
les livres des apôtres ; comme tous les autres juifs, ils
ont des jours consacrés au repos, le vendredi et le samedi,
qu’ils passent dans la retraite et l’inaction les
plus absolues, sans pouvoir même apprêter leurs aliments
de leurs propres mains.
Voici quelques coutumes assez remarquables auxquelles
leurs préjugés religieux ont donné naissance :
Lorsqu’un père destine son fils à la prêtrise, il a
soin d’atrophier ses parties sexuelles dès l’âge le plus
tendre.
Pendant l’époque de leurs menstrues, les femmes ne
communiquent avec personne, et se retirent toutes
seules dans une habitation où elles ont fait porter des
vivres.
Un Felacha doit trancher lui-même la tête des animaux
qu’il veut manger, et les laver entièrement après
les avoir écorchés.
Enfin, un Felacha qui goûterait la viande que lui
offrirait un chrétien serait regardé par ses frères en
quelque sorte comme un renégat.
La langue des Felachas diffère de celle des Ama-
réens, et ils ont une écriture qui leur est propre. Le
type de leur physionomie n’est pas moins tranché : ils
ont le teint d’un brun olivâtre assez foncé, le front
saillant, le nez courbé, les lèvres moins épaisses que
celles des Amaréens : l’ovale de la tête est rétréci à la
partie inférieure. Ces traits forment un ensemble assez
peu agréable, quoique régulier. Ils sont faibles de
corps et peu courageux ; mais ce sont les hommes les
plus industrieux de l’Abyssinie. Ils fabriquent les socs
de charrue, les cognées, les haches, les couteaux, les
fers de lance et Jes sabres ; eux' seuls font preuve
d’habileté dans la construction des maisons, et on
remarquerait même en Europe l’art avec lequel ils font
la couverture des églises. Ces toits, de forme conique,
sont composés d’un treillis de bambous recouvert d un
chaume parfaitement disposé, qui dure généralement
un an, et qui est impénétrable à la pluie, A l’intérieur
ce comble ne manque pas d’une certaine élégance,
surtout lorsque les bambous sont peints comme cela
se pratique dans les églises riches- Pour éviter tout
contact étranger, les Felachas confectionnent eux-
mêmes leurs vêtements et leurs instruments de travail.
Leur industrie suffit pour les enrichir, et elle leur vaut
aussi la protection des princes. Aussi en voit-on très-
peu se livrer à 1’¡agriculture : quand ils ont des terres,
ils en abandonnent le soin à des domestiques chrétiens.
Ils dédaignent également le commerce, ce qui établit
une distinction notable entre ces juifs et leurs coreligionnaires
de toutes les contrées,
Après les Felachas, les limants sont, parmi les
étrangers que l’on rencontre à Gondar, ceux qui présentent
le plus d’originalité dans leurs moeurs et dans le
type de leur physionomie* ils parlent aussi une autre
langue que les Amaréens, Ils prétendent suivre la religion
du coeur, c1 est-à-dire n’agir que d’après les
inspirations de leur conscience. Ils ne prient pas en
commun, et n’ont aucun livre religieux * leurs prêtres
ne reçoivent d’instruction que ce que la tradition leur
apporte. Us n’observent aucun je u n e , tandis que le