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 16  VOYAGE  au  L E V A N T  
 C H A P I T R E  V.  
 "Départ  de  Ligourne.  S huatiori de dberfes  Jfles dans la  Mediterranée  
 (s-  dans  l'iiJrchipel.  oJrrbée  àSmyrne,  
 nofa ,  
 Monte  
 Chrifto.  
 - ^ T O u s  partîmes  de  Ligourne  le  
 (le L ^ r a u r - l o .  de Juin  1678.  par  un  vent  
 ne.  Eft-Sud-Eft.  Notre  Flotte  étant  
 compofée  de  deux  vaillèaux  de  
 guerre,  &  de  treife marchands.  Le  
 lendemain  nous  nous  trouvâmes  en- 
 Elbe.Ca-tte  Elbe  &  Capriaj&nousaperceùpria, 
   Pia-mes  aufll  les  Ifles  Pianolà  &  Monte  
 Chrifto.  Le  12.  nous  nous  trouvâmes  
 entre  les  deux,  &  le  foir  nous  
 eûmes  Monte  Chrifto  à  l'OueftSud- 
 Oueft.  Le  13.  nous  découvrîmes  
 pkilieurs  voiles  ,  &  foupçonnant  
 que  ce  pouvoit  être  quelques  François  
 t  nous  nous  mîmes  en  ctat  de  
 nous  defendre  au  cas  qu'il  fallût  en  
 venir  aux  mains ;  mais  peu de  temps  
 après  nous  trouvâmes  que  c'etoit  
 une  Flotte  de  VaiiTeaux  Angloisj  
 forte  de  trente  quatre  voiles,  entre  
 lefquels  il  y  avoit  neuf  vaiiTeaux  du  
 Roi  commandez  par  le  Lord  Amiral  
 Narbourg  ,  ils  retournoient  de  
 Smyrne  ,  de  Scanderone  ,  &  de  
 Zante.  Nous  voguâmes  doucement  
 pour  les  attendre.  Cependant  on  
 détacha  une  chalouppe  avec  quelques  
 Officiers  qui  vinrent  à  nous  à  
 la  rame  pour  demander  des  nouvelles  
 à  nôtre  Commandant  ;  à  quoi  
 aiant  répondu  nous  continuâmes,  
 nôtre  chemin.  
 Le  matin  du  14..  nous  eûmes  un  
 grand  orage  accompagné  de  Tonnerre, 
   qui  nous  obligea  de  plier  les  
 voiles.  Le  1 y.  le  VaiiTeau  nommé  
 le  Saint  Nicolas  qui  étoit  deftiné  
 pour  Naples  fe  fépara  de  nôtre  
 Compagnie,  aiant  alors  l'Ifle  Ifchia  
 au  Nord-Eft.  Apres  midi  le  Commandant  
 fiti mettre  le  Pavillon  blanc  
 au  haut  du  mât  de  mifaine  pour  ligne  
 qu'on  eût  à  s'aflemblcr  pour  
 confcrer  cnfemble.  Nous  baiiTàmes  
 donc  toutes  nos  voiles  jufqu'â  ce  
 qu'on  eut  confulté ;  après  quoi  con- 
 tinant  nôtre  cours  ,  nous  eûmes  le  
 foir  Monte  Grego  au  Nord-Eft-g,.  
 Nord,  environ  à  dix  ou  douze  miles  
 Panafi,  
 de  nous.  Le  lendemain  nous  
 tînmes  encore  confeil,  &  tournâmes  
 nôtre  courfe  parle  Sud-Eft  àMeffine. 
   Une  Flûte  Angloife  deftinée  
 pour  Malte  fe  fépara  de  nous  en  cet  
 endroit.  
 La  Nuit  nous  vîmes  brûler  la  stiommontagne  
 Stromboli  que  je  dcllînai bolitelle  
 qu'elle  me  parut,  &  qu'on  la  
 pourra  voir  dans  la  figure  que  j'ai  
 jointe  ici.  Elle  eft  marquée  au  nombre  
 I.  parce  qu'elle  fera  fuivîe  de  
 quelques  autres  marquées  aux  nombres  
 fuivans.  
 Le  i6.  au  matin  nous  paflames  
 entre  les  Ifles PanafiSc Stromboli. 
   
 O n  dit  au  fujet  de  cet  embrafement, 
   que  ceux  qui  pallènt  auprès,  
 entendent  des  hurlemens  effroyables: 
   ce  qui  fait  que  les  perfonnes  
 qui  font  un  peu  credules  s'imaginent  
 que  la  bouche  de, l'enfer  efl  au  
 fommet  de  cette  montagne.  Mais  
 les  Naturaliftes  tiennent pour  certain  
 que  ce  hurlement  ou  mugiffement  
 ne  vient  point  d'autre  chofe  que  de  
 la  violence  des  vents  qui  viennent  
 de  tous  les  côtez  fc  rendre  dans  les  
 cavitcz  que  la  mer  y  a  fiutes,  &  qui  
 y  étant arrêtez avec violence,  caufent  
 ce  bruit  effroyable.  
 A  midi  nous  joignîmes  la  Sicile  
 &  nous  touchâmes  la  pointe  de  Mil 
 a z z o ,  le  foir  nous  nous  trouvâmes  
 fous  le  Phare  de  Meflinc,  où  nous  Piiaro de  
 jettames  l'ancre  dans  le  détroit  à Meffiue.  
 quatorze  braifes  d'eau.  Ce  pafTage  
 eft  fort  dangereux  à  caufe  du  peu  de  
 largeur  ,  car  les  deux  pointes  de  la  
 terre  ferme  &  de  d'Iflc,  femblent  
 s'approcher  l'une  de  l'autre  &  fe  
 vouoir  toucher.  Aulli  fut-ce  un  
 grand  
 MilaZïe.