' ^-'fii'ii "lailliiirr-'l^ ri("'If i''''iirM
I K
01 I I" V O Y A G E au L EVANT
t t i
1 7 4
qui font tous i g e n s de Marine. On
n e voit auiïï de Camyrus & de Jalifliis
que les fondemens de leurs
remparts. Au haut de le montagne
du côté du midi à dixhuit
cens braflcs de la ville on rencont
r e une montagne que les Soldats
d e Sultan Soliman li. élevcrent en
une nuit l'an i^ii. par le moien
d e laquelle cet Empereur avec mill
e galeres qui lui fervoient comme
d e Pont, & qu'il avoic fait venir
pour cet effet de l'Orient de Nat
o l i e , fe rendit niaitre delà ville,
parce qu'étant plus élevé , il la
commandoit & la pouvoir battre
aifémcnt. Tout auprès de cette
montagne on en voit une autre qui
f u t elevée de la même maniéré; elles
furent faites toutes deux dans l'efpace
d e vingt quat r e heures. On eftime
que cette derniere n'eft éloignée
d e la ville que de quatre ving braffes.
H o r s de la ville , dans la plain
e les Turcs s'excercent à la lutte,
c e que j'ai vu une fois ou deux,
il y a une lice qui eft deftinée à
cela. Cette lutte ne confifte qu'a
s'entre-jetter fur le dos ou par deffus.
Les Lutteurs font tout nuds
excepté qu'ils ont un caleçon fort
court. Cela fe fait deux fois la
femaine, le Mardi & le Vendredi,
& comme il eft permis à qui veut
d e s'y trouver, on y voit quelque
fois quarante ou cinquante lutteurs
e n même temps. Celui qui demeur
e le vainqueur va à la ronde fe
îrefenter à tous les fpeflrateurs qui
ui donnent chacun lêlon fa libéralité
, quelques Afpres, dont les
trois font environ un fou. Celui
qui a l'infpeftion & qui eft l'arbitre
de cet exercice, eftuneperfonn
e qui n'y a jamais été vaincue &
qui paife auffi pour le Maitre & le
Chef de tous les autres. Comme
c'etoit ma coutume de deffiner fur
le papier tous les lieux que je jugeois
qui en valoient la peine quand j'en
avois l'occaCon, j'avois deffiné celui
ci à mon arrivé, & cela de deux
vues différentes, le plusfecretement
pourtant qu'il m'avoit été poffible,
parce que comme la ville d e Rhodes
eft une des principales places fortes
des Turcs , ma curioiîté m'aurait
coiité la vie fi j'avois été pris fur le
f a i t : Les Turcss'imaginanttoujours
que lors que les Chrêtiensprennent
le plan de quelqu'une de leurs places,
ils n'ont point d'autre deflein
que de s'en fervir à leur prejudice.
Le premier craion que j'en fis n e fut
que fur de petits morceaux de papier
, que je ralfcmblai dans la fuit
e , & que je mis en ordre quand je
fus fur le vaiffeau. On voit cette
sremiere peinture N°. 63. Cet t e bele
Tour dont j'ai parlé eft marquée
à la lettre A. Le Château qui eft à
la pointe avec les mo u l i n s , le font au
B. & la Porte de la ville au C, Le
fécond craion qu'on voit N°. 66. fut
pris à moitié chemin entre la porte
de la ville & les moul ins que nous
venons de dire , j'etois à côté du
p o r t derriere la muraille. Dans cett
e figure on voit a la lettre K. k
porte de la ville par où l'on va au
Port des Galeres. La Tour à la
lettre L. & le chateau S. Ange ou
le Diamant qu'on appelloit cy devant
S. Hermus , à la lettre M. Le
P o r t eft comme un baflin s pour en
donner une idée plus dift infte, j'en
ai reprefenté ici toute la vue, à le
regarder comme de dehors, & j'ai
marqué l'endroit où étoit le Coloflè
ou la ftatuë du Soleil , dont l'un
des pieds étoit ou eft la lettre O. &
l'autre à la lettre P.
Apres avoir parlé jufqu'ici de la
ville & de l'Ifle de Rhodes, je reprendrai
ici la fuite du rccit demon
voyage; Le 3. & le 4. de Mars nous
eûmes un vent fort r u d e , &lamerfi
emeuë que les vagues venoient par
deiTus le Chateau jufqu'au lieu oil
font les moulins, c'eft à dire fur le
rempart. Le 7. le vent recommença
à fe renforcer tellement de l'Eft
au Sud , que perfonne ne pouvoit
ni fortir du Vaiffeau ni y aborder,
ce vent étoit accompagné de fort
grande coups de tonnerre , & d'éclairs
continuels. Nous étions bien
pourvus de cinq ancres du côté de la
Mer, & de plufieurs autres cables qui
étoient attachez à terre, dont quelues
uns étoieiit .entortillez autour
u Cabeftan , aiant le derriere de
Mauraii
temps.