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 Eglife  de  
 244.  VOYAGE  au  L E V A N T  
 couleurs.  On  voit  aufli  dans  cette  
 Eglife  un  morceau  d'un  tableau  
 qu'on  pretend  qui  a  été  peint  par  
 S.-fiLuc  ,  il  reprefentc  S.  Michel  
 l'Archange  ;  ce  n'eft  qu'une  figure  
 un  peu  plus  qu'a  dcrai-corps,  avec  
 une  cpée  à  la  main  ,  tout  à  fait  à  
 l'antique  >  il  n'y  paroit  aucun  art,  
 comme  on  le  peut  juger  par  la  figure  
 qui  eft  N".  lof.  Sans  parler  
 •du  ménagement  des  couleurs  où  
 il  y  a  trop  de  bigarreure.  Outre  
 ce  Tableau  dont  on  ne  feroit  aucun  
 cas  fans  l'honneur  qu'on  lui  a  
 fait  de  dire  qu'il  a  été  peint  par  
 S.  Luc  l'Evangelilte  ,  on  montre  
 un  morceau  d'Autel  qui  efl  aflèurcment  
 de  meilleur  goût  &  qui  y  
 été  apporté  d'Europe  il  y  a  
 quelques  années  par  un  Confuí  
 François.  Il  reprefente  la  Vierge  
 Marie  avee  notre  Seigneur.  Le  
 corps  de  S.  Marc  premier  Patriarche  
 d'Alexandrie  qui  y  a  fouiïcrt  
 le  martyre  l'an  46.  de  la  naifTance  
 de  Jefus  Chnft  ,  a  repofé  dans  
 cette  Eglife  jufqu'au  temps  que  
 quelques  marchans  Vénitiens  
 revenant  de  la  Terre  S".  le  tranS'  
 portèrent  à  Venife.  
 O n  me  mena  auflî  dans  l'Eglife  
 i  s.  Cathe-  de  S"  Catherine  où  l'on  garde  encore  
 la  Colonne  où  on  lui  
 coupa  la  tête.  J'y  vis  plufieurs  
 peintures  ,  &  entre  autres  il  y  en  
 avoit  quelques  unes  qui  étoient  afièz  
 bien  faites.  
 inrtru-  Je  deflînai  auffi  ici  un  More  
 ment Ara-  Arabe  j  pour  faire  voir  l'Inflrument  
 dont  ils  jouent  ,  cela  fe  fait  avec  
 un  morceau  de  cuir  qu'ils  ont  entre  
 les  doigts  ,  avec  lequel  ils  raclent  
 les  cordes.  Cela  eft  reprefenté  
 N".  106.  
 Quantité  Ce  qu'il  y  a  de  plus  remarquable  
 dans  cette  ville  ou  pour  
 mieux  dire  defTous  >  ce  font  les  
 Cifternes  qui  y  font  en  fi  grande  
 quantité  que  ptefque  toute  la  ville  
 d'Alexandrie  eft  fur  des  Colonnes  
 fur  lefquelles  auffi  eft  pofée  la  voûte  
 qui  lui  fert  de  fondemens.  Ces  
 Cifternes  font  remplies  par  le  moien  
 d'un  Canal  qui  eft  hors  de  
 la  Porte  de  Rozette,  &  qui  environ  
 à  un  quart  de  lieuë  de  la  ville  
 reçoit  fon  eau  du  Khalits  de  
 Cléopatre  qui  la  conduit  là  dans  
 le  temps  du  débordement  du  Nil.  
 On  ne  boit  point  d'autre  eau  à  
 Alexandrie  ,  &  c'eft  pour  cela  que  
 ces  Cifternes  qui  ont  communication  
 avec  ce  Canal  par  une  invention  
 fort  fpirituclle  ,  font  d'une  
 grande  neceflité  à  cette  ville.  
 On  compte  fix  Portes  à  Alexandr. 
 e  ,  mais  il  n'y  en  a  que  trois  
 qui  fervent  ,  les  trois  autres  font  
 fermées.  
