12.
voir combien ces îles situées sous le tropique du capricorne
se ressentent déjà des temps orageux et
des vents impétueux de la zone tempérée australe
*.
C’était aujourd’hui dimanche, le jour que j’avais
désigné pour aller assister, avec les états-majors et les
équipages des deux corvettes, à une messe célébrée
par M. l’évêque. J’avais engagé tous ces Messieurs à
m'accompagner à cette cérémonie, en leur faisant
observer que ce n’était point un ordre de ma part,
mais seulement une invitation. Tous, au reste, s’y
rendirent, et même deux ou trois personnes qui
appartenaient au culte protestant.
Les préparatifs avaient été faits en conséquence et
bien que le mauvais temps continuât, je crus devoir
tenir ma parole à MM. les missionnaires, sachant tout
l’intérêt qu’ils attachaient à cette démonstration. A
neuf heures et demie, je m’embarquai dans le grand
canot accompagné de tous les officiers en grand uniforme
comme moi, et de 40 hommes de l’équipage,
dont 20 armés de mousquets suivirent dans la chaloupe.
La même nanoeuvre eut lieu sur la Zélée. Puis
cette petite escadrille avec ses pavillons au vent, Se
dirigea sur Manga-Reva. Les deux corvettes avaient
été elles-mêmes pavoisées du haut en bas. ;
Sur les dix heures les embarcations abordèrent à
Riki-Tea, et le brave Mapou-teoa vint nous y recevoir.
Pour nous saluer, il fit tirer plusieurs coups de
fusil et amena son pavillon à diverses reprises. MM.
les missionnaires vinrent m’annoncer que je serais
obligé d’attendre encore une heure environ l’arrivée
de M. de Nilopolis, attendu que par suite d’un malentendu
aucun prêtre n’était resté à Ao-Kena pour
dire la messe à son troupeau et qu’il s’était vu obligé
d’y retourner pour s’acquitter lui-même de cette
cérémonie.
Rien qu’un peu contrarié de ce retard, je pris mon
parti, et me mis à me promener paisiblement avec
M. Jacquinot sur le Malaï-Royal; tandis que les
naturels avec une admiration mêlée de quelque
crainte, considéraient tous nos brillants uniformes
et les fusils étincelants du détachement armé. Jamais
ils n’avaient eu que le spectacle de la petite troupe
de Reechey; plusieurs encore en gardaient le souvenir
ainsi que des effets terribles de leurs armes.
Aussi cette vue ne pouvait-elle manquer de leur inspirer
une certaine terreur.
Enfin l’évêque arriva; après les salutations ordinaires,
nous nous dirigeâmes tous avec la troupe vers
l’autel où la messe allait être célébrée. Il avait été
élevé en plein air devant la chapelle, et décoré par p i. x l iv .
les pavillons des deux corvettes qui formaient une
espèce de tente de diverses couleurs, sous une voûte
de Pandanus. Grâces à cet abri, on put défier les
grains de pluie qui continuaient à se succéder de
temps en temps.
Les officiers des deux corvettes se placèrent au
premier rang sur la droite, e( le roi et ses oncles sur