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mérique. C'est qu’ils espèrent, comme les Piznrro, les Almngro,
rencontrer d’immenses trésors, que, sans peine et sans souci, le
cuivre se changera en or; enfin c’est le pays qu’ils s'imaginent devoir
être pour eux ce fameux Eldorado, si vainement cherché par
les Espagnols, et, plus tard, par quelques aventuriers français.
Us s’embarquent alors comme domestiques à bord des bâtiments
destinés à ces stations lointaines et désertent quand ces navires
quittent le pays. Les voilà alors contents ; ils ne sont plus sous la
discipline du bord, ils sont libres et dans le pays objet, de leurs
voeux. Cependant leurs faibles économies s’épuisent ; alors il faut
vivre, et leurs brillantes illusions les abandonnent. Pour ne pas
mourir de faim, ils sont obligés de. se plonger dans la fange, ils
élèvent presque tous de méchants cabarets peuplés de prostituées
et deviennent le rebut de la société. Quelques-uns, plus heureux
et plus fins, emploient, dès leur arrivée, tous les moyens possibles
de réussir, et, après avoir volé beaucoup et s’être traînés dans
la boue, ils finissent par se faire-une petite fortune. Ils veulent
alors trancher du grand et redevenir honnêtes en apparence ;
mais, malgré leur argent, ils sentent toujours l’ordure dont ils
sont sortis, et,malgré leur impudence, restent toujours des objets
de mépris pour leurs compatriotes des navires de guerre, devant
lesquels ils font des bassesses pour se faire pardonner leur ignominie
et leur argent gagné si peu honorablement.
{M. Duroch.y
Note 6, page 11.
De misérables étrangers de toutes nations viennent y faire fortune
et exploiter la bonne foi des habitants. Matelots ou domestiques
pour la plupart, déserteurs des. bâtiments qui fréquentent
ces côtes, ils continuent leur métier servile ou se font cabaretiers.
Avec un peu d’ordre, ils font promptement fortune, deviennent
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négociants, puis fournisseurs, et quelquefois même ils réussissent
à se faire nommer agent» consulaires.
Eh bien! dans ce pays misérable, ces gueux obtiennent quelquefois
du crédit et de la considération, et parviennentà des postes
importants : ils deviennent même quelquefois députés.
Un des principaux négociants de Tàlcahuano était un Français
ancien garçon de calé, pris à Buenos-Ayres comme domestique,
et amené au Chili à la suite d’un Espagnol. Cet homme,
après avoir pillé et trompé son maître et ceux qui avaient eu quelque
confiance en lu i , s’était enrichi et était devenu fournisseur
des bâtiments de guerre et des baleiniers français qui relâchaient
dans ce port. En pillant les uns et les autres, sa fortune s’accrut
chaque jour. 11 posséda la confiance des habitants pendant quelque
temps, il fut commandant de la ville et député ensuite à l’assemblée
nationale.il paraît que le président de la république,qui
avait été son maître, l’en fit chasser. Après avoir prêté de l’argent
à un capitaine finançais pour faire réparer son bâtiment, il refusa
tous les effets qu’on voulait lui donner sur Valparaiso, fit vendre
le bâtiment et en devint l’acquéreur pour une somme très-
minime.
(Ai. Gourdm.')
Note 7, page i3.
Le lendemain de grand matin , nous nous occupâmes à faire
transportev.nos malades à terre. Cette opération fut longue et pénible
: il fallut employer toutes les précautions possibles pour les
enlever de l’entrepont un par un sur un cadre, et les déposer
ensuite dans la chaloupe. L’on ne pouvait s’empêcher d’éprouver
un sentiment tout de peine, tout de douleur, à la vue de ces malheureux
qui, cinq semaines auparavant, étaient frais et dispos,
et qui aujourd’hui apparaissaient au jour comme autant de spectres
sortant du tombeau. Quelques-uns étaient tellement changés