a donné doublement raison à ceux qui ont réparé le
mal contre ceux qui n’avaient pas su le prévenir.
Pour ne pas rester plus longtemps dans ces considéqui
nous conduisit dans sa voiture, dans un palais différent de celui de
la première fois : il nous fallut trois heures pour y arriver. A la troisième
salle, nous vîmes le Roi debout, et nous le saluâmes. Il nous adressa la
parole, et nous dit qu’il désirait la prospérité d’Oubié, et qu’il nous
souhaitait aussi un heureux retour dans notre patrie. Il donna un sabre
et un fusil pour Oubié, et un sabre à chacun des deux ambassadeurs.
Rien n’avait été préparé pour moi et Adgo; mais il ordonna de nous
faire donner un fusil à chacun. Puis il s’en retourna à Paris en donnant
l’ordre à un officier de nous montrer le palais. L’or y était répandu avec
profusion ; le plancher était aussi brillant qu’un miroir. On voyait aussi
des tableaux peints sur des toiles tissées, et les êtres qu’ils représentaient
semblaient avoir vie. .......................................................... .....
Partout la pierre est travaillée dans ce pays de telle manière, qu’on
la dirait fondue comme l’argent et mise dans un moule...........................
..................... Nous avons vu toutes ces choses : pendant cinq mois, nos
yeux ont été heureusement rassasiés; chaque jour, c’était une merveille
nouvelle. Que Dieu soit béni !
Adieu des Abyssins à la France.
I.
Avant de retourner dans notre patrie, nous avons voulu vous dire
adieu, à vous surtout, amis de Théophile, qui nous avez accueillis le
sourire sur les lèvres et la franche hospitalité dans le coeur; nous avons
voulu vous exprimer tout ce que notre âme a senti.
II.
Nous avons vu à quel point vous aimiez votre pays ; et c’est un devoir
de notre reconnaissance de vous dire combien nous l’avons admiré.
De tout nous avons pris note, et nous saurons raconter en Éthiopie vos
travaux qui semblent les oeuvres de la divinité.
III.
Nous parlerons de vos vaisseaux, de vos voitures qui vont au moyen
rations de politique générale, qui sont incidentes à
mon sujet, je dirai brièvement que dans les notes que
j ’envoyai aux ministères, je faisais valoir, outre les
du feu ; de vos forges, de vos fabriques d’armes, de vos églises et de
vos tableaux.
IV.
Mais nous n’oublierons pas vos jeunes filles à la mince ceinture et aux
mains délicates ; leurs yeux resteront toujours devant nous ainsi qu’une
lumière, et leur voix nous suivra comme une musique céleste.
V.
Adieu, enfants de la France! vous avez reçu tous les biens en partage.
Votre vin est vif comme votre caractère, et votre pain délicat
s’accompagne de mets variés. Votre sol est faible ; mais vous savez le
rendre productif. Votre climat n’est pas toujours clément comme celui
d’Éthiopie; mais, chez vous, le pauvre et le voyageur trouvent toujours
un abri.
VI.
Pendant notre séjour chez vous, nos coeurs se sont fortifiés, et ne
voudront plus de cette paresse en honneur chez les grands de notre
pays, excepté chez notre roi; car celui-ci veut le travail, et nous a
envoyés vers vous pour voir votre industrie.
VII.
Mais nous avons surtout admiré vos soldats dont le nom est si grand
et si terrible à l’oreille de vos ennemis. Ils travaillent aussi, eux, comme
le simple ouvrier, et leur bouche est discrète et silencieuse. Nous aurions
voulu connaître mieux votre Roi, qui nous a reçus une fois avec bonté ;
mais il a bien du travail pour diriger un aussi grand peuple et tant d’ouvriers
habiles et laborieux. Sans nous être réjouis à la lumière de son
visage, nous avons compris qu’il doit être bien supérieur par son génie
et par son coeur, puisque vous l’avez choisi pour vous gouverner.
VIII.
Ne nous oubliez pas, et si quelques-uns de vos compatriotes viennent
chez nous, ne craignez pas pour eux, car nous leur aplanirons le chemin,
et ils trouveront partout des coeurs ouverts.