 Les  Trois  Ports  qui  y  font  la  
 rendent  encore  confidérable  ;  Mais  
 le  premier  qu'on  nomme  le  Port  
 vieux  &  qui  eft  médiocrement  
 grand,  n'eft  gueres  frequenté,  parce  
 que  les  vaiflèaux  ont  trop  de  
 peine  à  y  entrer.  Ce  Port  eft  muni  
 des  deux  cotez  d'un  Fort  où  il  
 y  a  toujours  une  bonne  garnifon  
 pour  empêcher  les  vailTeaux  ennemis  
 d'en  approcher.  Les  deux  autres  
 Ports  font  un  peu  plus  hauts»  
 l'un  au  côté  droit,  &  l'autre  au  
 côté  gauche  d'une  petite  Ifle  qui  
 en  fait  la  féparation.  Cette  petite  
 Ifle  étoit  autrefois  plus  loin  de  
 la  Terre  ferme  à  laquelle  elle  eil  
 à  prefent  jointe  par  un  pont  de  
 quelques  arches  ,  &  on  l'appelloit  
 en  ce  temps  là  Pharos  ou  le  
 Fanal.  Elle  eft  aflêz  avant  dans  
 la  Mer  &  elle  fert  au  Grand  Seigneur  
 de  Magafïn  à  Poudre,  qui  
 y  efl  gardée  dans  une  groiTe  Tour  
 quarrée  qui  eft  au  milieu  de  l'Ifle.  
 A  l'un  des  bouts  on  voit  encore  
 un  Château  qui  porte  le  nom  de  
 Phare  {les  François  l'appellent  
 Farillon)  qu'on  pretend  être  bâti  
 au  même  endroit  ou  l'on  voioit  
 ce  fameurx  Phare,  qui  étoit  une  
 des  fept  Merveilles  du  monde.  
 De  ces  deux  Ports  qui  font  féparez  
 par  l'Iflc  ,  le  premier  qui  
 eft  le  plus  feur  ;  ne  fert  pourtant  
 que  pour  les  Galeres  ,  parce  
 qu'il n'a pas aflèz de profondeur,  l'autre  
 qu'on  appelle  le  nouveau  Port,  
 qui  eft  bien  plus  grand  &  plus  
 profond  ,  fert  aux  grands  vaiffeaux  
 ,  qui  s'y  retirent  ,  &  qui  
 y  font  deffendus  par  le  Fort  
 que  nous  -avons  dit  ,  &  encore  
 Portes.  
 Ports.  
 en  E G Y P T E ;  SYRIE;  &c.  
 re  par  un  autre  plus  petit  qui  eft  de  
 l'autre  côté.  
 Sur  le  bord  du  grancl  Port  efl  
 la  Douane  ,  auprès  de  laquelle  il  
 y  a  encore  quelques  autres  maifons.  
 Cette  Douane  eft  affermée  par  le  
 Grand  Seigneur  à  des  gens  qui  lui  
 en  font  une  grolTe  fomme,  parce  
 qu'il  y  a  continuellement  des  vaiffeaux  
 qui  abordent  à  Alexandrie  &  
 Grand  qui  en  partent.  Pendant  que  j'y  
 abord  jj  arriva  le  17.  de  Juin""  vaiilèaux  --  K  .  .  . . . .  1  
 M a r - 
 chands.  
 vaiifeau  Marchand  Anglois,  le  18.  
 cinq  Galeres  de  Conftantinople,  le  
 19.  un  vaiifeau  Anglois  en  partit  
 pour  Ligourne.  Le  23.  il  arriva  un  
 vaiflèau  François  de  Marfeille,  le  
 26.  encore  un  François;  le  27.deux  
 vaiflèaux de F rance;  lejo.  une  barque  
 du  même  lieu  ,  &  il  en  partit  
 auili  un  vaifTeau  Anglois  &c.  Cha- 
 2 4 5  
 que  Nation  y  a  ordinairement  fon  
 vice-Conful  :  De  mon  temps  c'ewit  
 un  Meffiriois  qui  faifoit  les  affaires  
 des  Anglois  6c  des  Hollandois.  
 Les  François  y  avoicnt  auffi  lé  leur,  
 de  même  que  la  République  de  
 Venife.  
 Hors  de  la  ville  il  y  a  quantité  de  Grottes  
 Grottes  &  de  Caves  fous  terre,  qui  
 peut-être  ont  été  pour  la  plus  part  
 des  lieux  à enterrer  les morts.  
 Avant  que  de  quitter  Alexandrie  
 il  faut  que  j'ajoute  ce  mot,  que  le  6.  
 de  juin  au  matin  l'Aga  m'envoia  
 quérir  pour  fervir  de  Truchement  à  
 un  Flamand,  mais  lors  que  j'arrivai  
 on  me  dit  que  l'aftaire  étoit  déjà  
 reiglée.  Je  n'ai  jamais  pû  fçavoir  
 qui  étoit  celui  pour  qui  l'on  vouloir  
 fe  ièrvir  de  moi.