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3i VOYAGE au L E V A N
ciens aflêz rcconnoiflablcs pour ne
s'y pas tromper, & tout vis à vis il
y a une efpece de lieu marécageux
plein de petits ruifleaux. On croit
que c'a été autrefois un Lac. On
voit aufli dans cet endroit quantité
de morceaux & de débris de colonnes,
mais bien moins grandes & bien
plus iimples que les autres. Je n'ai
pu apprendre à quoi elles peuvent
avoir l'ervi.
AlTcz près delà on trouve encore
un ruiiTeau dont l'eau eft fort belle.
Il y a auprès un grand arbre duquel
l'ombre eft d'un grand ufage pour
fe garentir du foleil lors qu'on va
pour fe rafraichir à ce ruiiTeau.
la Grot l'Orient de la montagne où l'on
t e desfept voit les pitoiables reftes des bâti-
Dormans. mens magnifiques de cette fameufe
v i l l e , on rencontre une Grotte appellée
¿a Grotte des fept 'Dormans.
Les Chretiens de ce pais là foutiennent
que du temps de l'Empereur
Decius environ 2^0. ans après la
naiflànce de Jefus Chrift lors que
l'Eglife étoit violemment perfecutée
) fept jeunes hommes d'Ephefe
fe caçhcrent dans cette grotte, où
s'etant endormis ils ne fe reveillerent
que fous le regne de Theodofe
n. qui fut très zélé protefteur des
Chretiens. Ils croioient n'avoir
dormi qu'une nuit , quoi qu'il fe
fût pafle environ deux cens ans depuis
qu'ils s'etoient couchez. Suppofé
que cela foit vrai, il eft aifé de
s'imaginer quelle fut leur furprife
lors que retournant à Ephefe ils ne
connurent ni les hommes, ni la
monnoye,ni tout ce qui fe paflbit,toutes
chofes étant changées, & tous
les habitans étant devenus Chrétiens.
Environ à une petite heure d'Ephefe
nous vîmes les Fonts ou Saint
Jean l'Evangelifte baptifoit les Chretiens
, à ce que difent les gens du
païs. N°. 10. C'eft une pierre de
Jafpe, grife, de fcize pieds de diametre,
mais un peu gâtée, parce
hors d'£- que ceux qui voyagent en ce païs là
phefe; tâchent d'ordinaire d'en avoir quelque
morceau , afin de le garder
comme une relique. J'en rompis
auffi deux morceaux, à defiTein d'eu
Fons
Eaptifmaux
de
S. Jean
faire quelque chofe lors que je fcrois
retourné en mon Pais. Sans
doute que ces Fonts auront été dans
quelque Eglife , & peut-être fans
aucun pié-d'eftal , comme j'en ai
vu plufieurs chez les Grecs qui
étoient ou tout à plat à terre , ou
fort peu élevez.
Les ruines qui font là autour font
aiTez connoitre qu'il y aeu autrefois de
grands bâtimens ce qui me perfuade
que ces Fonts baptilmaux n'auront
point été apportéz ici d'Ephefe,
comme c'eil la commune opinion.
D'autres croient que là, aux environs,
ou bien devant le Temple
de Diane, doit avoir été le principal
quartier de l'ancienne ville, & faifant
reflexion fur ce que les premiers
Chrétiens etoient trop vio emmenc
perfecutez pour avoir pû adminiftrer
publiquement le Baptême en ce lieu,
ils inferent delà qu'il faut que ces
Fonts y aient été amenéz d'autre
part.
Environ une demie lieuë plus loin
en rencontre au haut d'ime monta- Prifonde
gne le bâtiment marqué 11. qu'on
dit avoir été la prifon de S'. Paul.
Il eft encore de bout en grande partie,
& on y voit diftinitement quatre
chambres de fort belles pierres
de marbre bien taillées.
D'ici on a une vue très agréable ,, j
fur toute la plaine & fur la Riviere de
Meandre, qui y ferpente, & y fait
une infinité de tours & de retours,
ce qui a donné lieu à quelques uns
de dire que les Labyrinthes fi renomez
autrefois avoient été pris fiir ce
modele. Au moins eft celapenfée
d'Ovide , qui parlant du Labyrinthe
de Dedale, dit au 8. de fes Metamorphofes,
qu'il l'avoit fait à l'imitation
de ce fleuve.
Nm fecus ac liquidus Thrygiis
Maandrosinarvis
Ludit ; ô" ambiguo lapfu rejîuitque
fltiitque :
Occurrenfque fièi venturas afpicit
undas :
Et nunc ad fontes, nunc ad mare
ver fus apertum,
Incertas exercet aquas : it a "Vaàalus
implet
i f í i i i i ü i f l í r T r i i n i i ' " ! ' ''