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 e n  E  G  Y  P  T  e ;  s  Y  R  i  E ,  &c.  loi  
 eft  celle  dont  nous  parlons > qui  
 femble  avoir  été  la  plus  grande  de  
 toutes,  &  qu'on  voit encore aujourd'hui, 
   au moins  la  partie  d'enhaut.  
 Il  femble  auffi que  les  Sphinx  fervoient  
 en  même  temps  à  marquer  
 les  accroilîêmens  du  Nil  ,  comme  il  
 paroit  par  ces  paroles  d'un  certain  
 Auteur  Arabe  nommé  Aben  Vnfchia. 
   Tour  exprimer  la  fertilité  
 que  le  Nil  caufe  par  Jes  dehordemens, 
   ils  ont  bâti  cette  grande  Statué  
 par  où  fous  la  figure  d'un  Lion  
 lis  mcfurent  l'accroisement  du  Nil.  
 A  caufe  de  cc  débordement  de  l'eau  
 que  les  Egyptiens  reçoivent  tous  les  
 ans  par  le  benefice  de  la  conftellation  
 du  Lion  ,  ils  ont  établi  chez  eux  
 une  coutume  qui  cfb  aufli  en  ufage  
 &  parmi  tous  les peuples  de  
 l'Europe,  que  les  tuyaux,  les  robinets, 
   &  generalement  tout  ce  qui  
 lèrt  aux  jets  d'eau,  font  faits  ordinairement  
 en  maniere  de  têtes  de  
 Lions  ,  ou  qu'au  moins  elles  y  fervent  
 fur  la • montagne  Sphincius  près  de  
 Thcbes  ,  d'où  il  avoit  accoutumé  
 de  fe  jetter  fur  les  paflans,  &  de  
 leur  propofer  une  Enigme  dont  il  
 falloit  qu'ils  donnalTent  la  folution.  
 Sur  quoi  les  Thebaiiis  étant  allez  
 confulter  l'Oracle  d'Apollon,  il  leur  
 repondit  que  ce  mal  ne  cefferoit  
 point  devant  que  quelcun  eut  donné  
 d'ornement.  
 Les  Sphinx  étoient  auiTi  mis  par  
 les  Anciens  à  la  Porte  des  Temples;  
 par  où  ils  vouloient  fignifier  que  
 leur  Théologie  étoit  une  fcience  
 toute  enveloppée  d'enigmes  &  de  
 fymboles  myfterieux.  
 En  effeft  il  femble qu'il  foit  plus  
 raifonnable  de  croire  que  les  Egyptiens  
 ,  qui  avoient  accoutumé  de  
 reprefenter  par  des  emblèmes  &  par  
 des  figures  myftcrieufes  toute  leur  
 fcience  ,  &  toute  la  connoiiTance  
 qu'ils  avoient  des  fecrets  de  la  nature  
 ,  ont  voulu  par  ces  Sphinx  fignifier  
 quelque chofe de femblable,  que  
 d'ajouter  foi  à  ce  que  les  auteurs des  
 fables  ont  imaginé  la  deflTus.  Ils  ont  
 dit  felon  le  témoignage  d'Hyginus  
 &  des  autres  ,  que  le Sphinx  étoit  
 im  Monftre  né  de  Typhon  &  d'Echidna  
 ,  qu'il  avoit  la Tête  &  le  vifage  
 d'une  fille,  les ailes  d'unoifeau,  
 &  le  corps  d'un  chien.  Ou  comme  
 !e  dit  Clearque,  la  téte  &  les  mains  
 d'une  fille,  le  corps  d'un  Chien,  la  
 queuë  d'un  Dragon,  les griffes  d'un  
 Lion  &  les ailes  d'une  Aigle.  Il  fe  
 tcnoit,  difent  ils,  dans  la  Boeotie  
 la  folution  de  la  difficulté  que  
 ce  monftre  avoir  accoutumé  de  
 propofer.  C'etoit  ici  l'enigrae.  
 Mucl  eji  l'Animal.,  qui  le matin  marche  
 à  quatre  pieds,  à  midi  à  deux,  
 &  le  Joiràtrois.  
 Comme  donc  plufieurs  perfonnés  
 qui  n'avoient  pû  expliquer  
 l'enigme  ,  avoient  été  devorez  par  
 le  Sphinx,  Creon  qui  regnoit  alors  
 fur  les  Thebains  ,  fit  publier  par  
 toute  la  Grece  que  fi  quelcun  pouvoir  
 foudre  l'Enigme,  il  lui  donneroit  
 en  mariage  fi  fille  Jocaftc  
 veufve  de  Laïus.  Oedipe  qui  étoit  
 fils de  Laïus  &  de  Jocafte,  maisqui  
 ne  le  fçavoit  pas,  &  qui même dans  
 cette  ignorance  avoit  tué  fon  pere  à  
 caufe  que  par  hauteur  il  l'avoit voulu  
 chail'erdelaPhocide;  Oedipe,  dije, 
   attiré  par  cette  offre alla trouver  
 le  Sphinx,  &  donna cette folution à  
 fon Enigme,  ^ e  cet  Animal  étoit  
 t homme,  qtù  dans  fon  enfance  qui  
 efi  le  matin  de  la  -vie,  marchoit  fur  
 les  mains  &  fur  les pieds,  dans  fa  
 jeune(fe  &dans  fa  vigueur,  marchoit  
 droit fur  les  deux  pteds,  &  dans  fa  
 vieillefe  étoit  obligé  de  s'aider  d'un  
 bâton  -,  qu'après  cette  reponce  le  
 monftre  plein  de  dcpit  fe  précipita  
 du  haut  en  bas  d'une  roche  ,  &  
 qu'Oedipe  qui  avoit  tué  fon  Pere  
 fans  le  connoitre,  epoufa  de  même  
 fa mere  fans le  fçavoir.  Cette  fable  
 &  plufieurs  chofes  qu'on  y  ajoute,  
 font  felon  mon  jugement  pleines  de  
 fignifications  myfterieufes.  
 Apres  que  j'eus  achevé  mon  dcffeing  
 nous  retournâmes  par  le même  
 chemin  que  nous  étions  venus,  Se  
 nous  arrivâmes  le  foir  au  Caire  fort  
 fatiguez,  &  pour ainfi dire brûlez par  
 la  chaleur  exceflîvc  du  Soleil.  
 C  c  CHAPÎ- 
 ; lis./;  
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