aperçu des travaux que nous venions d’exécuter; je
résolus aussi d’écrire à MM. de Villeneuve et Cazotte,
le premier, commandant de la station française sur la
côte occidentale de l’Amérique, et l’autre, consul général
par intérim à Valparaiso. En leur faisant part de
l’état dans lequel se trouvaient nos deux corvettes et
de l’affaiblissement de nos équipages, je me flattais
presque de l’espoir que l’un des commandants des navires
français, touché de notre position, pourrait accourir
à Talcahuano dans le désir de nous être utile.
En effet, les frégates ou corvettes affectées à ce genre
de service ont toujours deux ou trois cents hommes le
plus souvent désoeuvrés, et en remettant à chacune
de nos deux corvettes une cinquantaine d’hommes,
durant dix ou douze jours, nous aurions pu promptement
et sans peine compléter les réparations et les
travaux d’approvisionnement qui allaient devenir si
longs et si pénibles pour nos équipages maltraités et
affaiblis par la maladie.
Comme j’étais entrain d’écrire mes lettres, je reçus
la visite de M. Bardel et lui annonçai que je pressais
M. Cazotte de me faire passer immédiatement des
feuilles de cuivre à Talcahuano. Il s’empressa de me
dire qu’en ce moment il n’y en avait pas même à Valparaiso.
Si je ne voulais pas m’exposer à de longs retards,
il me conseillait de m’adresser au commandant
de la frégate anglaise. Saisissant sans tarder cette ouverture,
j’envoyai sur-le-champ de vice-consul prier,
de ma part, M. Scott de me faire l’avance de tout le
cuivre dont il pourrait disposer en faveur de nos navires.
Je lui en demandais cent cinquante feuilles, oui *838. 1 l m• serai• e. nt. resti■ tuéfe s par notre consul ou par le co^m Avril
mandant de notre escadre à Valparaiso. M. Scott accueillit
cette demande avec toute l’obligeance possible
; il assura qu’il était tout disposé à me livrer à
1 instant la quantité de cuivre en question, et qu’il
n’attendait pour cela que l’autorisation de son amiral
, qui, pour le moment, se trouvait à terre en
promenade avec sa famille.
Le contre—amiral Ross étant rentré dans la soirée,
donna son agrément, mais réduisit le prêt à 70 feuilles.
Cette quantité réunie à celle qui formait notre approvisionnement
allait suffire tout juste a nos besoins
du moment, mais il ne nous en resterait plus en réserve
comme je l’aurais désiré. Toutefois, je sus beaucoup
de gré de cette politesse à M. Ross, et encore
plus au brave M. Scott, qui avait montré toute la
bonne volonté possible. De mon côté, je priai instamment
M. Cazotte d’acquitter au plus vite la dette que
j’avais contractée.
A ma prière, M. Bardel voulut bien partager
mon modeste dîner. Il m’apprit qu’il avait fait un
voyage chez les Araucanos, dans le but principal de
conclure une espèce de traité avec eux ; et il réussit
dans sa négociation*. Les principaux chefs réunis
s’engagèrent à renvoyer désormais sains et saufs les
Français naufragés qui pourraient tomber entre leurs
mains, et cela moyennant une récompense honnête