tous malades. MM. Demas et Dumoulin, à notre bord, éprouvaient
déjà les atteintes du mal. Leurs jambes enflées et les bouffissures
des traits ne leur donnaient que peu de jours àvant
d’être alités. Tous les autres officiers, le commandant lui-même,
éprouvaient un malaise continuel, précurseur d’un état plus
grave. A bord de la Zélée il en était ainsi et même pis. Plus
gravement atteint que nous en arrivant au mouillage, l’équipage
valide se composait de quatre ou cinq hommes par bordée. Les
officiers souvent exécutaient la manoeuvre que l’affaiblissement
des hommes ne permettait pas de faire. Ce qui me paraît certain
maintenant, c’est qu’un hivernage dans les glaces eût été
notre perte à tous. Personne n’eût échappé au scorbut.
(M . Desgraz.)
Note 3 , page 8.
Quoi qu’il en soit, les Anglais ayant su qui nous étions, vinrent
nous faire une nouvelle visite toute de politesse, suivie d’une invitation
à dîner pour les états-majors des deux corvettes. 11 nous
était bien pénible d’avouer à nos orgueilleux rivaux que notre
tentative pour atteindre le pôle austral avait été infructueuse , et
que nous n’avions pu franchir le 64e parallèle ; mais le délabrement
de nos corvettes, nos malades entassés dans la chaloupe
pour aller à terre, la fatigue et la souffrance empreintes sur les
visages du reste des officiers et des matelots témoignaient assez
de nos efforts pour atteindre au pôle et des obstacles que nous
avions eus à combattre. Après avoir suivi sur la carte la
route des corvettes dans les glaces, leur navigation le long de
la barrière solide dans une étendue de deux cents lieues, leur
blocus au milieu des glaces pendant six jours, la découvèrte de
la nouvelle terre de Joinville, la reconnaissance de la terre
Louis-Philippe à peine aperçue par les baleiniers, après avoir
examiné tous les autres travaux de l’expédition , les Anglais ne
NOTES. 241
regardèrent point cette expédition comme infructueuse, e t i’ae-
cueillirent au contraire avec un enthousiasme bien fait pour nous
dédommager de la défaveur avec laquelle cette partie de la campagne
sera sans doute vue par quelques-uns de nos dignes
compatriotes.
(Al. Roquemaurel.)
Note 4, page 8.
Les officiers anglais, qui frayèrent beaucoup avec nous, nous
parlaient avec enthousiasme de notre voyage, qu’ils appelaient
une glorieuse et honorable expédition.
( M. La Farge.')
Note 5, page 11.
Les capitaines baleiniers etleurs officier^jeltent l’argent à pleines
mains et apportent l’abondance à Talcahuano. Mais si le pays y
a gagné en richesses, il est loin d’y avoir gagné en moralité. Tous
ces étrangers ont fait affluer une foule de filles de joie qui viennent
y vendre leurs caresses à ces joyeux enfants de Neptune. Le nombre
en est si grand, qu’en y ajoutant quelques artisans misérables
et parvenus, trois ou quatre négociants, les employés de l’illustre
république et enfin un tas de Français de la dernière classe, déserteurs
pour la plupart, drôles s’il en fût jamais, exploitant le
petit commerce des vins et des cabarets, vous aurez un aperçu
complet de la population de ce pays. De prime abord, je fus étonné
du nombre de ces gens qui se disaient Français. Tous ces
drôles provenaient de navires de guerre qui avaient stationné au
Brésil ou dans ces parages. Ne sachant que faire dans leur pays,
où le travail et une bonne conduite cjonnent seuls une existence
assurée et assezdouce, ils tournèrent alors leurs regards vers l’A-
I I . 1 6