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on a pris une décision très-risible ; comme moyen de
défense, on s’est décidé à enlever la bouée qui signale
l’écueil de Belern dans la rade, si le Péruvien en tente
l’entrée. Pour moi f je suis sûr que les habitants en
trouveront un plus efficace encore : longtemps à l’avance
, les braves citoyens de Talcahuano auront tous
fui dans leurs montagnes
C’est le parti qu’ils ont déjà pris , il y a quelques
jours, quand on a voulu faire une levée dans leur cité.
M. Dumoulin a vu les recruteurs, composés d’un officier
et de quelques soldats, allant de porte en porte ;
mais ces braves défenseurs de la patrie avaient eu soin
de s’enfuir, et on ne put saisir que deux ou trois pauvres
hères qui avaient eu moins de peur ou le pied
moins léger.
Quoi qu’il en soit, on a fini par savoir que le prétendu
croiseur péruvien n’était qu’un navire d’un naturel
très-pacifique , qui voulait atteindre le mouillage.
La fausse alerte était tout simplement l’oeuvre d’un
mauvais plaisant, qui avait voulu se jouer des vaillants
Chiliens.
Après une longue attente, le vent varie enfin vers
le sud. J’envoie encore M. Demas observer des angles
horaires au fort Galvez, et, après un temps assez long
employé à dégager notre ancre de bâbord, sur laquelle
avait mouillé un navire américain, à neuf
heures et demie, nous commençons à faire route tout
doucement.
Une fois hors de la baie, nous mettons le cap au
N. N. 0. ¿N. avec une jolie brise, filant six ou sept
noeuds. La Zélée nous gagne sensiblement, et nous
rend souvent la misaine. Le Monte-Agudo, appareillé
de Quiriquina une heure avant, nous précède de cinq
ou six milles, et paraît avoir à peu près la même
marche que Y Astrolabe, ce qui n’est pas beaucoup
dire.