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 01  I  I"  V O Y A G E  au  L EVANT  
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 qui  font  tous  i g e n s  de  Marine.  On  
 n e  voit  auiïï  de  Camyrus  &  de  Jalifliis  
 que  les  fondemens  de  leurs  
 remparts.  Au  haut  de  le  montagne  
 du  côté  du  midi  à  dixhuit  
 cens  braflcs  de  la  ville  on  rencont 
 r e  une  montagne  que  les  Soldats  
 d e  Sultan  Soliman  li.  élevcrent  en  
 une  nuit  l'an  i^ii.  par  le  moien  
 d e  laquelle  cet  Empereur  avec  mill 
 e  galeres  qui  lui  fervoient  comme  
 d e  Pont,  &  qu'il  avoic  fait  venir  
 pour  cet  effet  de  l'Orient  de  Nat 
 o l i e ,  fe  rendit  niaitre  delà  ville,  
 parce  qu'étant  plus  élevé  ,  il  la  
 commandoit  &  la  pouvoir  battre  
 aifémcnt.  Tout  auprès  de  cette  
 montagne  on  en  voit  une  autre  qui  
 f u t  elevée  de  la  même  maniéré;  elles  
 furent  faites  toutes  deux  dans  l'efpace  
 d e vingt quat r e  heures.  On  eftime  
 que  cette  derniere  n'eft  éloignée  
 d e  la  ville que de  quatre  ving  braffes.  
 H o r s  de  la  ville  ,  dans  la  plain 
 e  les  Turcs  s'excercent  à  la  lutte,  
 c e  que  j'ai  vu  une  fois  ou  deux,  
 il  y  a  une  lice  qui  eft  deftinée  à  
 cela.  Cette  lutte  ne  confifte  qu'a  
 s'entre-jetter  fur  le  dos  ou  par  deffus. 
   Les  Lutteurs  font  tout  nuds  
 excepté  qu'ils  ont  un  caleçon  fort  
 court.  Cela  fe  fait  deux  fois  la  
 femaine,  le  Mardi  &  le  Vendredi,  
 &  comme  il  eft  permis  à  qui  veut  
 d e  s'y  trouver,  on  y  voit  quelque  
 fois  quarante  ou  cinquante  lutteurs  
 e n  même  temps.  Celui  qui  demeur 
 e  le  vainqueur  va  à  la  ronde  fe  
 îrefenter  à  tous  les  fpeflrateurs  qui  
 ui  donnent  chacun  lêlon  fa  libéralité  
 ,  quelques  Afpres,  dont  les  
 trois  font  environ  un  fou.  Celui  
 qui  a  l'infpeftion  &  qui  eft  l'arbitre  
 de  cet  exercice,  eftuneperfonn 
 e  qui  n'y  a  jamais  été  vaincue  &  
 qui  paife  auffi  pour  le  Maitre  &  le  
 Chef  de  tous  les  autres.  Comme  
 c'etoit  ma  coutume  de  deffiner  fur  
 le  papier  tous  les  lieux  que  je  jugeois  
 qui  en  valoient  la  peine  quand  j'en  
 avois  l'occaCon,  j'avois  deffiné  celui  
 ci  à  mon  arrivé,  &  cela  de  deux  
 vues  différentes,  le  plusfecretement  
 pourtant  qu'il  m'avoit  été  poffible,  
 parce  que  comme  la  ville d e  Rhodes  
 eft  une  des  principales  places  fortes  
 des  Turcs  ,  ma  curioiîté  m'aurait  
 coiité  la  vie  fi  j'avois  été  pris  fur  le  
 f a i t :  Les  Turcss'imaginanttoujours  
 que  lors  que  les  Chrêtiensprennent  
 le  plan  de  quelqu'une  de  leurs  places, 
   ils  n'ont  point  d'autre  deflein  
 que  de  s'en  fervir  à  leur  prejudice.  
 Le  premier  craion  que  j'en  fis n e  fut  
 que  fur  de  petits  morceaux  de  papier  
 ,  que  je  ralfcmblai  dans  la  fuit 
 e ,  &  que  je  mis  en  ordre  quand  je  
 fus  fur  le  vaiffeau.  On  voit  cette  
 sremiere  peinture  N°.  63. Cet t e  bele  
 Tour  dont  j'ai  parlé  eft  marquée  
 à  la  lettre  A.  Le  Château  qui  eft  à  
 la  pointe  avec  les mo u l i n s ,  le  font  au  
 B.  &  la  Porte  de  la  ville  au  C,  Le  
 fécond  craion  qu'on  voit  N°.  66.  fut  
 pris  à  moitié  chemin  entre  la  porte  
 de  la  ville &  les moul ins  que  nous  
 venons  de  dire  ,  j'etois  à  côté  du  
 p o r t  derriere  la  muraille.  Dans  cett 
 e  figure  on  voit  a  la  lettre  K.  k  
 porte  de  la  ville  par  où  l'on  va  au  
 Port  des  Galeres.  La  Tour  à  la  
 lettre  L.  &  le  chateau  S.  Ange  ou  
 le  Diamant  qu'on  appelloit  cy  devant  
 S.  Hermus ,  à  la  lettre  M.  Le  
 P o r t  eft  comme  un  baflin s  pour  en  
 donner  une  idée  plus  dift infte,  j'en  
 ai  reprefenté  ici  toute  la  vue,  à  le  
 regarder  comme  de  dehors,  &  j'ai  
 marqué  l'endroit  où  étoit  le  Coloflè  
 ou  la  ftatuë  du  Soleil  ,  dont  l'un  
 des  pieds  étoit  ou  eft  la  lettre  O.  &  
 l'autre  à  la  lettre  P.  
 Apres  avoir  parlé  jufqu'ici  de  la  
 ville  &  de  l'Ifle  de  Rhodes,  je  reprendrai  
 ici  la  fuite  du  rccit  demon  
 voyage;  Le  3.  &  le 4.  de Mars  nous  
 eûmes  un  vent  fort r u d e ,  &lamerfi  
 emeuë  que  les  vagues  venoient  par  
 deiTus  le  Chateau  jufqu'au  lieu  oil  
 font  les  moulins,  c'eft  à  dire  fur  le  
 rempart.  Le  7.  le  vent  recommença  
 à  fe  renforcer  tellement  de  l'Eft  
 au  Sud  ,  que  perfonne  ne  pouvoit  
 ni  fortir  du  Vaiffeau  ni  y  aborder,  
 ce  vent  étoit  accompagné  de  fort  
 grande  coups  de  tonnerre  ,  &  d'éclairs  
 continuels.  Nous  étions  bien  
 pourvus  de  cinq  ancres  du  côté de  la  
 Mer,  &  de plufieurs autres  cables  qui  
 étoient  attachez  à  terre,  dont  quelues  
 uns  étoieiit  .entortillez  autour  
 u  Cabeftan  ,  aiant  le  derriere  de  
 Mauraii  
 temps.