure  de  ce  Port  eft  prefque  
 ronde,  &  ne  reflèmble  pas mal  à  un  
 fer  a  cheval  ;  La  vue  en  eft  agréable, 
   mais  celle  de  la  Tête  qui  eft  à  
 fa  gauche,  eft  encore  plus  belle.  
 L'on  découvre  de  là  les  deux  
 Ports  d'Héraclès,  entre  lefquels  eft  
 j  découvre  aufli  la  Mer  '  
 de  Marmara  qui  eft  au devant.  Les  
 belles  campagnes  qui  l'environnent  
 en  rendent  encore  la  fituation  plus  
 avantageufe.  
 C'etoit  là  fans  doute  qu'écoit  ce  
 fuperbe  Amphitheatre  d'Hetaelée  
 qui  pafl"oit  chez  les anciens pour  une  
 des  fept merveilles du Monde. O n  en  
 voit  encore  quelques  beaux  reftes,  
 &  entre  autres  des  caves pleines  d'une  
 eau  fort  fraîche  &  fort  claire,  
 qui  fervent  à  prefent  de  cifternes.  
 De  ces  caves  ou  Baflins,  qui  font  
 afleurément  remplis  d'eau  vive,  
 puis  qu'elles  font  dans  un  lieu  trop  
 élevé  pour  n'etre  que  des  cifternes,  
 on  tiroit  l'eau  en  haut  par  le  moien  
 de  plufieurs  tuyaux,  &  on  la  conduifoit  
 dans tous les endroits de  l'Amphitheatre, 
   où  l'on  en avoit  befoin.  
 C e  bâtiment  n'étoit  pas  la  feule  
 chofe  remarquable  qu'il  y  eût  à  Heraclée: 
   car  outre  les  Temples,  les  
 Bams,  &  un  grand  nombre  d'autre  
 edifices  Publics,  on  y  voioit  encore  
 plufieurs  belles  Statues,  qui  
 etoient  élevées  dans  les  places  publiques  
 ,  à  la  memoire  de  ceux  qui  avoient  
 rendu  quelque  fervice  important  
 a  la  ville.  Ces  Statues  ont  été  
 toutes  renverfôes  &  brifées  par  la  
 Barbarie  des  Siecles  fuivans  ,  mais  
 leurs  Pie-d'eftaux  avec  leurs  infcriptions  
 qui  font  reftées,  font encore  
 des  preuves  fuffifantes  de  la  reconnoifl 
 ance  des  Perinthiens  envers  
 leurs  Bienfaiteurs.  Ainfi  l'on  ne  
 lauroit  douter  de  la  generofité  des  
 anciens  Heracleotes  ;  m  que  cette  
 ville  n  ait  été  l'ancienne  Perinthus.  
 Les  Inicriptions  Grecques  &  Latines  
 qu'on  voit  en  divers  endroits  
 en  font  de  bons  témoins,  
 &  les  beaux  reftes  d'Antiquité  qu'- 
 on  y  trouve,  confirment  encore  ce  
 que  dit  le  Poëte,  
 îî!^  
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