tableau, il resterait encore* i» parler de quelques
actes importants »!(' I existence de l’homme en société;
mais, outre l'inconvénient de charger ce
tableau, cc taisant, nous rencontrerions celui
<1 oter à la relation une partie de son intérêt. Car,
dans le cours de notre longue exploration, il
n est aucun de ces actes dont nous n’ayons pu
être directement témoins, heureux même quand
les circonstances nous ont favorisés au point de
nous y taire jouer un rôle agréable. Nous allons
donc {visser la dernière partie de cette introduction
. ou nous devons tirer quelques déductions
historiques et politiques des premières.
Dans cette première partie, nous venons de
décrire rapidement et comme il convenait à notre
b u t. les éléments constitutifs de la société abyssine
: dans la seconde, il nous faut, ramenant ces
divers éléments au point de vue synthétique, examiner
leur existence simultanée, afin d’expliquer,
s il est possible, la loi des faits historiques principaux.
Cet examen doit être circonscrit et se baser sür
im tenue de comparaison. H n ’en peut être de
meilleur que la situation du moment : n’est-ce
pas le présent qui donne à toutes les époques du
passé leur valeur effective ? Ceci est vrai surtout
pour 1 Abyssinie, qui se trouve dans une de ces
phases critiques de la vie des nations, qu’on peut
IM'JlOMfGTfON. lu t
appeler époques de transition; car c’est pour elle
une question de savoir s i, reprenant un nouvel
essor, elle » engagera dans la voie d’un progrès,
dès lors indéfini, ou si elle conduira jusqu'à une
chute irréparable la décadence qui a marché si
hâtivement pendant ce dernier siècle.
Résumons, en peu de mots, la carrière historique
de F Abyssinie, pour ainsi parler.
C était naguère un vaste empire qui s’étendit
jusqu’en Arabie. Plusieurs historiens, Hérodote
en tête, parlent d’un roi d’Éthiopie, Sebacos, qui
conquit l’Égypte, et la garda cinquante ans. Sans
vouloir le moins du monde aborder la question
des origines, rien ne nous répugne à donner à
ces deux peuples un même berceau ; car s il est
une présomption justifiable sur la manière dont
les races humaines se répartissent dans lès continents,
c est celle qui fait converger vers les zones
temperees les peuplades des zones glacées et torrides.
Dans cette hypothèse, l’Égypte, comme elle
est placée, serait due, en quelque sorte, à la rencontre
du midi avec le nord ; issue ainsi du mélange
d’une race aborigène et des émigrations qu'appelaient
le Nil et sa position côtière, elle doit sentir
incessamment peser sur elle ces hordes gai las. les
possesseurs nés du sol, et qui paraissent définitivement
avoir mêlé leur sang à toutes les populations
du littoral. L’Abyssinie était donc une pre