1838. Un nouveau baleinier français vient encore mouiller 14 Avril. sur la rade ; c’est le troi.s-mâts barque Y Océan , de
Nantes, jaugeant350tonneaux, capitaine Coste, natif
de Saint-Pierre-Miquelon.
Ce capitaine me rend sa visite et m’apprend que,
parti de France en juillet dernier, il a déjà rempli
1300 barils d’huile. Il ne touchait à Çoncepcion
que pour déposer son second qui s’était cassé une
cuisse par suite de la chute d’un fragment de graisse
de baleine, tandis qu’on le hissait à bord. Coste venait
en ce moment de la baie Santa-Barbara, sur l’île
Wellington, mauvais mouillage d’un accès difficile.
Cependant le capitaine Hataway, du navire Fanny,
dont nous avions trouvé une note à Port-Famine, s’y
était trouvé assez bien.
Hataway, nous a dit M. Coste, est un Américain
non naturalisé qui jouit, parmi les baleiniers, de la
réputation d’un homme habile, entreprenant et fort
expérimenté : c’est la raison pour laquelle il a continué
d’être employé par ses armateurs, bien que sa qualité
d’étranger leur fasse perdre une bonne partie
de la prime.
Coste, dans un voyage précédent, avait complété
sa cargaison entière en dix mois. Dans l’année 1831,
il avait perdu son navire sur l’une des Salvages, dans
l’archipel des Malouines. Il s’y trouvait au moment
même où la corvette américaine venait saccager rétablissement
de Vernet, en représailles des actes de
piraterie commis par ce dernier sur des citoyens des
États-Unis.
Coste, ainsi que les capitaines Bogery et Foulon, 183?
du Rubens et du Grétry, qui arrivèrent un moment
après lui, se louaient de leurs équipages, et ceux-ci J
à leur tour, ne disaient point de mal de leurs capitaines.
Il n’en était pas de même des matelots de la
Ville-de-Bordeaux, superbe navire baleinier mouillé
sur l’île de Quiriquina. Il n’était bruit que des coups
de poing, de corde et de bâton, distribués par le capitaine
Largeteau à ses subordonnés. Ce Largeteau, que
je ne vis point, passait pour une espèce de fier-à-bras
dans son métier. Cependant, j’avais peine à concevoir
qu’un capitaine qui avait déjà perdu deux ou trois
navires pût encore inspirer assez de confiance à des
armateurs pour remettre entre ses mains un aussi
beau bâtiment; caria Ville-de-Bordeaux était, disait-
on, le plus beau des baleiniers français à la mer.
Tout l’équipage a eu la permission de laver son 15.
linge. Cette opération terminée, il a été de nouveau
occupé à transférer tous les poids de bâbord à tribord,
pour donner une forte bande kYAstrolabe.
Dans la matinée suivante, tout était prêt pour ce
travail ; mais, en considération de la grande solennité
de Pâques, l’opération a été remise au jour suivant,
et les matelots ont eu la permission de se promener à
terre.
Le capitaine Jacquinot m’a annoncé que la pièce
de bois du milieu du safran de son gouvernail était
complètement pourrie. C’était la raison pour laquelle
la tête de leur gouvernail offrait beaucoup de
jeu dans les derniers temps de leur navigation. Il est