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C H A P I T R E X.
Defcription de (palata , de Tera, Topham amref
lieux des environs de Confiantinople.
M Près la courte defcription que
j e viens de donner de Conftannnople,
& que j'abrege d'autant plus
volontiers que beaucoup d'autres voyageurs
en ont écrit, & que ce que
j'y ai vu de plus confiderable s'eft
trouvé conforme à ce qu'ils en remarquent
, je commencerai à vous parler
de Calata qu'on pourroit appel-
1er avec raifon un faux-bourg de Conftantinople,
puifqu'il n'en eftfeparé
que par le Port qui eft fitué entre
les deux. On paflè de l'Un à l'autre
par le moien des Caïques & des Tar-
Chcmin toujours des deux còde
Con- tez en grande quantité. C'eft une
ftantino- efpece de petits Batteaux ou barques
f à " qui ne different entre-elles qu'en ce
que les Caïques font bien plus grandes
que les Parmes. Ce n'eft pas
qu'on ne puiflê aller auffi par Terre
de Conftantinople à Calata en tournant
tout au tour du Port > mais
- pour lors il faut traverfer une petite
riviere d'eau douce qui s'y decharge.
Ocuiei- On rencontre premièrement fur
îian- ce chemin l'Ocmeidan > qui eft une
plaine fort fpacieufe où les Turcs
s'exercent à tirer de l'Arc,-, comme
le marque fon nom. Plus avant on
vient à KaJJum-pacha qui eft un
CafTura- Bourg où l'on voit fur le bord de la
pacha. l'^ffenal ou Chantier à bâtir les
vaiflèaux. C'eft là qu'on fait les Navires
& les Galeres ; & il y a pour
cet effet jufqu'a fix vingts Arcades.
Le Capaudan-BttJSa ou Amiral, qui
a dans fa dépendance tous les gens
de marine, y fait fa demeure. Ailèz
proche de ce Bourg qui eft raifonnablement
beau, on voit la Bagne des
Efclaves du Grand Seigneur : C'eft
un bâtiment d'une etendue confiderable;
Et on paflè enfuire auprès de
quelques cimetieres & l'on vient à
Calata.
Calata eft une ville raifònnable- Galat»,
ment grande & aflèz jolie. Elle eft
ceinte d'une ancienne muraille; &
n'eft habitée en grande partie que de
Grecs dont la plus part gaignent leur
vie à tenir auberge. C'eft auffi la
demeure ordinaire des Francs ou
Chrétiens d'Europe, leurs Ecclefiaftiques
y ont cinq Cloitres ou maifons
où fe fait le fervicc de l'Eglife
Romaine.
Il y a fur le bord de la Mer un
fort beau marché au poiiTon. C'eft
^une longue rue des deux côtez delà
quelle on ne voit que des marchands
j de poiiTori, chez qui on en trouve
tous les jours une incroiable quantité
de toute forte, & à bon marché. 11
y a particulièrement d'excellent Turbot
, & entre autres des huitres dont
le Cent ne coûte que deux ou trois
fous. J'y ai auffi mangé plus d'une
fois de très delicates moules, & des
ccreviflès d'eau douce qu'on y apporte
au marché en abondance.
Quand on eft forti de la Porte de
Calata on monte pour aller à 'Pera,
qui n'eft de même feparé de Calata
que par quelques Cimetieres qu'on
lailîê fur la gauche.
Tera n'eft qu'un Bourg, mais affez
gros. C'eft là que les Ambaflàdeurs
des Princes Chrétiens font leur
demeure, à la rcferve de celui de
l'Empereur , & de celui du Roi de
Pologne. Du temps que je demeurois
là , le premier étoit logé fur le
Canal de la Mer N oire dans un Bourg
nommé Arnout Kiou qui eft environ
à une heure & demie de Calata-,
& l'autre au Bourg i/'yiiAVfl», à côte
de Calata fur le bord d'une petite riviere
d'eau douce à l'endroit où elle
fe déchargé dans le Port.
Les maifons de Pera font belles ,
principalement celles des AmbalTadeurs
Chrétiens, auffi n'y a-t-ilprefque
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